Selon nos prévisions, les exportations canadiennes de marchandises devraient poursuivre sur leur lancée exceptionnelle de l’an dernier et progresser à nouveau de 6 % en 2018, puis de 4 % en 2019. Cette année, la bonne tenue des produits de base et des biens manufacturés contribuera de belle façon à la performance. Par ailleurs, nous tablons sur une croissance soutenue de 4 % en 2018 et en 2019 des exportations de services, dont l’importance est grandissante au sein de l’économie canadienne. Comme c’est habituellement le cas, la plupart des exportations de biens du Canada prendront la direction des marchés développés. Compte tenu de la diversification des ventes, la croissance des exportations vers les marchés émergents continuera de surpasser celle à destination des marchés développés. Ce mouvement de diversification est décelable dans tous les secteurs.
Dans le secteur de la fabrication, l’aéronautique devrait inscrire les gains les plus impressionnants à la faveur d’exportations avoisinant les 19 milliards de dollars canadiens en 2018, soit une envolée de 19 % par rapport à l’an dernier, et elles devraient se raffermir à nouveau de 10 % en 2019. Par ailleurs, les exportations du segment de la machinerie et de l’équipement industriels augmenteront au remarquable taux de 8 % cette année et en 2019, propulsées par la forte augmentation des investissements dans les immobilisations aux États-Unis visant à remédier aux contraintes de capacité et par une réforme de la fiscalité des sociétés favorable aux investisseurs. En revanche, les exportations automobiles se tasseront en 2018, mais reprendront un peu d’allant l’an prochain. On s’attend à ce que la dynamique positive de la demande stimule les ventes à l’étranger de pièces d’auto et de matériel de transport lourd. Cependant, les exportations de voitures particulières et de véhicules légers décéléreront légèrement sous l’effet de facteurs structurels persistants et de la fermeture temporaire d’usines, ce qui pèsera sur la production canadienne.
L’imposant secteur de l’énergie du Canada, dont les exportations ont connu une embellie de 34 % en 2017, avancera au taux plus modéré de 9 % cette année, pénalisé en partie par les contraintes touchant les volumes. Les exportations de bois d’œuvre et de pâtes et papiers devraient connaître une expansion de 12 % cette année et de 7 % en 2019. Cet essor sera favorisé par le dynamisme des mises en chantier d’habitations aux États-Unis qui alimente la demande de même que les contraintes de l’offre en Colombie-Britannique. L’optimisme envers le segment des minerais et métaux s’explique par une production aurifère accrue et par l’ascension des cours du cuivre. Un fléchissement des exportations agroalimentaires est néanmoins attendu cette année, notamment dans les produits de la mer où l’offre est limitée.
Au nombre des vents contraires assombrissant les perspectives en 2018 et en 2019, on compte la mondialisation du protectionnisme et la réévaluation des risques sur les marchés émergents. Ces perspectives pourraient s’embellir grâce à une expansion plus rapide que prévu du commerce international – facilitée par l’actualisation de la demande comprimée sur les grands marchés d’exportation – et à une croissance synchronisée de l’économie mondiale.
Prévisions des exportations canadiennes de marchandises, par secteur
| Principaux secteurs | G CAD 2017 | Part (en %) des exportations totales 2017 | 2017 | Part (en %) des exportations totales 2017 | 2019 (p) |
|---|---|---|---|---|---|
| Total des exportations | 614 | 100.0% | 6.2% | 6% | 4% |
| Total – Secteur des services | 113 | 18.4% | 3.9% | 4% | 4% |
| Total – Secteur des biens | 501 | 81.6% | 6.8% | 6% | 4% |
| Technologies de pointe | 17.6 | 2.9% | 1.3% | 1% | 1% |
| Aéronautique | 16.5 | 2.7% | 1.0% | 19% | 10% |
| Agroalimentaire | 63.9 | 10.4% | 3.1% | -1% | 4% |
| Automobile | 83.8 | 13.6% | -6.6% | -2% | 4% |
| Produits chimiques et plastiques | 43.1 | 7.0% | -0.6% | 12% | 3% |
| Biens de consommation | 22.4 | 3.7% | -6.5% | 1% | 3% |
| Énergie | 102.6 | 16.7% | 33.8% | 9% | 3% |
| Engrais | 6.6 | 1.1% | -0.3% | 13% | 4% |
| Produits forestiers | 34.1 | 5.5% | 4.1% | 12% | 7% |
| Machinerie et équipement industriels | 26.8 | 4.4% | 10.0% | 8% | 8% |
| Minerais et métaux | 78.3 | 12.7% | 11.0% | 7% | 3% |
| Transactions particulières* | 5.4 | 0.9% | -4.8% | 5% | 9% |
| Pour mémoire | |||||
| Exportations de biens nominales (autos et énergie exclues) | 314.7 | 51.2% | 3.9% | 7% | 4% |
| Exportations de biens nominales (énergie exclue) | 398.5 | 64.9% | 1.5% | 5% | 4% |
Sources : Statistique Canada, Services économiques d’EDC. Les données de 2017 sont réelles, celles de 2018 et de 2019 sont des prévisions.
Les transactions particulières* désignent surtout les transactions de faible valeur, la valeur des réparations à l’équipement et les biens retournés au pays d’origine.
Les chiffres de la croissance des exportations provinciales présenteront de fortes variations cette année. En 2019, l’élan se ralentira, mais toutes les provinces afficheront une solide croissance à l’export dans un contexte commercial rendu plus prévisible à la suite de l’annonce du nouvel Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC).
La croissance nominale des exportations de Terre-Neuve-et-Labrador dépassera 10 % en 2018 et en 2019, à la faveur d’une augmentation de la production à la plateforme pétrolière marine Hebron et d’une intensification des activités à l’usine de traitement du nickel de Vale, à Long Harbour. À l’Île-du-Prince-Édouard, une contraction des exportations est attendue cette année. Toutefois, le secteur de la fabrication d’aliments congelés – le plus important de la province – appuiera un rebond de 8 % de la croissance en 2019. Fait à noter, la conclusion du nouvel accord commercial avec l’UE multipliera le nombre de marchés d’exportation de la province dans les filières de l’agriculture et de l’aquaculture.
En Ontario, l’incertitude entourant l’avenir de l’ALENA et l’imposition possible de droits de douane à l’encontre du secteur automobile ont assombri les perspectives pendant une bonne partie de 2018. L’accord de principe relatif à l’AEUMC a toutefois éliminé cette menace. Cette évolution, conjuguée à des perspectives favorables pour les exportations de la province dans les secteurs des minéraux, de la fabrication et de l’équipement industriels ainsi que des biens de consommation, imprimera une vigoureuse impulsion de 4 % à la croissance des exportations en 2019.
Les exportations du Nouveau-Brunswick devraient enchaîner deux années de croissance positive sous l’effet du raffermissement des produits de base, de conditions plus clémentes pour le secteur de la pêche et de la décision rendue par la Commission américaine du commerce international d’annuler les droits de douane visant les exportations canadiennes de papier journal.
Au Québec, l’accélération de la production dans le secteur aéronautique et l’expansion de la mine d’or Éléonore contribueront à une envolée soutenue de 4 % de la croissance des exportations en 2019. Cet essor sera bonifié par les attentes d’entrée en service de nouvelles capacités de production minières et d’une hausse des exportations d’électricité dans la belle province.
L’ouverture de la mine d’or Touquoy et la mise en place du nouvel accord commercial avec l’UE dynamiseront les exportations de la Nouvelle-Écosse cette année et l’an prochain. De même, l’accroissement de la production aux mines de cuivre Highland Valley et Mount Milligan stabilisera la progression des exportations de la Colombie-Britannique en 2019. Par ailleurs, la possibilité d’une décision favorable à l’égard d’un terminal de gaz naturel liquéfié de 40 milliards de dollars, capable d’approvisionner l’Asie, fait souffler un vent d’optimisme.
Malgré un tableau contrasté en matière de développement des cultures, notamment en raison de la sécheresse ayant sévi dans certaines régions de la province, le Manitoba dégagera une croissance à l’exportation dans les deux chiffres cette année, puis de 5 % en 2019. Ce bel élan profitera d’investissements nécessaires dans le secteur de la transformation alimentaire de la province dans le cadre de projets comme les nouvelles installations de transformation de pois de la société Roquette de 400 millions de dollars conçues pour répondre à la demande mondiale d’aliments d’origine végétale riches en protéines.
Prévisions des exportations canadiennes de marchandises, par province
| Provinces | G CAD 2017 | Part (en %) des exportations totales de biens 2017 | 2017 | Prévisions des exportations (croissance en %) 2018 (p) | 2019 (p) |
|---|---|---|---|---|---|
| Total des exportations de biens | 501.0 | 100.0% | 6.8% | 6% | 4% |
| Alberta | 100.6 | 20.1% | 26.9% | 11% | 3% |
| Colombie-Britannique | 43.4 | 8.7% | 11.8% | 4% | 4% |
| Île-du-Prince-Édouard | 1.3 | 0.3 % | 4.9% | -4% | 8% |
| Manitoba | 13.8 | 2.8% | 2.6% | 10% | 5% |
| Nouveau-Brunswick | 12.9 | 2.6% | 20.9% | 10% | 6% |
| Nouvelle-Écosse | 5.4 | 1.1% | 2.4% | 11% | 3% |
| Ontario | 199.4 | 39.8% | -3.0% | 1% | 4% |
| Québec | 83.2 | 16.6% | 6.0% | 6% | 4% |
| Saskatchewan | 28.5 | 5.7% | 7.1% | 8% | 4% |
| Terre-Neuve-et-Labrador | 10.1 | 2.0% | 20.9% | 33% | 11% |
| Territoires | 2.5 | 0.5% | 48.3% | 10% | 4% |
Sources : Statistique Canada, Services économiques d’EDC. Les données de 2017 sont réelles, celles de 2018 et de 2019 sont des prévisions.