En quête de nouveaux débouchés pour vos produits et services? L’Analyse trimestrielle des risques pays d’Exportation et développement Canada vous permet de suivre l’évolution rapide des marchés et brosse un portrait des risques dans 50 pays. L’édition de l’automne 2019 donne aussi de précieux renseignements sur les antécédents de paiement et les facteurs de risque qui vous permettront de prendre des décisions éclairées en matière de commerce et d’investissement.
À la lumière de son plus récent rapport, publié le 25 octobre, EDC a cerné trois marchés émergents particulièrement prometteurs pour les exportateurs canadiens : le Vietnam, la Thaïlande et les Émirats arabes unis.
Vietnam

Le Vietnam est, depuis 2015, le premier commercial du Canada parmi les membres de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE). En 2016, les échanges de marchandises entre les deux pays totalisaient 5,5 milliards de dollars; en 2017, ce chiffre est passé à 6,2 milliards. En 2018, les exportations canadiennes vers le Vietnam se chiffraient à 1,1 milliard de dollars.
Le Vietnam est l’un des rares pays à qui les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine sont profitables. C’est l’inverse pour beaucoup d’autres nations d’Asie du Sud-Est, qui voient leurs exportations décliner en raison du différend commercial et de ses répercussions sur la confiance mondiale. Surtout qu’en temps normal, plusieurs de ces nations exportent des composants complexes vers la Chine, où le tout est assemblé ou utilisé pour fabriquer des produits destinés au marché américain. Il va sans dire que ces pays ont vu leurs exportations reculer.
« Mais ce n’est pas le cas du Vietnam; son secteur manufacturier profite d’une conjoncture des plus favorables », observe John Bitzan. Selon cet analyste des risques pays à EDC, même avant la guerre de tarifs douaniers sino-américaine, un mouvement vers le Vietnam – et sa main-d’œuvre bon marché – s’était amorcé chez de nombreuses multinationales qui fabriquaient auparavant leurs vêtements, chaussures et articles électroniques de faible valeur en Chine. Et ce mouvement prend de l’ampleur : les entreprises sont de plus en plus nombreuses à étudier sérieusement la possibilité de relocaliser leur production au Vietnam, du moins pour les produits destinés au marché américain.
La forte demande mondiale pour les biens produits au Vietnam a donné là-bas un coup de fouet à la croissance du marché intérieur, ce qui est de bon augure pour les exportateurs canadiens. En effet, des débouchés s’ouvrent pour eux notamment grâce à la participation du Canada à divers accords avec le Vietnam, dont l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP). Selon une étude sur les répercussions économiques d’Affaires mondiales Canada, le PTPGP fera augmenter les exportations canadiennes vers le Vietnam de 271 millions de dollars sur la période de 2018 à 2040, particulièrement celles des produits alimentaires et chimiques.
Avis aux entreprises intéressées à étendre leurs activités en Asie : outre ces catégories de produits, le Vietnam offre des débouchés dans une multitude de secteurs :
- L’infrastructure en est un, et pas le moindre. En effet, l’État vietnamien investit actuellement dans l’énergie renouvelable, dans la modernisation de ses réseaux électrique et ferroviaire, ainsi que dans la construction d’un nouvel aéroport international à Hô Chi Minh-Ville (qui débutera en 2021).
- La santé est aussi un secteur où les exportateurs canadiens peuvent tirer leur épingle du jeu, car la demande y est croissante pour les services cliniques, les appareils médicaux et les produits pharmaceutiques.
Reste qu’il n’est pas complètement aisé de faire des affaires au Vietnam. L’État prend beaucoup de place dans la prise de décisions, ce qui peut ralentir les affaires à un degré parfois frustrant. Mais vu les avantages potentiels, votre patience a de bonnes chances d’être récompensée.
- Cote de risque à court terme : moyen à élevé
- Principales exportations canadiennes (2018) : produits énergétiques; grains et oléagineux; engrais
- Valeur totale des exportations canadiennes (2018) : 1,1 milliard de dollars
- Accords de commerce international avec le Canada : oui; le PTPGP, en vigueur au Vietnam depuis janvier 2019
- Population : 97 millions
- PIB par habitant (2018) : 2 525 dollars américains
Thaïlande

Vous voulez diversifier vos exportations? La Thaïlande est un autre marché émergent d’Asie du Sud-Est qui mérite qu’on s’y arrête. Il s’agit, après le Vietnam, du plus grand partenaire commercial du Canada au sein de l’ANASE; en 2017, le commerce bilatéral canado-thaïlandais représentait 4,3 milliards de dollars en marchandises et 416 millions en services.
Avec le coup d’État militaire de 2014 et l’incertitude politique qui a suivi, bon nombre d’entreprises – thaïlandaises comme étrangères – ont décidé d’attendre que la poussière retombe avant d’investir au pays. Après plusieurs années d’attente, des élections ont enfin été tenues de nouveau en mars 2019. Bien que controversé et vertement critiqué par les partis de l’opposition, le scrutin a été assez remarquable en ce qu’il n’a pas à nouveau attisé la violence et les soulèvements populaires observés ces dernières années. Et si de nombreux griefs de l’opposition demeurent sans réponse, le pays n’est plus plongé dans une crise politique, ce qui le rend plus attirant pour les investisseurs et exportateurs.
Son économie connaît une croissance plutôt anémique depuis un certain temps, principalement en raison de la faiblesse de la demande mondiale pour ses produits, mais le gouvernement thaïlandais a approuvé en août 2019 des mesures de relance de 10 milliards de dollars.
« La Thaïlande présente une gamme complète de débouchés commerciaux pour les entreprises et exportateurs canadiens », explique Klaus Houben, représentant en chef d’EDC pour l’Asie du Sud-Est. Il y a des possibilités notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, des métaux, de l’automobile et de la technologie. L’infrastructure présente également un potentiel intéressant parce que le gouvernement prépare des investissements massifs dans les ports industriels, les autoroutes, les trains à grande vitesse et les aéroports dans le corridor économique oriental du pays.
À mesure que la Thaïlande opère son virage numérique et investit pour rendre ses villes intelligentes, sa demande en produits et solutions de haute technologie dans des domaines comme l’intelligence artificielle ne cessera de croître. Le pays a aussi l’une des industries pétrochimiques les mieux développées d’Asie, raffinant le pétrole brut et le gaz naturel en composés organiques utilisés dans les procédés industriels. Comme les entreprises du secteur chercheront à acheter des pièces, de la machinerie et de l’équipement spécialisé, c’est là un autre secteur digne d’attention pour les exportateurs canadiens.
- Cote de risque à court terme : moyen
- Principales exportations canadiennes (2018) : pâtes et papiers, services de voyage, grains et oléagineux
- Valeur totale des exportations canadiennes (2018) : 898 millions de dollars
- Accords de commerce international avec le Canada : non
- Population : 69 millions
- PIB par habitant (2018) : 7 448 dollars américains
Émirats arabes unis

Les Émirats arabes unis arrivent au premier rang parmi les marchés d’exportation du Canada au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et en 21e position à l’échelle mondiale; en 2018, les exportations canadiennes vers le pays totalisaient 1,3 milliard de dollars. Et si les Émirats connaissent un ralentissement de leur croissance depuis la chute des cours du pétrole en 2015, leur économie est toutefois en train de se diversifier.
« Les Émirats arabes unis ne suivent pas le modèle typique d’une économie moyen-orientale. Ils présentent plus de débouchés qu’on pourrait le croire, y compris certaines occasions en or pour les exportateurs canadiens attentifs », commente Jean-Bernard Ruggieri, représentant en chef chargé du Moyen-Orient et de l’Afrique à EDC.
Il y a un trésor caché de possibilités dans les secteurs de la santé et de l’éducation, où la demande en produits et services de qualité supérieure grimpe en flèche. En effet, la population des Émirats croît de 6 % par année, sans oublier que le pays compte un grand nombre de ressortissants étrangers. Autre filière en croissance pour les exportateurs : les produits et services de haute technologie. Ceux-ci sont particulièrement recherchés parce que les entreprises et le gouvernement des Émirats font grand cas de l’innovation et sont souvent les premiers à adopter les nouvelles technologies de pointe.
C’est à Dubaï que se tiendra l’exposition universelle de 2020, ce qui laisse miroiter un potentiel intéressant pour les exportateurs canadiens dans le secteur de l’infrastructure. Le gouvernement des Émirats arabes unis s’est donné pour mission de faire de son pays la plaque tournante du commerce entre l’Asie et l’Occident, et injecte donc des sommes colossales dans l’énergie renouvelable, les aéroports et réseaux de métro, les terminaux de gazoduc et divers autres projets d’envergure.
Les Émirats continuent aussi de prendre des mesures pour créer un climat propice aux affaires. Par exemple, l’État a adopté il y a peu une nouvelle loi offrant des protections aux entreprises contre la faillite et l’insolvabilité – une bénédiction pour les PME du pays comme pour les exportateurs et les investisseurs étrangers qui cherchent à neutraliser les risques qu’ils courent.
- Cote de risque à court terme : moyen
- Principales exportations canadiennes (2018) : grains et oléagineux; aéronefs et pièces; machines industrielles
- Valeur totale des exportations canadiennes (2018) : 1,3 milliard de dollars
- Accords de commerce international avec le Canada : non
- Population : 9,5 millions
- PIB par habitant (2018) : 43 005 dollars américains