En 2019, l’économie mondiale a connu de multiples aléas : pensons au Brexit, aux négociations entourant l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (l’ACEUM), au désaccord commercial entre les États-Unis et la Chine et aux craintes d’une récession. 2020 risques d’être une année compliquer. Pourtant, il y a de bonnes nouvelles : l’ACEUM est en voie d’être ratifié, le dossier du Brexit est enfin clos et les deux superpuissances économiques de la planète ont signé la phase 1 d’un accord commercial.

Malgré une amélioration apparente des perspectives depuis six mois, il y a beaucoup de confusion et d’incertitude dans l’air, ce qui vous amène naturellement à vous interroger sur la conjoncture et comment elle se répercute sur vos activités.

Les données nous permettent de donner un sens à la confusion qui règne, mais aussi d’avoir un portrait plus clair et plus détaillé; bref, de vraiment « savoir ce qui se passe ». En analysant les notations des risques d’Exportation et développement Canada pour 2019, l’Équipe des services économiques a tiré quelques conclusions générales. Tout d’abord, le risque souverain était relativement concentré et la stabilité des notations plus grande que prévu, compte tenu de l’incertitude entourant les politiques. Même si le nombre de diminutions de la notation souveraine était supérieur à celui des augmentations en 2019, ce type de notation est resté stable sur de multiples marchés pendant l’année. D’après notre analyse, moins de 10 % des marchés ont vu leur notation abaissée en 2019. La vaste majorité de ces dégradations ont visé des marchés émergents et plus des trois quarts d'entre elles se sont produites en Amérique latine, au Moyen-Orient et en Afrique. Fait à noter, les baisses de notation ont notamment eu lieu sur des marchés à fort potentiel comme l’Argentine, le Nigéria et l’Afrique du Sud.

En 2020, certains marchés émergents devront composer avec des perspectives difficiles en raison du gonflement de la dette, d’une crise de la confiance et de la volatilité politique – dont l’origine, selon nous, remonte au boom des produits de base. Rappelons-nous : le cours élevé des produits de base et les faibles taux d’intérêt sur les marchés développés s’étaient traduits par beaucoup d’emprunts sur les marchés émergents – d’abord en 2008, puis lors du redémarrage de 2015 – en raison de taux d’intérêt plus élevés dans les pays émergents. De plus, la moitié des prêts étaient accordés à des entreprises non financières. Et ces activité de prêt se concentrait alors sur moins de 20 marchés. Le risque souverain s’est aggravé dans certains pays comme l’Argentine et l’Afrique du Sud. En effet, le resserrement des liquidités sur des marchés aux risques plus élevés a exposé les vulnérabilités des économies et accentué le risque de refinancement. Cela dit, la plupart des entités souveraines demeurent plutôt stables. Certains gouvernements ressentiront les effets du ralentissement de l’activité de prêt, de la montée des taux d’intérêt et de l’incertitude mondiale qui fait pâtir les devises. Toutefois, ce sera de plus en plus les entreprises des marchés émergents – y compris les entités publiques – qui connaîtront des turbulences si les fonds empruntés n’ont pas été dépensés de manière productive. 

Mis à part le niveau élevé de dettes chez les entreprises des grands marchés émergents, il faudra faire face à un autre défi récurrent : les risques politiques qui sont capables d’accroître l’incertitude mondiale. Chaque choix en matière d’économie suppose un choix dans la sphère des politiques qui est le fruit de calculs politiques. En 2020, nous croyons que les risques politiques surpasseront les risques économiques, et ce, pour une raison toute simple : le manque de prévisibilité des politiques mine la confiance des investisseurs. Les investisseurs qui font montre de patience et de courage ainsi que les chefs d’entreprises changeront très peu leur stratégie vu leur résilience à la volatilité à court terme. Cependant, les acteurs de moindre envergure pourraient bien y penser à deux fois avant de se lancer à la conquête d’un nouveau marché. 

De quels risques politiques s’agit-il? Les risques d’expropriation et d’ingérence de l’État menacent de perturber la poursuite des activités commerciales. Certes, le risque d’expropriation pure et simple des actifs et des investissements a diminué au cours des dernières décennies, mais le risque d’ingérence de l’État s’est amplifié et transformé pour prendre diverses formes : lourdeur bureaucratique, corruption et changements aux règles en place. La Zambie en est un exemple probant : confronté à une situation budgétaire difficile, le pays a changé les règles pour la conduite des activités dans son secteur minier.

Même si en matière de risques les marchés émergents ont beaucoup retenu notre attention, le tableau n’était pas vraiment reluisant du côté des pays développés. En fait, la situation s’est détériorée dans une poignée de ces pays au cours des deux derniers trimestres de 2019. En effet, ces pays d’ordinaire politiquement stables n’ont pas été à l’abri du mouvement de tensions sociales et politiques sous-jacentes étant à l’origine des manifestations et des troubles sociaux. Le contexte en France illustre bien le regain des tensions sur ce qu’on pourrait qualifier en temps normal de « marché stable ».

Conclusion?

La conjoncture peut changer très rapidement. Pourtant, ce qui, à la surface, peut sembler un risque ou une tendance pourrait en réalité se révéler un débouché dont les avantages éclipsent les risques. Les tendances et les thèmes ponctuels évoluent. Des risques sur un marché peuvent donc constituer une occasion pour un autre. Naturellement, dénicher des filons prometteurs exige du temps et des ressources, et c’est là toute l’importance de pouvoir compter sur des partenaires comme EDC, qui met à votre disposition ses réseaux de relations et ses ressources, notamment l’Analyse trimestrielle des risques pays.

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