Pendant mes études en génie mécanique à l’École de technologie supérieure de Montréal, j’ai donné libre cours à ma passion pour la conception. Dans le cadre de la compétition étudiante Formule SAE, j’ai fait partie d’une équipe chargée de concevoir et d’assembler une voiture de course. C’est là que j’ai rencontré mes partenaires d’affaires actuels, deux férus de moteurs, comme moi. Ensemble, nous avons passé plus d’heures que de raison à plancher sur notre bolide.

Mon diplôme en poche, j’ai travaillé deux ans chez Pratt & Whitney, l’un des chefs de file mondiaux en construction aéronautique, où je rédigeais des rapports sur les défectuosités des turboréacteurs. Mais j’ai vite compris que je n’y trouverais pas la liberté de travailler sur les projets de conception qui me passionnaient. En 2006, Benoit Lacroix, Dany Fouquet et moi avons décidé de prendre le taureau par les cornes en fondant Effenco, une entreprise québécoise spécialiste de technologies hybrides électriques qui réduisent les coûts de carburant et les GES des véhicules lourds. J’ai toujours eu pleinement confiance en notre partenariat, car je savais que mes associés y mettraient autant de passion et de cœur que moi.

Aujourd’hui, nous avons des clients au Canada, aux États-Unis et en Europe. À mesure que les gouvernements du monde entier passent de la prise de conscience à l’action et commencent à se fixer des objectifs et à établir des plans pour réduire les émissions de GES, notre entreprise et les autres sociétés de technologies propres voient de plus en plus d’occasions fleurir dans le secteur de l’efficacité énergétique.

Des camions qui « roulent »

Effenco conçoit des solutions en vue d’améliorer l’efficacité énergétique dans un des segments les moins efficaces du secteur des transports : les véhicules lourds spécialisés  (camions à ordures, tracteurs de manœuvre, camions malaxeurs, autobus scolaires et camions-nacelles des services publics. D’ordinaire, les systèmes, notamment hydrauliques, de ces véhicules sont alimentés par le moteur, qui est conçu pour propulser le véhicule et non pour alimenter cet équipement. Notre technologie combine une fonction arrêt-démarrage à un système de stockage d’énergie. Ainsi, quand le véhicule s’arrête, le moteur s’éteint et c’est l’énergie électrique stockée qui alimente l’équipement.

« Comme nous étions en pleine croissance, nous avions besoin d’une marge de crédit. EDC nous a aidés en garantissant la marge dont nous avions besoin, ce qui nous a permis de croître davantage. »

Trouver des clients

Le succès d’Effenco s’explique en partie par le recrutement des bons clients dès le début. Le secteur de l’efficacité énergétique regorge de débouchés, alors il peut être tentant pour une jeune entreprise d’avoir les yeux plus gros que le ventre. Tout s’est vraiment joué lorsque nous avons trouvé un client sérieux qui était prêt à être le premier adoptant.

Par ailleurs, nous avons fait partie des heureux élus qui ont reçu un financement de Technologies du développement durable Canada. Par voie de ce programme, nous avons bâti  un consortium d’investisseurs privés membres du secteur, ce qui nous a permis de rencontrer des opérateurs de collecte de déchets, certains étant actifs à l’international. En signant un contrat avec l’un d’eux pour l’entretien de l’intégralité de leur flotte nord-américaine, nous avons fait notre première percée. Nous avons également commencé à participer aux salons de technologies propres consacrés aux véhicules. La plupart se tenant aux États-Unis, c’est comme ça que nous avons rencontré des représentants de la Ville de New York et décroché le contrat pour leur flotte de camions à ordures.

Autre étape importante : notre adhésion à Écotech Québec, une association sectorielle pour les entreprises québécoises de technologies propres, nous a permis d’entrer en relation avec Derichebourg, une entreprise parisienne de collecte de déchets, qui cherchait un partenaire novateur au Canada. Ainsi, nous avons pu soumissionner un appel d’offres à Paris et  le remporter. Nous avons maintenant un pied en Europe, où de nombreux pays et administrations municipales veulent s’attaquer aux changements climatiques et réduire les émissions de GES. Nous avons beaucoup d’optimisme en ce qui concerne notre avenir en Europe, car l’action climatique a le vent en poupe dans les administrations régionales, qui sont décidées à agir et prêtes à miser sur les innovations technologiques pour atteindre leurs cibles.

Effenco technologie

Connaître sa force

Ce qui a aussi contribué au succès d’Effenco, c’est que nous avons des chiffres fiables pour prouver le gain d’efficacité énergétique que procurent nos solutions. L’une de nos devises est « Sans données à l’appui, on ne fait qu’exposer son opinion. » Les données sont la clé, car elles étayent ce que vous dites, et les faits, ça ne se conteste pas.

Notre expertise repose sur notre compréhension des inefficiences des véhicules utilitaires lourds. C’est seulement en saisissant et en mesurant ces inefficiences qu’on peut ensuite proposer une solution pour les réduire. Comme on dit : ce qui se mesure se fait.

Faire preuve de flexilite

Au cours des trois dernières années, on a observé un véritable changement de cap au sein des gouvernements et des grandes entreprises, qui passent maintenant à l’action pour réduire leurs émissions de GES. Cette situation est une véritable mine d’occasions pour les PME canadiennes en technologies propres. Les gouvernements fédéral et provinciaux savent bien que les PME sont la force motrice de l’innovation dans le domaine, et bon nombre de subventions et de programmes tremplins leur sont offerts.

Pour la plupart des PME, le gros défi consiste à obtenir du financement, particulièrement à leurs débuts. Ce fut le cas pour nous, et cela m’a fait comprendre l’importance d’avoir un plan d’affaires solide. Au fil du temps, nous avons précisé notre concept et peaufiné notre plan en nous appuyant sur les tendances du marché et les commentaires d’investisseurs potentiels. À nos débuts, c’était frustrant d’avoir si peu de financement, mais cela nous a enseigné l’importance de proposer des idées et des concepts solides. Si nous avions obtenu tout le financement nécessaire il y a six ou sept ans, nous n’en serions peut-être pas là aujourd’hui.

Parallèlement, la flexibilité et la rapidité de mise en marché qui caractérisent les jeunes entreprises et les PME leur donnent un avantage sur les gros joueurs. Il faut savoir accueillir le changements pour évoluer et avancer rapidement. C’est d’autant plus critique dans un marché nouveau comme le nôtre, qui change très vite. Nous ne devons pas manquer le train, sous peine de rester sur le quai.

Effenco espace de travail

Réunir une équipe de passionnés

Je répète souvent à mes employés que lorsqu’on aime ce qu’on fait, le travail est un plaisir, pas une corvée. C’est mon cas, et lorsqu’on recrute, nous recherchons le même état d’esprit chez les candidats. À Effenco, nous avons besoin d’ingénieurs et de techniciens spécialisés dans l’Internet des objets. Dans cette sphère, le taux de chômage est très faible au Québec, d’où la concurrence féroce entre les employeurs! En plus, nous n’avons pas les moyens d’offrir les mêmes salaires qu’un géant des technologies comme Amazon. Pour compenser, nous avons deux stratégies, que voici :

  1.   Nous offrons un milieu de travail décontracté, amical et sans stress. On a notre microbrasserie maison dans le garage, notre ingénieur en chef étant aussi notre maître brasseur. C’est une excellente façon de rassembler l’équipe pour de bons remue-méninges.
  2.  Lorsque nous recrutons, j’aime retourner à mes origines et chercher au sein des compétitions étudiantes d’ingénierie. Les gens qui font partie de ce genre d’équipes sont motivés parce qu’ils vivent leur passion.

Si Effenco en est là aujourd’hui, c’est grâce à la passion de notre équipe, qui croit profondément en notre objectif d’aider les entreprises et les gouvernements à réduire leurs GES. Et la passion, ça marche dans les deux sens avec les clients aussi. Nous avons réussi parce que nous avons trouvé des clients qui sont résolus à réduire leurs émissions et à prendre des mesures concrètes à cette fin. Il existe partout sur la planète des débouchés où les entreprises canadiennes de technologies propres peuvent les bons clients et les aider à obtenir des résultats concrets axés sur les données.

La solution d’EDC

EDC a joué un rôle central dans notre réussite, cela ne fait aucun doute. Au départ, notre entreprise représentait un trop grand risque pour une banque classique. Mais, comme nous étions en croissance, nous avions besoin d’une marge de crédit. EDC nous a aidés en garantissant cette marge, ce qui nous a permis de croître davantage.