Comme tout exportateur le sait, faire des affaires sur les marchés internationaux comporte toujours son lot de risques de différentes ampleurs – que ce soit une crise économique à l’échelle nationale, ou encore un choc pour l’entreprise quand un important contrat étranger tombe à l’eau.

Le niveau de risque est plutôt faible sur des marchés stables comme les États-Unis ou la majeure partie de l’Europe, alors qu’il est souvent élevé dans les économies en développement. Cela dit, même sur un marché assez sûr, il est prudent de surveiller son exposition au risque, ne serait-ce que par souci de saine gestion des affaires. Et avant d’entrer sur un nouveau marché étranger, il est important de toujours examiner attentivement les risques potentiels.

« À l’échelle mondiale, certains risques sont plus communs et potentiellement plus graves que d’autres », explique Andrea Gardella, économiste à EDC. « Selon moi, voici les principaux dangers, classés grosso modo en ordre d’importance. »

1. Risques économiques

Risques économiques

Les causes d’une baisse générale de la demande mondiale des produits d’un exportateur peuvent être nombreuses, et l’ampleur des répercussions dépend du secteur. Dans certains cas, cette baisse est soudaine et largement inattendue. Prenons par exemple la chute de la demande mondiale de pétrole, qui a eu des répercussions sur les producteurs, mais aussi sur les entreprises de services et les fabricants d’équipement qui les épaulaient.

Dans d’autres cas, cette baisse se dessine plus lentement et se prévoit plus facilement. L’exportateur peut ainsi réduire son exposition au risque en trouvant des marchés de rechange ou en modifiant sa gamme de produits. Si le ralentissement est local ou régional, la meilleure stratégie peut être de s’aventurer ailleurs dans le monde.

Comme l’a montré le repli de 2008-2009, l’instabilité des marchés des capitaux peut aussi menacer les activités des exportateurs en rendant l’obtention d’un prêt plus difficile ou plus coûteux. Cette situation peut compromettre leur croissance internationale, voire le maintien de leur position sur les marchés existants. Par ailleurs, l’instabilité financière entraîne une chute de la demande, une augmentation du chômage et une baisse de la confiance des entreprises dans les pays concernés, et la reprise économique, même si elle survient, peut être lente et inégale.

2. Risques contractuels, juridiques et réglementaires

Risques contractuels, juridiques et réglementaires

« Ces risques peuvent être considérables pour les exportateurs canadiens, affirme Mme Gardella. Au chapitre des risques contractuels, imaginez qu’un client étranger décide soudainement d’annuler sa commande tout en refusant de payer les pénalités prévues au contrat. Si le marché ne dispose d’aucun outil juridique puissant pour faire respecter les clauses du contrat, la situation peut vraiment poser problème.»

D’autres types d’incertitudes juridiques, comme l’application inégale de lois complexes, font partie de cette catégorie de risques. Il en va de même pour les changements législatifs inattendus ou arbitraires, notamment la modification des règles sur l’investissement étranger ou sur le transfert et la conversion de devises. Parmi les autres grands risques, notons l’imposition arbitraire d’obstacles au commerce, comme de nouvelles normes uniquement applicables aux biens importés.

3. Risques en matière de responsabilité sociale des entreprises

Risques en matière de responsabilité sociale des entreprises

« Voilà un autre type de risques importants », souligne Kayleigh Grieve, conseillère en environnement à EDC. « Les dommages à votre marque ou à votre réputation en font partie. Les premiers peuvent survenir en raison d’un important rappel de vos produits causé par un défaut de fabrication, et les seconds en raison d’une association – même involontaire – à la corruption. Cette catégorie englobe aussi les risques associés aux préoccupations environnementales et sociales, comme la pollution ou l’adoption de pratiques de travail douteuses. »

4. Concurrence accrue

Concurrence accrue

Ici, on a surtout affaire à un danger classique, soit la pression que les concurrents exercent sur la marge bénéficiaire d’une entreprise, à l’échelle tant locale qu’internationale. Autre exemple : une organisation peut voir son avantage concurrentiel menacé sur un marché à créneaux si une grande entreprise décide de tirer profit de ses économies d’échelle pour l’y affronter.

La perte de propriété intellectuelle constitue également un danger de la concurrence accrue. Ainsi, un concurrent peut rétroconcevoir la technologie exclusive d’une entreprise pour l’imiter à moindre coût ou carrément voler sa propriété intellectuelle. Ce risque plane surtout sur le secteur des technologies de l’information, mais peut menacer n’importe quel exportateur dont la capacité concurrentielle dépend de la valeur inhérente de sa propriété intellectuelle.

5. Incapacité à attirer et à retenir les talents

Incapacité à attirer et à retenir les talents

Vu les pressions relatives au contexte démographique et à la croissance, la demande mondiale surpassera probablement l’offre à court et à long terme en ce qui concerne les talents les plus prometteurs. Pour les exportateurs et, en vérité, l’ensemble du monde des affaires, cette situation rendra le recrutement de personnel qualifié plus difficile et plus dispendieux.

Parmi les dangers connexes se trouve le débauchage de talents par les concurrents, qui entraîne la perte de travailleurs hautement formés et de leur expertise. Par ailleurs, si ces travailleurs connaissent la technologie exclusive de l’exportateur, le risque de perte de propriété intellectuelle augmente. Enfin, le bassin de talents local est parfois restreint; les entreprises doivent alors aller chercher leur personnel à l’étranger, ce qui augmente le nombre d’heures et de dollars consacrés au recrutement.

6. Incapacité à innover et à accroître la productivité

Incapacité à innover et à accroître la productivité

La forme la plus évidente de ce risque est l’incapacité à adapter ses produits aux changements du marché ou à créer de nouveaux produits pour remplacer ceux qui sont démodés. Ce risque surgit parfois de façon assez brutale, notamment lorsqu’une entreprise lance une technologie radicalement novatrice qui rend celles de ses concurrents désuètes pratiquement du jour au lendemain. Toutefois, la plupart du temps, ce risque augmente graduellement si une entreprise néglige de surveiller le marché, de s’adapter aux besoins changeants des clients et de concevoir de nouveaux produits ou services.

Une forme moins évidente de ce risque, d’après Mme Gardella, « est le manque d’innovation par rapport aux processus et aux systèmes administratifs. Pourtant, ceux-ci influencent directement la productivité. Vous devez donc chercher sans cesse à améliorer votre façon de faire. Innover, c’est plus que simplement créer de nouveaux biens et services : c’est aussi chercher à faire des gains d’efficacité et à implanter de nouvelles technologies qui accroîtront la productivité. » Cette approche est aussi valable pour la productivité à l’échelle du pays, laquelle dépend de la logistique, du transport, de la connectivité et des coûts associés au commerce sur le marché. Voilà tous des éléments qui peuvent influencer directement les résultats financiers de l’entreprise et son potentiel de croissance sur un marché.

7. Interruption des activités

Interruption des activités

Cette catégorie regroupe les événements pouvant entraîner une interruption des activités, comme un accident industriel, une panne informatique (possiblement due à une attaque d’un pirate ou d’un maliciel), une panne électrique majeure ou une menace de sabotage. Les entreprises qui n’ont pas de plan d’urgence pour affronter de telles situations s’exposent à un risque considérablement plus élevé que celles qui sont bien préparées.

8. Responsabilité envers les tiers

Responsabilité envers les tiers

La responsabilité envers les tiers concerne les blessures, les pertes ou les dommages causés à un tiers en raison d’une action, d’une inaction ou d’une négligence de l’entreprise. Selon le marché, ce risque peut aller de très faible à très élevé. Par exemple, aux États-Unis, où les poursuites sont monnaie courante, la responsabilité envers les tiers peut s’avérer un véritable problème pour les entreprises canadiennes. Le risque s’accentue également ailleurs : dans l’Union européenne, les tiers peuvent de plus en plus facilement intenter un recours collectif contre les sociétés et leurs dirigeants.

9. Agitation civile et violence politique

Agitation civile et violence politique

Il s’agit d’événements pouvant déstabiliser le marché local (agitation civile, manifestations, guerre, révolution, violence politique). Ceux-ci peuvent empêcher les clients de recevoir les biens de l’entreprise, de remplir leurs obligations contractuelles envers celle-ci ou de la payer. L’entreprise peut également perdre son équipement et ses stocks. Si elle possède une société affiliée sur le marché, elle pourrait assister à sa destruction ou devoir l’abandonner en raison des perturbations.

10. Perte de biens liée à une catastrophe de grande ampleur

Perte de biens liée à une catastrophe de grande ampleur

Cette catégorie concerne les dommages occasionnés aux principales installations d’une entreprise par suite d’un risque externe, comme une catastrophe naturelle majeure. Par exemple, les inondations causées par un ouragan font partie de cette catégorie, puisqu’elles peuvent entraîner la perte de la production de l’entreprise ou des problèmes de logistique. Ce risque est aggravé par l’absence d’un plan d’urgence efficace.

Comment EDC évalue-t-elle les risques?

EDC utilise un éventail d’indicateurs pour évaluer le risque global associé à un marché donné. Ces indicateurs sont regroupés en deux grandes catégories, soit celle des risques à court terme et celle des risques à moyen et à long terme :

Risques commerciaux à court terme

Cote de risque : Taux de défaut moyen par les emprunteurs commerciaux du pays quant à des engagements de crédit dont l’échéance n’excède pas un an.

Antécédents de paiements : Expérience positive, neutre ou négative déterminée selon le nombre de demandes d’indemnisation (et leur montant) présentées dans une année par les clients d’EDC relativement à un pays, et la croissance du volume d’activités de la Société dans ce pays.

Risques commerciaux à moyen et à long terme

Limite commerciale du pays : Meilleure notation pouvant être attribuée aux clients locaux des entreprises clientes d’EDC. Cette limite varie en fonction de la probabilité de défaut de paiement souverain de même que de la présence de risques politiques comme l’expropriation.

Expropriation : Probabilité d’une ingérence de l’État pouvant mener à une perte des droits de propriété de l’exportateur.

Transfert et conversion : Probabilité d’une imposition de restrictions gouvernementales concernant le transfert et la conversion de devises pouvant empêcher les exportateurs ou leurs sociétés affiliées de rapatrier leurs profits au Canada.

Violence politique : Probabilité de violence politique (insurrection, terrorisme, perturbation civile) pouvant influencer considérablement le contexte commercial du pays.

Défaut de paiement souverain : Probabilité de non-respect des obligations financières par un gouvernement souverain.