(également paru dans la rubrique des opinions de l’édition du 28 novembre 2018 du Hill Times)

Benoit Daignault, président et chef de la direction d'EDC

Il suffit de suivre l’actualité pour se rendre compte que nous vivons dans un monde où les attentes sont particulièrement élevées. La façon dont les sociétés, les gouvernements, les institutions financières et les entreprises de toutes tailles exercent leurs activités est scrutée à la loupe. Jadis considérée comme un atout parmi d’autres, la responsabilité sociale des entreprises (RSE) est aujourd’hui un incontournable.

Adopter des pratiques commerciales responsables ne se limite pas à « agir correctement ». En vérité, ces pratiques forment les piliers de la performance commerciale d’une organisation. Une recherche menée par l’Association pour l’investissement responsable a rassemblé plus de 2 000 études établissant une corrélation positive entre la RSE et la performance financière. Vu le lien entre les aspects éthique et financier, on s’attend maintenant, partout dans le monde, à ce que les entreprises fassent des affaires sans quitter des yeux les intérêts de la société au sens large – une attente au fond bien légitime.

Cette préoccupation vient complexifier encore plus le commerce international. Dans son rôle d’institution financière ayant comme vocation de promouvoir et de développer les exportations canadiennes, Exportation et développement Canada (EDC) doit veiller à ce que ses pratiques de gestion des risques – les risques de crédit et tous les autres types de risques – soient rigoureuses et qu’elles lui permettent de prendre des décisions d’affaires judicieuses.

Mais au-delà des mots, comment cela se traduit-il dans la pratique? Comment pouvons-nous conduire nos activités de manière responsable tout en appuyant la réalisation de notre mandat?

Il nous faut d’abord respecter les normes reconnues à l’échelle internationale. EDC exerce ses activités en accord avec les obligations internationales du Canada, notamment celles liées à la RSE, aux pratiques d’affaires responsables et aux lignes directrices pertinentes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour les organismes de crédit à l’exportation. Selon la nature de la transaction, des normes de performance de la Société financière internationale et les Principes de l’Équateur peuvent aussi s’appliquer. Cette approche est par ailleurs soutenue par une étroite collaboration avec la société civile et les parties prenantes de l’industrie à propos des pratiques exemplaires émergentes, et par notre récente adhésion au groupe de travail sur les divulgations financières liées au climat.

En adoptant des normes et des pratiques de contrôle préalable rigoureuses, nous pouvons prendre des décisions éclairées quant aux entreprises que nous soutenons au Canada et à l’étranger. Certains diront que la meilleure façon d’éviter les risques de RSE est de simplement refuser de traiter avec des entreprises ayant déjà éprouvé des problèmes dans ce domaine. Il est vrai que cette solution semble s’imposer d’elle-même, mais nos nombreuses années d’expérience à réaliser des contrôles préalables et à gérer les risques dans toutes leurs déclinaisons ont démontré que cette voie témoigne d’un manque de vision. Pourquoi? Parce qu’une réponse catégorique limite le dialogue, l’engagement et les chances d’amélioration.

Nous accordons une immense valeur au fait qu’en collaborant avec les entreprises, nous les aidons à faire évoluer leurs pratiques. Nous ne sommes pas les seuls à penser ainsi : les Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme des Nations Unies s’inscrivent dans la même approche. C’est en travaillant avec les entreprises que nous pouvons leur faire connaître les incidences négatives de leurs activités et leur montrer comment y remédier et les éviter.

Les entreprises devant relever des défis de taille en matière de RSE ont le choix : se prendre en main et agir afin d’améliorer leurs pratiques, ou bien ne rien changer. La viabilité de la seconde option est toutefois faible, et les entreprises qui la privilégient finissent par en souffrir. Mon expérience m’a appris que les organisations qui se livrent à un examen honnête et réaliste de leurs pratiques en ressortent déterminées à surpasser les attentes en revoyant leurs pratiques, et bien souvent, elles parviennent à créer des programmes exemplaires.

Dans le cadre de la relation financière qu’elle établit avec les entreprises, EDC peut les guider et les inciter à maintenir le cap sur l’amélioration de leurs pratiques. Pour créer des conditions gagnantes, EDC tisse des relations positives, mise sur un engagement et une surveillance soutenus, et offre des incitatifs financiers. Sur le terrain, une telle approche porte parfois ses fruits, mais elle se révèle aussi parfois infructueuse.

En voici un exemple. EDC avait signé un accord de financement avec une entreprise en Asie dans le but d’influer sur les pratiques de RSE de sa société mère, tout en procurant aux entreprises canadiennes des débouchés sur cet important marché en pleine croissance. Cependant, les événements et les évaluations ultérieurs ont montré que les progrès de la société mère à ce chapitre étaient insuffisants; nous avons donc mis fin à notre relation d’affaires.

Trouver le bon équilibre est une préoccupation de premier plan pour EDC. Afin d’apprendre à mieux gérer ces décisions dans un contexte où les risques évoluent rapidement, nous avons mis en branle un projet qui renforcera nos pratiques de gestion des risques. L’une des composantes centrales de ce projet est l’aménagement d’une culture d’affaires favorisant une compréhension approfondie du risque et de notre tolérance au risque. Nous en sommes à concevoir un cadre stratégique où la gestion des risques serait l’affaire de tous, et pas uniquement celle d’une seule équipe, et un élément essentiel des discussions à tous les échelons, de la haute direction aux employés.

Le Canada s’est doté d’un programme commercial ambitieux. Même si nous croyons que le commerce fait partie intégrante de notre nation depuis ses débuts, notre avenir dépend de notre capacité à le dynamiser. Pour ce faire, il est impératif de se diversifier. Nous devons encourager les entreprises canadiennes à prospérer au-delà des marchés traditionnels et à envisager de faire affaire dans des environnements présentant plus de risques.

Notre rôle est de demeurer à l’affût de l’évolution des pratiques exemplaires à l’échelle mondiale, et de déployer tous les efforts nécessaires pour que les entreprises canadiennes exportatrices, peu importe leur taille, puissent en toute confiance partir à la conquête du monde.

À propos d'EDC

Société d’État à vocation financière, Exportation et développement Canada (EDC) aide les entreprises canadiennes à générer des retombées au Canada et à l’étranger. EDC leur offre les produits financiers et l’expertise dont elles ont besoin pour percer de nouveaux marchés en toute confiance, réduire le risque financier et croître en mondialisant leurs activités. Ensemble, EDC et les entreprises canadiennes bâtissent une économie plus prospère, plus forte et plus durable pour toute la population canadienne.

Pour savoir comment nous pouvons aider votre entreprise, appelez le 1-800-229-0575 ou rendez-vous au www.edc.ca.