Juin 2021 

Si vous possédez ou dirigez une petite entreprise au Canada, vous vous reconnaîtrez possiblement dans l’un des scénarios suivants. 

L'idée

Scénario A : 

Vous êtes un nouvel entrepreneur et vous avez une idée géniale, un solide plan d’affaires, des prévisions détaillées et un comptable compétent. Vous êtes bien préparé, mais sans fonds de roulement, vous ne pouvez pas démarrer votre entreprise.

Le développement

Scénario B :

Votre entreprise roule depuis plus d’un an. Vous avez peaufiné et rationalisé tous les aspects de vos activités et tirez une grande fierté des commentaires élogieux de vos clients sur vos services. Vous faites des profits, mais il faudra des années avant que vous ayez accumulé suffisamment de fonds pour croître et concrétiser votre vision.

Le succès

Scénario C :

Vous avez réussi! Vous avez trimé dur et pris de judicieuses décisions – et peut-être bénéficié d’un petit coup de chance à l’occasion. Vous avez tenu le bon discours devant les bonnes personnes et décroché un contrat important qui alimentera vos affaires pendant de nombreuses années. Mais maintenant, vous avez besoin de fonds, rapidement. Sans matériel, équipement et personnel supplémentaires, vous aurez de la difficulté à tenir vos promesses – et votre client ne vous paiera qu’une fois le contrat rempli.

Des milliers d’entreprises canadiennes comme la vôtre sont confrontées chaque jour à des défis de la sorte. Contracter un prêt commercial auprès d’une grande banque semble être la solution évidente. Après tout, vous êtes une personne intelligente, responsable et travaillante, et vous avez toujours respecté vos engagements par le passé. Il semble raisonnable que les banques soient favorables de vous prêter de l’argent. 

Vous constaterez bien vite que ce n’est pas toujours le cas.  

 

 

Obtenir un prêt bancaire au Canada n’est pas chose facile 

L’industrie bancaire canadienne est dominée par une poignée de gros joueurs. Il existe huit banques de l’annexe I, lesquelles occupent entre 60 % et 70 % de l’ensemble des parts de marché au pays. Ces banques définissent les règles dans le monde des prêts. Elles donnent le ton – et pratiquement tout entrepreneur canadien qui souhaite faire un emprunt commercial doit se mettre à leur diapason. 

Qu’est-ce qu’une banque de l’annexe I?

Une banque de l’annexe I est une banque entièrement canadienne, dans le sens où elle n’appartient ni n’est affiliée à aucune institution étrangère. 

Toutes les grandes institutions bancaires canadiennes sont désignées comme des banques de l’annexe I. Autrement dit, si vous avez un compte chèques ou un compte d’épargne au Canada, vous traitez probablement avec l’une d’entre elles. Vous trouverez la liste complète des banques de l’annexe I ici

En quoi cela complique-t-il l’obtention d’un prêt? C’est que les banques du Canada cherchent à maximiser leurs profits en prenant un minimum de risques.

Si vous faites une demande d’emprunt, elles voudront examiner votre historique de transactions – en particulier votre flux de trésorerie par rapport à vos besoins en fonds de roulement – et sont très peu enclines à prendre des risques pour des entreprises qui n’ont pas d’antécédents de crédit.

« Si vous êtes une jeune entreprise qui demande des fonds à une banque de l’annexe I, en général, celle-ci exigera un deux pour un », explique Luc Fournier, vice-président régional, Réseaux bancaires, à Exportation et développement Canada (EDC), qui travaille depuis 10 ans dans le secteur canadien des services bancaires aux entreprises. « La banque vous dira “montrez-moi que vous avez 2 $ et je vous prêterai 1 $”, ce qui va à l’encontre du principe même de l’emprunt. » 

Mais ce ne sont pas là les seuls défis. La plupart des emprunteurs potentiels devront fournir leurs états financiers des trois dernières années, voire plus, pour qu’on daigne considérer leur demande. En résumé, si vous êtes nouveau sur le marché – peu importe que votre idée soit géniale, que votre plan d’affaires soit rigoureux et que vos projections soient solides – les grandes banques ne seront pas là pour répondre à tous vos besoins.

Au Canada, les entrepreneurs doivent engendrer eux-mêmes un flux de trésorerie entièrement viable avant de pouvoir songer à emprunter à l’aide des méthodes traditionnelles. Pendant vos trois premières années d’exploitation, vous devrez donc faire preuve d’ingéniosité pour obtenir des fonds. 

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe une foule d’autres façons d’accéder à de l’argent. Mais trouver la solution – et le taux – qui convient à vos besoins requiert quelques efforts. 

Heureusement pour vous, EDC s’y connaît bien en financement : un volet fondamental de notre mission est de faire en sorte que les entreprises canadiennes comme la vôtre aient plus facilement accès aux ressources dont elles ont besoin pour croître. 

Talentueuse jeune femme graphiste faisant un croquis dans un cahier pour un nouveau projet d’entreprise

 

Mieux vaut y réfléchir à deux fois avant d’emprunter 

Cet article présente en détail tout un éventail de solutions pour les entreprises canadiennes qui, comme la vôtre, ont besoin de capitaux, mais n’arrivent pas à en obtenir par les canaux traditionnels. M. Fournier exhorte cependant les entrepreneurs à repousser autant que possible le financement par emprunt dans leur planification. Bref, n’empruntez pas si ce n’est pas absolument nécessaire. 

Il fournit pour cela deux raisons : 

  • Les taux d’intérêt sont déterminés par la banque centrale du Canada et vous ne pouvez pas contrôler le coût d’emprunt. Par exemple, votre prêteur pourrait vous informer demain matin d’une hausse de 1 % du taux d’intérêt de votre marge de crédit. Cette soudaine augmentation pourrait avoir une incidence majeure sur vos résultats financiers, et est littéralement hors de votre contrôle. 
  • La concurrence de plus en plus vive au sein du marché mondial entraîne une baisse des prix dans de nombreux secteurs et, par le fait même, une réduction des marges bénéficiaires. « Si d’un côté le coût d’emprunt augmente et que, de l’autre, vos marges s’amincissent alors que vous percez de nouveaux marchés, vous risquez la catastrophe, prévient M. Fournier. » 

Alors, comment accéder à des fonds sans contracter une dette? « Il y a l’investissement en capital, le capital de risque, les prêteurs non traditionnels – pensez technologies financières – ou les investisseurs providentiels. Pour se lancer, le financement par actions est parfois la solution la plus simple, ajoute M. Fournier. »

Je sais que c’est crève-cœur – les entrepreneurs détestent céder ne serait-ce qu’une fraction de leur compagnie, ajoute Fournier. Mais c’est un pas dans la bonne direction et la vente est loin d’être définitive. Si les choses se déroulent bien, vos investisseurs voudront rester à vos côtés et possiblement investir davantage. Et si vous vous y prenez bien, vous pourriez même être en mesure de racheter leurs parts.

 

Prévoir ses flux de trésorerie 

Assurez-vous de bien comprendre les flux de trésorerie de votre entreprise pour savoir pendant combien de temps vos fonds vous permettent de fonctionner et pouvoir vous préparer au pire. Il arrive trop souvent que les entreprises se concentrent sur leurs activités quotidiennes en oubliant de planifier à moyen ou à long terme. En cas de catastrophe, elles se retrouvent alors sans plan d’urgence. Par ailleurs, pour demander un prêt, vous devez savoir combien d’argent il vous faut. 

La tâche peut paraître décourageante. Heureusement, il existe des outils pour vous aider. Les prévisions financières comportent cinq éléments de base : 

  1. Les prévisions de ventes : une description détaillée de votre volume de ventes prévu pour une période donnée, avec les sources de revenus, les coûts pour l’entreprise et les marges brutes. 
  2. Le budget des dépenses : la liste de vos coûts fixes et variables. En déduisant ces coûts de la marge brute, vous obtenez votre bénéfice d’exploitation. Soustrayez à celui-ci vos dettes, vos impôts et vos charges d’exploitation, et vous obtenez votre résultat net. 
  3. L’état des résultats : ce document présente vos dépenses et vos revenus, ainsi que vos pertes et vos gains. 
  4. L’état des flux de trésorerie : le détail des entrées et des sorties d’argent de votre entreprise. Un outil particulièrement important pour prouver votre solvabilité. 
  5. Le bilan : la valeur nette de votre entreprise (ses capitaux propres, ses actifs et ses dettes). 

Établir des prévisions est crucial pour toute entreprise, en plus d’être la première étape essentielle pour accéder à plus de fonds. Consultez notre guide gratuit sur les prévisions financières pour en savoir plus à ce sujet. 

 

Subventions gouvernementales : obtenir de l’argent gratuitement 

Le gouvernement fédéral canadien propose des programmes de financement destinés à soutenir les petites entreprises comme la vôtre.

Avantages : Difficile de faire mieux qu’un don d’argent. Le plus beau dans tout ça, c’est que les subventions ne comportent aucun des risques associés à l’emprunt. 

Pour trouver ce type d’aide financière, commencez vos recherches du côté d’un site gouvernemental, comme celui d’Innovation Canada, qui propose une liste assez complète des aides gouvernementales offertes aux petites entreprises, par province. 

Vous pouvez aussi choisir de prendre part à des activités ou à des programmes du gouvernement. Par exemple, le Programme de la recherche scientifique et du développement expérimental permet aux entreprises de profiter d’un crédit d’impôt substantiel et n’exige pas de présenter une proposition de projet. 

Inconvénients : Vous pourriez avoir à faire beaucoup de recherches avant de trouver une subvention à laquelle votre entreprise est admissible. De plus, les aides varient d’une région géographique à l’autre et ne sont pas aussi généreuses partout. 

Certains secteurs bénéficient aussi d’un meilleur soutien. Par exemple, si vous êtes dans le domaine des énergies renouvelables, le gouvernement canadien propose tout un éventail d’options. Mais si vous vendez des chandails tricotés à la main, vous risquez d’avoir du mal à trouver du financement auprès de l’État. 

Pour simplifier vos recherches, essayez l’appli Entreprises Canada. Cette application mobile gratuite créée par Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDE) est conçue spécialement pour aider les propriétaires de petites entreprises à s’y retrouver parmi les différents programmes gouvernementaux. De plus, l’appli est constamment mise à jour pour tenir compte des dernières nouveautés. 

Il existe également un grand nombre d’entreprises privées qui peuvent vous aider à trouver les bonnes subventions et même rédiger les demandes en votre nom. Ce genre de service coûte de l’argent, mais l’investissement peut en valoir la peine. 

 

Prêteurs non traditionnels : sortir des sentiers battus 

Le terme « prêteur non traditionnel » désigne habituellement un établissement financier qui n’offre pas toute la gamme de services qu’offre une banque de l’annexe I, mais qui peut prêter de l’argent à votre entreprise. Ce genre de prêt peut prendre différentes formes : 

  • Financement d’équipement : un crédit garanti par des biens physiques appartenant à votre entreprise, comme de la machinerie. 
  • Prêt à terme : un crédit à court terme offrant un accès stable à du financement. 
  • Prêt entre pairs : un prêt direct d’un investisseur à un emprunteur, qui se fait sur un « marché de prêts » en ligne. 
  • Prêt de la Banque de développement du Canada (BDC) : à titre de société d’État, BDC offre plusieurs programmes, y compris les prêts Xpansion, pour aider les petites entreprises à accéder à des fonds essentiels. (Voir plus bas.) 
  • Prêt d’Industrie Canada : ce ministère du gouvernement fédéral peut faire le pont entre les institutions financières et les petites entreprises pour aider celles-ci à obtenir des prêts plus facilement. 

Avantages : Les prêteurs non traditionnels offrent souvent davantage d’options et des termes plus longs. De plus, leurs critères sont généralement moins élevés que ceux des banques. Le versement se fait aussi plus rapidement – si vous choisissez le bon prêteur (et faites votre demande correctement), vous pourriez avoir accès aux fonds en quelques jours ou en quelques semaines, alors que le même processus peut demander des mois, voire des années, avec les banques de l’annexe I. 

Inconvénients : Accéder plus facilement à des fonds a son prix. Vous devrez probablement payer plus de frais et des taux plus élevés que si vous aviez contracté un prêt auprès d’une banque traditionnelle. Soyez prudent : ne vous engagez pas à faire des paiements que vous ne pourrez peut-être plus vous permettre dans un an. 

 

L’affacturage : une rentrée d’argent rapide, mais coûteuse 

L’« affacturage » désigne l’opération par laquelle une entreprise cède ses créances à un établissement de crédit spécialisé qui se charge de leur recouvrement. Autrement dit, si votre entreprise attend une importante rentrée d’argent l’année prochaine, mais qu’elle a besoin de liquidités dans les jours qui viennent, l’affacturage pourrait être la solution. 

Avantages : L’affacturage a le potentiel d’augmenter considérablement votre flux de trésorerie en peu de temps tout en vous évitant de contracter une dette. Cette opération peut également vous aider à établir des antécédents de crédit, un atout certain si votre petite entreprise est relativement jeune. 

Inconvénients : Les principaux inconvénients de l’affacturage concernent les coûts et les formalités administratives. 

  • Parlons d’abord des coûts. Vous cédez au rabais vos factures impayées à une société d’affacturage. Par exemple, si vous cédez à l’affactureur une facture qui vaut 100 000 $ à un taux de 90 %, vous recevrez 81 000 $ immédiatement – soit 90 % de 90 000 $.  
    L’affactureur retient les 10 % restants en garantie le temps de recouvrer les sommes dues. Vous recevrez ces 10 % une fois le processus de recouvrement terminé – moins les frais d’affacturage, qui peuvent s’élever à 3 % de la facture totale. Toucher l’argent qu’on vous doit par l’entremise d’un affactureur peut ainsi vous coûter des milliers de dollars, selon le montant dû. 
  • Les formalités administratives peuvent s’avérer pénibles. La société d’affacturage demandera à voir : 

    1. Le bon de commande 
    2. Les factures 
    3. Le bordereau d’expédition 
    4. Le connaissement (pour les commandes internationales) 
    5. Le reçu 

Et ce n’est que le début – dans bon nombre d’industries, cette liste est beaucoup plus longue. Assurez-vous que vos affaires sont en ordre avant de faire appel à un affactureur.  

Femme mûre propriétaire petite entreprise ouvrière Colis d'emballage

 

Nous sommes là pour vous 

Gérer une petite entreprise n’est jamais de tout repos, même en temps normal – et rien n’est normal ces temps-ci. Il s’agit d’un contexte sans précédent pour les entreprises canadiennes. Devoir trouver du financement dans une telle période peut paraître accablant. 

Mais vous n’êtes pas seuls. Si vous cherchez à obtenir des fonds pour votre entreprise, vous vous approchez déjà du but en lisant cet article. Vous trouverez ci-dessous des liens utiles pour chacun des sujets abordés. Ces liens mènent à des ressources fiables qui vous aideront à prendre des décisions éclairées quant aux options de financement qui s’offrent à vous. 

Et nous pouvons en faire beaucoup plus pour vous. Inscrivez-vous gratuitement à MonEDC pour obtenir des conseils d’expert et des renseignements utiles sur les meilleures façons de développer vos activités. L’abonnement à MonEDC vous permet de : 

À EDC, nous sommes prêts à vous soutenir à chaque étape de votre croissance et de votre expansion sur les marchés internationaux. Commençons tout de suite!

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Date de modification : 2021-06-08