Alors que le Canada célèbre le Mois de l’histoire autochtone, Jenn Harper entend faire ce qui lui semble évident : redonner à la communauté autochtone en faisant don du produit de la vente de certains de ses cosmétiques.

En 2016, Harper a lancé Cheekbone Beauty, la première entreprise autochtone de cosmétiques au Canada, « afin de créer un espace dans l’industrie de la beauté où les jeunes autochtones se sentent représentés » et les femmes autochtones, valorisées.

Jenn Harper, fondatrice et propriétaire de Cheekbone Beauty, la première entreprise autochtone de cosmétiques au Canada.


Dans le cadre du Mois de l’histoire autochtone, elle s’est associée à Sephora, un détaillant de renommée mondiale, dans le cadre d’une campagne nationale intitulée #GlossedOver. La totalité des revenus générés par les ventes de produits Cheekbone Beauty chez Sephora durant le mois de juin sera ainsi versée à Water First, un organisme qui s’emploie à rendre l’eau potable accessible aux communautés autochtones au Canada.

En janvier 2022, environ 94 communautés des Premières Nations au Canada, soit une sur six, n'avaient pas accès à de l'eau potable, selon Water First.

« Pouvoir redonner à la communauté et servir de modèle à la jeunesse autochtone est l’une des raisons pour lesquelles Cheekbone Beauty a été fondée », explique l’entrepreneure primée. Elle a récemment reçu les plus hautes distinctions pour ses qualités de chef d’entreprise de la part d’Indspire, un organisme caritatif national qui investit dans la formation des Premières Nations, des Inuits et des Métis. 

« Cheekbone a fait des dons de plus de 150 000 $ pour soutenir les femmes et les jeunes autochtones. Cette initiative revêt une grande importance, car la culture autochtone considère que le succès n’est pas déterminé par l’argent gagné, mais par l’impact que vous avez sur votre communauté », explique Harper, qui a lancé son entreprise de vente directe aux consommateurs (en ligne) pour promouvoir l’inclusion et la diversité dans l’industrie de la beauté. 

« Redonner à la communauté fait partie des principes fondamentaux de la marque, et il est primordial pour moi d'aider les autres d’une manière ou d’une autre. »


Sa collection de produits cosmétiques comprend des rouges à lèvres, des crayons pour les yeux, des fards à joues en poudre et du mascara écologiques et de qualité supérieure. Ces articles sont offerts sur son
site Web, sur le site Web de Sephora et dans 15 de leurs magasins.

« Dans la culture autochtone, les enseignements mettent particulièrement l’accent sur la beauté de la nature. Nos produits sont fabriqués à partir d’ingrédients naturels et purs et intègrent des composants réutilisables. Tout cela est possible parce que nous disposons de notre propre laboratoire et que nos emballages sont durables », affirme Harper, qui emploie un chimiste à plein temps pour mettre au point ses produits cosmétiques.

« L’innovation est au cœur de tout ce que nous faisons, il était donc logique que nous ayons notre propre laboratoire. Nous pouvons ainsi combiner la sagesse autochtone à la science occidentale pour créer les meilleures formules possible. » 

Les défis à relever 

Élevée par sa mère caucasienne, mais ayant repris contact avec son père autochtone des années plus tard, Harper explique que « l’un des plus grands obstacles à surmonter en tant qu’entrepreneure autochtone est la sous-représentation de personnes ayant le même profil dans les médias et la culture populaire ». 

« La culture autochtone est au cœur de Cheekbone. J’ai dû surmonter mes problèmes personnels pour continuer à connaître du succès dans le secteur des cosmétiques et des affaires, univers dans lequel aussi bien moi que les autres Autochtones sommes sous-représentés. »

La conquête des marchés mondiaux

La petite entreprise qu’elle a démarrée dans son domicile à St. Catharines, en Ontario, est aujourd’hui une marque mondiale, malgré les difficultés posées par la COVID-19 au cours des deux dernières années. Harper reconnaît que son partenariat avec Sephora en 2020 et une campagne publicitaire internationale menée l’année dernière ont catapulté son entreprise au-delà des frontières.

« Pour nous démarquer de la concurrence, surtout en tenant compte de la croissance des ventes en ligne, nous avons misé sur le financement et la publicité, des éléments clés de notre succès pendant la pandémie », a déclaré Harper, cliente d’Exportation et développement Canada depuis le lancement de son entreprise.

En juin dernier, Cheekbone Beauty et son agence de création, Sid Lee, ont remporté le tout premier concours pour l’inclusion, la diversité et l’égalité en publicité (IDEA), organisé en partenariat avec Bell Media. 

« En remportant le prix, nous avons reçu une importante somme d’argent destinée à l’achat d’espaces publicitaires », explique Harper au sujet de cette manne d’un million de dollars. « En faisant de la publicité, nous avons pu toucher un public plus large, notamment les jeunes autochtones, à l’échelle mondiale. »

Les nouveaux crayons à lèvres de Cheekbone Beauty


L’entreprise a récemment obtenu la certification B Corp en raison de ses pratiques commerciales responsables et durables, ce qui, selon Harper, consolide la réputation de son entreprise.

« Il est important que les clients soient informés de cette certification, car elle illustre notre engagement à l’égard de la protection de l’environnement et envers nos employés », a affirmé la femme d’affaires, fière de cette réalisation. « Constituant la preuve que nous mettons en pratique ce que nous prônons, la certification contribuera à renforcer la confiance des clients à l’égard de notre marque. » 

Quelles sont les prochaines étapes?

Pour Harper, l’expansion sur les marchés américains est une priorité, et l’entreprise n’en est qu’à ses débuts.

« En ce qui concerne les autres marchés mondiaux, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Amérique du Sud offrent d’excellents débouchés à Cheekbone en raison de la forte présence autochtone sur ces territoires et de l’abondance de matières premières dont l’entreprise pourrait tirer parti », explique Harper, qui est reconnaissante à Exportation et développement Canada (EDC) de lui avoir fourni des ressources et des renseignements pour la préparer à l'exportation et l'aider à atténuer les risques.

Toutefois, elle a vite fait de rappeler qu’un aspect crucial de ses activités restera inchangé.

« Notre vision et notre mission ne changeront jamais. Il s’agit d’aider chaque enfant autochtone de la planète à percevoir et à ressentir sa valeur dans le monde. »