Les turbines des parcs éoliens en mer de Northland dans l’océan

Comment le financement a aidé une compagnie gazière d’ici à devenir un leader mondial de l’énergie éolienne

Pour certaines entreprises, la transition énergétique et les politiques gouvernementales visant à réduire les gaz à effets de serre industriels sont un fardeau. Pour Northland Power (Northland), elles représentent plutôt des possibilités.

Lancée en 1987 en tant qu’entreprise énergétique indépendante, Northland produisait de l’électricité à partir du gaz naturel. Initialement, ses activités axées sur le gaz naturel visaient à soutenir la décarbonation de l’Ontario et de la Saskatchewan et à réduire l’utilisation du charbon. Mais en 2013, l’entreprise a constaté la croissance de la demande mondiale pour une énergie plus propre et a pris un virage vers les ressources renouvelables, plus spécialement l’énergie éolienne en mer.

En dix ans à peine, l’entreprise est devenue un chef de file mondial du développement et de l’exploitation de l’énergie éolienne en mer – et son engagement envers l’énergie verte lui a rapporté gros.

« Aujourd’hui, plus de la moitié de notre flux de trésorerie provient de nos projets de parcs éoliens en mer et, d’ici 2027, nous nous attendons à avoir une capacité de puissance électrique éolienne en mer d’environ 3,4 gigawatts », affirme Adam Beaumont, chef des finances par intérim de Northland.

Pour Northland, 2023 a été une année de transformation. L’entreprise basée à Toronto a obtenu du financement pour deux transactions majeures : le premier parc éolien en mer en Pologne et le premier investissement de la compagnie en Asie. Ensemble, ces deux projets feront plus que doubler la capacité éolienne en mer mondiale de l’entreprise.

La transition verte : un avantage concurrentiel

En se tournant vers l’énergie éolienne en mer, Northland a profité d’une occasion en or de se démarquer de ses concurrents mondiaux. L’entreprise a également reconnu que des contrats énergétiques à long terme pour des projets éoliens à grande échelle offriraient une meilleure stabilité aux actionnaires. Les avantages d’une telle transition étaient nombreux :

  • En prenant ses distances de l’énergie gazière, Northland prenait les moyens de devenir plus solide sur le plan financier et plus résiliente sur le plan opérationnel. Sa production nord-américaine d’énergie électrique pourrait être complétée par l’énergie éolienne en mer produite en Union européenne (UE) et en Asie et, potentiellement, par l’énergie solaire ou par le stockage dans un autre endroit.
  • Être un précurseur donnait à Northland un avantage sur ses concurrents mondiaux.
  • Grâce à des exploitations dans divers marchés, Northland atténuait les risques de son profil de producteur énergétique grâce à la diversification.
  • Remarque : Il n’existe actuellement aucun parc éolien en mer au Canada. En allant au-delà de nos frontières, Northland a pu bénéficier d’autres possibilités et devenir le chef de file mondial de l’énergie éolienne en mer qu’elle est aujourd’hui.

Mais une transition de cette ampleur et une telle expansion dans de nouveaux marchés requièrent un soutien financier important ainsi que des partenaires de confiance.

Un premier pas dans les marchés internationaux : le projet Gemini

Bateau à quai au bâtiment du parc éolien en mer Gemini Project

Construction du projet de parc éolien en mer Gemini


Le premier gros investissement de Northland en sol européen était le projet Gemini, un parc éolien de 600 mégawatts au large des Pays-Bas – le plus important à l’époque.

Le projet était l’un des premiers développements éoliens en mer de l’industrie. Les projets de cette envergure sont coûteux et Northland savait qu’elle aurait besoin de sources de financement externes. Mais elle éprouvait des difficultés à obtenir le soutien des banques, compte tenu de la nature novatrice du projet et qu’il s’agissait alors de son premier projet éolien en mer, sans feuille de route pour l’exécution d’un tel projet à cette échelle. En 2013, l’entreprise s’est alors tournée vers Exportation et développement Canada (EDC).

À titre d’organisme de crédit à l’exportation du Canada, EDC a considéré Gemini comme un projet phare qui pourrait consolider la position de Northland en tant que chef de file du secteur et soutenir sa croissance.

« Si EDC peut appuyer un projet après en avoir effectué une analyse détaillée (ses contreparties, ses risques, etc.), cela démontre son engagement envers Northland et aide davantage d’institutions financières à avoir confiance en la capacité de l’entreprise à exécuter un investissement de cette envergure », explique Tushar Handiekar, vice-président, Financement structuré et Financement de projets à EDC.

La solution d’EDC au problème de financement de Northland était – et est toujours! – le financement de projets.

« Le financement de projets est différent d’un prêt à une entreprise, pour lequel les actifs et les revenus de la société mère peuvent être utilisés pour garantir le remboursement de la dette, explique M. Handiekar. Dans le monde du financement de projets, la dette utilisée pour financer le projet est remboursée uniquement à partir du flux de trésorerie engendré par le projet. Habituellement, cela permet d’obtenir une plus longue période de remboursement de la dette. De plus, plusieurs parties partagent ainsi le risque et les besoins financiers sont répartis au sein d’un groupe de financiers en fonction de la taille et de la complexité de ce type de projets », renchérit-il.

EDC possède l’une des plus grandes équipes de financement de projets au sein du système des institutions financières canadien, avec une expérience dans le soutien de projets mondiaux partout dans le monde.

Depuis 2012, EDC a facilité des exportations de technologies propres de près de 41 milliards de dollars; elle est un chef de file du financement de l’industrie des technologies propres au Canada. Dans dix ans, on s’attend à ce que le marché mondial des technologies propres atteigne 26 000 milliards de dollars, ce qui offre une panoplie de possibilités aux innovateurs canadiens.

Davantage de possibilités à l’étranger pour les parcs éoliens en mer

Exporter vers de nouveaux marchés – et plus spécialement en Europe et dans l’Indo-Pacifique – est crucial pour la stratégie de croissance de Northland.

« La plupart des pays dans ces régions souhaitent décarboner et améliorer leur sécurité énergétique, ils ont donc des cibles de croissances ambitieuses, explique M. Beaumont. D’ici 2035, le déploiement mondial de parcs éoliens en mer devrait être multiplié par huit et atteindre 500 gigawatts, la majeure partie de cette croissance provenant de l’Europe et de l’Asie. »

Pour mettre ce chiffre en perspective, c’est trois fois la capacité électrique totale de l’ensemble du Canada en 2021.

Le secteur européen des énergies renouvelables profite d’un soutien important du programme du pacte vert pour l’Europe, qui vise l’atteinte de la neutralité climatique en UE d’ici 2050. Cela crée un appétit vorace partout en Europe pour des produits technologiques propres afin d’aider à atteindre ses objectifs de carboneutralité. Par conséquent, l’UE a endossé un rôle de chef de file dans l’industrie éolienne, ce qui a amené de nombreux géants de l’industrie à y installer leur siège social.

En Asie, l’objectif de Taïwan est d’ajouter une capacité de 20 gigawatts d’énergie renouvelable à son parc énergétique d’ici 2025. Comme c’est une île qui mise énormément sur le pétrole, le charbon et le gaz, c’est un bon marché pour l’énergie éolienne en raison de la vitesse du vent autour de ses côtes et de la volonté du pays à adopter l’énergie éolienne dans le cadre de ses objectifs de carboneutralité.

En Corée du Sud, la capacité de génération d’électricité installée doit doubler d’ici 2050, les énergies renouvelables comptant pour environ 59 % de la capacité totale. Les parcs éoliens en mer constitueront près de la moitié de cette production énergétique renouvelable, présentant une occasion d’affaires énorme pour l’industrie et une tendance emballante en décarbonation.

Northland s’attend à ce que d’autres pays de l’Indo-Pacifique suivent la même trajectoire. Tirer parti de ces possibilités de croissance exige des partenaires financiers solides, comme EDC.

Un premier pas qui permet la poursuite de l’expansion

Gros plan sur une des turbines du parc éolien en mer Nordsee One

Le parc éolien en mer Nordsee One


En 2014, après le projet Gemini, EDC a soutenu à nouveau Northland avec le projet Nordsee One, un projet de parc éolien en mer de 332 mégawatts en Allemagne. Et lorsqu’est venu le moment de refinancer un autre parc éolien en mer de Northland (le Deutsche Bucht de 252 mégawatts situé tout près), EDC s’est montrée enthousiaste à les aider encore une fois.

Notre soutien s’est étendu au fil du temps pour permettre à Northland de poursuivre sa croissance grâce à d’autres types de prêts d’entreprise, comme la Marge pour garanties de cautionnements bancaires. La Marge soutient les nantissements pour l’émission de lettres de garantie visant à aider à augmenter l’accès à un fonds de roulement.

« Lorsqu’il existe une lacune potentielle dans les services financiers d’une entreprise comme Northland, vous devez faire preuve de créativité pour trouver des solutions qui soutiendront sa stratégie d’avenir », souligne M. Handiekar.

Une fois les trois parcs éoliens en mer fonctionnels, Northland a cherché à étendre simultanément son expertise éolienne en Pologne et à Taïwan, à une échelle considérable.

Le projet Baltic Power

La Pologne dépend fortement de l’énergie produite à partir du charbon, mais souhaite décarboner son économie. Avec ses courants d’air puissants et réguliers, sa côte baltique est idéale pour la production d’énergie éolienne. C’est ainsi qu’est né le projet Baltic Power – d’une puissance de 1,1 gigawatt –, le premier parc éolien en mer de la Pologne. Une fois terminé, il alimentera plus de 1,5 million de foyers polonais. EDC, avec d’autres partenaires de financement, a fourni à Northland le financement nécessaire à ce projet.

Le projet Hai Long

Hai Long, le projet éolien en mer à Taïwan, est le premier projet de ce type de Northland en Asie. D’une puissance de 1 022 mégawatts, il alimentera environ un million de foyers taïwanais lorsqu’il fonctionnera au maximum de sa capacité.

« EDC s’est impliquée très tôt dans le projet et a apporté son soutien par l’entremise d’une garantie financière, explique M. Handiekar. Cela a permis aux banques internationales et taïwanaises de prêter de l’argent au projet en dollars taïwanais, car EDC garantissait le remboursement. »

« C’était très important, car ça a permis de réunir autour de la table différentes banques régionales et compagnies d’assurance vie qui, autrement, n’auraient pas été en mesure de participer. Grâce aux garanties, EDC a pu aider Northland et son co-investisseur, Mitsui, à financer le projet. »
 

L’avantage du précurseur

Northland doit son succès en partie à sa détermination à être un précurseur dans le domaine de l’énergie renouvelable.

« Nous procédons de cette façon plus particulièrement lorsque nous pénétrons de nouveaux marchés ou des marchés difficiles, où il existe des possibilités de contrats à long terme et où les frais de location initiaux ne sont pas prohibitifs », dit M. Beaumont.

L’expansion dans de nouveaux marchés mondiaux peut être risquée. Pour limiter ces risques, Northland a trouvé des partenaires et des fournisseurs locaux qui connaissent bien les réglementations politiques et environnementales.

« Notre approche précoce du marché nous a permis d’établir une présence importante, non seulement dans l’industrie européenne de l’énergie éolienne en mer, mais aussi dans les marchés asiatiques, comme Taïwan, explique M. Beaumont. L’appui d’EDC a été essentiel à la capacité de Northland de croître dans ces régions et c’est pourquoi EDC est devenue le plus important fournisseur de capitaux de Northland à l’échelle mondiale. »

Prochaines étapes pour Northland

Northland s’est engagée à contribuer à la décarbonation de l’économie mondiale en se fixant pour objectif d’atteindre la carboneutralité d’ici 2040. Cette initiative est axée sur le développement de projets à faible émission de carbone, tout en fonctionnant de la manière la plus efficace possible et comprend un partenariat avec les communautés locales pour construire et développer des infrastructures d’énergie renouvelable.

« Northland est devenue un acteur mondial, passant de ventes de 1 milliard de dollars en 2016 à 2,5 milliards de dollars aujourd’hui, explique M. Handiekar. Le soutien d’EDC aux technologies propres a également pris de l’ampleur et représente aujourd’hui un volume d’affaires de plusieurs milliards de dollars. En 2023 seulement, notre appui atteindra 12,2 milliards de dollars. »

« Soutenir la croissance des entreprises canadiennes de technologies propres sur les marchés internationaux, y compris les projets d’énergie renouvelable de grande ampleur, est un élément essentiel de nos objectifs en matière de financement durable », poursuit-il.

Après les projets éoliens Baltic Power et Hai Long, Northland prévoit de se développer dans l’Indo-Pacifique, très probablement en Corée, où l’entreprise dispose déjà d’un bassin de projets.

« C’est une région où nous espérons continuer à travailler avec nos partenaires financiers pour entreprendre de nouveaux projets », affirme M. Beaumont.

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Date de modification : 2024-04-12