Nous l’avons tous remarqué : le temps se refroidit et les jours sont de plus en plus courts. Ce retour de l’hiver coïncide avec la publication des résultats de notre sondage de fin d’année de l’indice de confiance commerciale (ICC). Réalisé deux fois l’an, ce sondage mesure la façon dont la conjoncture économique, au pays et à l’international, se répercute sur nos exportateurs et les entreprises canadiennes prêtes à exporter. 

Parce que nous voulons que l’ICC donne un portrait encore plus fidèle de la perspective des entreprises canadiennes, nous continuons d’élargir notre échantillon et de cibler des segments négligés de la communauté d’exportateurs : femmes entrepreneures; micro et petites entreprises; ainsi qu’entreprises dirigées par des personnes autochtones ou noires. Fait à digne de mention, les entreprises dirigées par des femmes et des autochtones comptent maintenant, respectivement, pour 34 % et 11 % des répondants du sondage.

Les exportateurs canadiens doivent composer avec des niveaux sans précédent d’incertitude économique. Sans surprise, le résultat général de l’ICC affiche un troisième repli consécutif pour s’établir à 63,8. En 2021, il avait atteint des sommets historiques. En fait, aujourd’hui, l’ICC se trouve à son plus bas niveau en 23 ans d’histoire, à l’exception des résultats de 2008, soit après la chute de la banque Lehman Brothers (résultat de 61) et le début de la crise de la COVID-19 (score de 56) en 2020.

Malgré le recul de tous les éléments de l’indice par rapport à notre sondage de juin dernier, les replis les plus notables sont observés du côté des perceptions de la conjoncture économique sur le marché canadien (-1,6) et les attentes quant aux ventes sur le marché national (-1,1). Ces replis laissent entrevoir un ralentissement graduel de l’économie intérieure du Canada – éprouvée à la fois par le resserrement du crédit et la volatilité aux quatre coins du globe. De plus, notre sondage montre que la confiance s’émousse chez les entreprises de toutes tailles et de toutes les régions du pays, et que le pessimisme est le plus prononcé chez les moyennes entreprises et les entreprises de la belle province.


Aucun secteur n’est épargné, sauf celui du transport dont le résultat de l’ICC s’est légèrement amélioré. Ce tableau contraste avec celui de notre sondage du printemps, où l’envolée du cours des produits de base avait renforcé la confiance dans le secteur des industries extractives. Cette tendance s’est toutefois inversée à l’automne à la suite de la baisse du cours mondial des matières premières.

Alors, qu’est-ce qui préoccupe nos exportateurs?

  • Les problèmes liés aux chaînes d’approvisionnement préoccupent toujours la plupart des répondants, surtout les moyennes entreprises – un sentiment partagé par les chefs d’entreprise rencontrés cet automne lors de notre tournée Table ronde destinée aux hauts dirigeants. Cela dit, on s’attend de moins en moins à ce que cette situation perdure. 
  • L’augmentation du coût de la conduite des affaires, la conjoncture économique mondiale, la pénurie de main-d’œuvre et les problèmes de trésorerie deviennent rapidement des inquiétudes grandissantes, notamment chez les petites et les micro entreprises.  

Près des trois quarts des répondants pensent que l’inflation nuit à leur activité, et plus de la moitié prévoient que les tensions sur les prix dureront plus d’un an. Parallèlement, une part plus importante des répondants voit la pénurie de main-d’œuvre comme une contrainte majeure, un point de vue aussi exprimé par les chefs d’entreprise rencontrés lors de notre tournée. À ce sujet, les intentions du côté de l’embauche se sont modérées : à peine 43 % des répondants s’attendent à recruter plus de personnel au cours de la prochaine année. Ce taux était de 51 % lors de notre sondage de mi-année.

Les répondants restent moroses à l’égard de l’état général de l’économie mondiale, la grande majorité (soit 77 %) déclarant qu’un repli mondial de l’activité les pénaliserait. Près de la moitié des entreprises s’attendent à une détérioration des conditions financières, vu la perspective d’une récession mondiale et du double impact d’une inflation généralisée et d’une hausse des taux d’intérêt. Notons que l’augmentation des taux d’intérêt pose d’importants défis pour les entreprises canadiennes : les coûts d’emprunt plus élevés ont un effet déterminant sur les décisions d’investissement et les projets de diversification.

Comme lors de nos précédents sondages de l’ICC, les États-Unis continuent de représenter notre premier marché, et la destination de 70 % de nos ventes à l’étranger. Ils sont suivis du Royaume-Uni (20 %), de l’Australie (16 %) et du Mexique (16 %). Cependant, les premiers signes d’un ralentissement de l’économie américaine font diminuer les ventes sur ce marché, pas moins de 21 % des répondants faisant état d’une baisse de leurs commandes vers les États-Unis, contre seulement 13 % lors de notre sondage de la mi-année. Les exportateurs voulant se lancer à l’international continuent de privilégier les marchés américain (20 %), britannique (16 %), australien (15 %), mexicain (15 %) et allemand (14 %).

Conclusion?

À l’heure où l’élan de l’économie mondiale s’essouffle et qu’une tempête se dessine à l’horizon, les entreprises canadiennes actives dans la sphère de l’exportation semblent se préparer à un hiver frisquet. Les contraintes persistantes qui touchent les chaînes d’approvisionnement, les fortes tensions sur les coûts et la concurrence féroce dans la recherche de talents mettront à l’épreuve le courage des exportateurs dans un contexte de resserrement du crédit. Or, les Canadiens sont résilients et trouveront, sans nul doute, les ressources pour tirer leur épingle du jeu et prospérer durant un hiver qui s’annonce frisquet. 

Nos plus sincères remerciements à Prerna Sharma, économiste principale au sein du Service de recherche et d’analyse d’EDC, pour sa contribution à la présente édition. 

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