Dans un contexte de reprise après la pandémie, les États-Unis « n’ont jamais été la source d’autant de débouchés » pour les exportateurs canadiens, selon Bruce Heyman, ancien ambassadeur des États-Unis au Canada.

« Les États-Unis n’ont pas de meilleur ami, de relations plus solides, ni de plus important allié et partenaire commercial que le Canada, et les occasions sont énormes, » souligne l’ancien ambassadeur, qui d’ailleurs était panéliste au récent webinaire d’Exportation et développement Canada (EDC), 100 jours de Joe Biden : prévisions pour le commerce canadien, sur la façon dont la nouvelle administration américaine façonnera nos exportations chez nos voisins du Sud.

Bruce Heyman, ancien ambassadeur des États-Unis au Canada

« Je crois personnellement que depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, nous n’avons jamais vu autant de possibilités pour les Canadiens qui envisagent de faire des affaires aux États-Unis », ajoute-t-il en mentionnant l’essor des technologies vertes, des infrastructures d’eau et d’énergie et des véhicules électriques. « Nous sommes votre plus grand importateur, et puisque nous sommes aussi votre plus grand fournisseur dans les secteurs du tourisme et des dépenses de consommation, ça augure bien pour le Canada dans les prochaines années. » 

Des échanges commerciaux solides

Bruce Heyman, ambassadeur des États-Unis au Canada de 2014 à 2017 sous l’administration Obama, déborde d’optimisme quant au renforcement des liens commerciaux entre nos deux pays, surtout maintenant, alors que les deux pays se remettent des dommages économiques causés par la pandémie.

Considérée comme « l’une des plus grandes relations de commerce bilatéral au monde, » le partenariat canado-américain est solidement ancré. En juillet 2020, ces liens se sont encore plus renforcés avec l’entrée en vigueur de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), éliminant les droits de douane et autres barrières commerciales entre les trois pays.

Gregory Trippenbach, vice-président régional d’EDC pour les États-Unis, explique que notre lien étroit avec notre voisin du Sud est très avantageux pour nos exportateurs. Dans sa chronique de mai, il nous dit : « Nos économies sont interdépendantes, les échanges bilatéraux de biens et de services s’élevant en moyenne à 1,4 million de dollars par minute, chaque jour. La performance de nos exportations en général est grandement attribuable aux États-Unis : en 2020, nos exportations vers nos voisins du Sud totalisaient 286 milliards de dollars. Lorsqu’elles partent à la conquête des marchés étrangers, plus de 70 % des entreprises canadiennes commencent par les États-Unis. »


En février, le président américain Joe Biden et le premier ministre Justin Trudeau ont tenu leur première réunion sur les échanges commerciaux bilatéraux pour discuter de notre partenariat renouvelé et de la façon d’aborder ensemble des questions clés, notamment les technologies propres, les changements climatiques et la croissance économique soutenue en renforçant les chaînes d’approvisionnement.

« Tout au long de sa carrière, Joe Biden n’a jamais caché qu’il était un environnementaliste; il donne beaucoup de place aux politiques environnementales, » mentionne l’ancien ambassadeur pour expliquer la décision de son président d’annuler le projet de pipeline Keystone XL peu après son entrée à la Maison-Blanche. « Vous verrez son penchant pour l’environnement dans son travail sur le budget, notre sécurité nationale et nos dépenses d’infrastructure. » 

Pour relancer l’économie nationale, le nouveau président s’est fixé comme autre priorité de sevrer les Américains de son plan de relance de 1 900 milliards de dollars et de les ramener sur le marché du travail. Selon de nombreux prévisionnistes, cette voie vers la reprise est pavée d’or. Ils estiment que l’économie américaine connaîtra une croissance de plus de 6 % cette année.

Tout ça est bien beau, mais Bruce Heyman admet qu’il ne sera pas facile pour les entreprises américaines de répondre à la demande. D’où un potentiel El Dorado pour les exportateurs canadiens.

Gros plan sur le pont de Brooklyn avec le drapeau américain

« En tant que nation, nous achetons plus que nous vendons, ce qui ouvre grand la porte à nos fournisseurs de produits et services. Nos efforts pour nous remettre de la pandémie créent des pénuries dans nos chaînes d’approvisionnement. Ce serait au Canada d’en profiter et de répondre à nos besoins. Après tout, c’est une partie importante de notre relation d’approvisionnement. »

Soutenir la croissance des petites et moyennes entreprises est également primordial pour notre reprise économique et encore là, Bruce Heyman y voit une foule de possibilités.

« Pour les petites entreprises, il s’agit d’une excellente période pour l’entrepreneuriat. C’est le temps pour elles de songer à exporter aux États-Unis, sachant que notre économie sera forte dans un avenir très rapproché. De plus, beaucoup de consommateurs ont accumulé dans leurs comptes tout ce qu’ils n’ont pas dépensé pendant la pandémie, et ils seront prêts à délier leur bourse maintenant. »

Aux entreprises canadiennes qui envisagent d’exporter dans son pays, l’ancien ambassadeur conseille de sortir des sentiers battus, de se tourner vers l’avenir et d’agir sans tarder. 

« Comme on dit au hockey, il faut aller où la rondelle sera, et non pas où elle se trouve en ce moment », ajoute l’affable diplomate, aussi coauteur, avec sa femme, Vicki, du grand succès du New York Times, The Act of Diplomacy : Strengthening the Canada-U.S. Relationship in Times of Uncertainty. 

« La rondelle se dirige vers l’innovation, la créativité et l’entrepreneuriat. Il s’agit de prendre des risques et de chercher des moyens nouveaux et différents de créer des produits et des services encore plus efficaces, qui répondent aux besoins des consommateurs – et ces besoins changent à vive allure. »

Un homme recharge sa voiture électrique près d’un champ et d’une éolienne.

Voir plus loin pour réussir

Oubliez le statu quo, prévient l’homme d’affaires de Chicago.

« Nous ne reviendrons pas au stade où nous étions avant la pandémie. Les entreprises doivent évoluer, éviter de tomber dans le piège de continuer comme avant parce qu’elles ont toujours fonctionné comme ça. »

Qu’il s’agisse de technologies agricoles, de projets liés aux changements climatiques ou de l’industrie automobile innovante, Bruce Heyman est d’avis que les débouchés ne demandent qu’à être saisis.

« Nous changeons notre infrastructure énergétique. Il faudra continuer à développer l’éolienne, l’énergie solaire et d’autres sources d’énergie renouvelable, ainsi que les véhicules et leur utilisation pour passer des combustibles fossiles aux véhicules électriques. Cela se passe à un rythme accéléré.

J’invite les gens d’affaires canadiens à envisager de se lancer sur ce marché en pleine expansion et à y expédier des marchandises. C’est l’occasion rêvée! »