Jenn Harper, fondatrice de Cheekbone Beauty, première entreprise autochtone de cosmétiques au Canada

Cheekbone Beauty réinvente le secteur des cosmétiques

L’entreprise de Jenn Harper a le vent dans les voiles.

La fondatrice de Cheekbone Beauty, première entreprise de produits de maquillage détenue par une femme autochtone au Canada, a été choisie pour participer au nouveau programme SOAR Accelerator destiné à aider cinq entreprises autochtones à quintupler leur chiffre d’affaires au cours des 12 prochains mois.

« Je suis absolument ravie de pouvoir vivre cette expérience extraordinaire au côté d’autres entrepreneurs autochtones visionnaires », déclare Mme Harper qui suivra la séance intensive de formation et de mentorat à Toronto, du 14 au 16 juin, qui l’aidera à augmenter ses ventes et tisser des relations d’affaires.

« Cheekbone Beauty porte un message qui va au-delà de ma personne : l’entreprise représente l’émergence de la culture autochtone, le pouvoir de la représentation et une volonté affirmée de promouvoir un avenir meilleur ».

Coprésenté par Square, la Banque du développement du Canada (BDC) et Futurpreneur, le programme SOAR Accelerator a été lancé cette année pour corriger les lacunes du soutien offert aux entreprises autochtones. Son objectif est ambitieux : quintupler le chiffre d’affaires de cinq entreprises autochtones (dont les ventes dépassent déjà plus d’un million de dollars).

Les entreprises sélectionnées pour la présente édition sont toutes détenues et dirigées par des femmes qui vendent en ligne des biens de consommation inspirés par leur culture respective.

« SOAR Accelerator comble une importante lacune en offrant un tremplin aux entreprises autochtones canadiennes à forte croissance », déclare Sunshine Tenasco, co-créatrice de SOAR et fondatrice de Pow Wow Pitch, une compétition annuelle de présentation de produits et une organisation sans but lucratif qui soutient les entrepreneurs autochtones.

« Nous visons plus que le succès financier; nous voulons bâtir la confiance, ouvrir des portes et tirer parti de l’écosystème pour donner aux acteurs économiques autochtones les moyens de leurs ambitions, une entrepreneure ou un entrepreneur à la fois », de conclure Mme Tenasco.

Selon l’Association nationale des sociétés autochtones de financement (NACCA), on dénombre au Canada plus de 50 000 entreprises détenues par des personnes autochtones. Ces entreprises contribuent chaque année à près de 50 milliards du produit intérieur brut (PIB) du Canada.

le parcours d’une battante

Mme Harper s’est longtemps posé des questions sur son identité, et n’hésite pas aujourd’hui à parler du combat qu’elle a remporté contre l’alcoolisme et de la souffrance que lui a causée le suicide de son frère.

Le catalyseur de son entreprise en ligne a toutefois été d’apprendre en 2015 les souffrances vécues par sa grand-mère dans le système des pensionnats autochtones du Canada.

« L’un des plus grands obstacles à surmonter en tant qu’entrepreneure autochtone est la sous-représentation de personnes ayant le même profil dans les médias et la culture populaire », soutient Mme Harper qui a été élevée par une mère caucasienne, et qui n’a repris contact avec son père et sa famille autochtone qu’à l’âge adulte.

 En 2016, elle a démarré Cheekbone Beauty de son domicile de St. Catharines, en Ontario, afin de rendre hommage à ses racines anishinaabees et créer un espace dans l’industrie de la beauté où les femmes et les jeunes autochtones se sentent représentés et valorisés.

« La culture autochtone est au cœur de  Cheekbone. J’ai dû surmonter des problèmes personnels pour continuer à connaître du succès dans le secteur des cosmétiques et des affaires, un univers dans lequel aussi bien moi que les autres Autochtones sommes sous-représentés. »

Le souci de l’environnement : un engagement

En 2021, Cheekbone Beauty et son agence de création, Sid Lee, ont remporté le tout premier concours pour l’inclusion, la diversité et l’égalité en publicité (IDEA), organisé en partenariat avec Bell Media.

« En décrochant le prix, nous avons reçu une importante somme d’argent destinée à l’achat d’espaces publicitaires », explique Mme Harper au sujet de cette manne d’un million de dollars. « En faisant de la publicité, nous avons pu toucher un public plus large, notamment les jeunes autochtones, à l’échelle mondiale. »

Pour autant, Mme Harper ne s’est pas assise sur ses lauriers. En 2022, Cheekbone s’est vu décerner la certification B Corp qui souligne l’excellent bilan de l’entreprise sur les plans social et environnement, de la reddition des comptes et de la transparence. Mme Harper reconnaît que cette certification a contribué à rehausser la réputation de Cheekbone.

« C’est une information primordiale à communiquer aux clients puisqu’elle atteste notre engagement envers l’environnement et nos employés, et resserre les liens de confiance entre notre marque et notre clientèle. Cette certification  confirme que nous joignons la parole à l’acte. »

L'accès aux capitaux : un défi de taille

L’accès aux capitaux a été l’une des plus importantes entraves à l’expansion de Cheekbone. Mme Harper avait un plan d’affaires robuste et un produit formidable, mais en l’absence de financement pour percer des marchés de premier plan aux États-Unis, la partie s’annonçait difficile.

C’est là qu’est intervenu Raven Capital Partners, un fonds de capital-risque autochtone dont la mission est de donner aux entrepreneurs autochtones les moyens de réussir. Le courant est tout de suite passé entre Mme Harper et les représentants de Raven Capital : ils partageaient une mission commune et vision compatible de l’avenir de l’entreprise.

À la recommandation de Raven Capital, Mme Harper s’est tournée vers Exportation et développement Canada (EDC). À notre tour, nous l’avons aiguillé vers des institutions financières offrant notre Programme de garanties d'exportations, une solution de fonds de roulement qui fournit aux prêteurs des garanties sur les emprunts de sorte que les prêteurs ont la confiance voulue pour accorder plus de financement.

Le résultat? Grâce à ce programme d’EDC offert par BMO, Mme Harper a pu obtenir une ligne de crédit. Cheekbone Beauty a donc pu saisir de nouvelles occasions et poursuivre son expansion aux États-Unis. Elle a aussi souscrit l’Assurance crédit d'EDC pour protéger ses comptes clients contre le risque de non-paiement.

« Nous sommes fiers de travailler avec Cheekbone Beauty, tout particulièrement lorsque nous constatons la manière dont l’entreprise épaule la jeunesse et les collectivités autochtones, souligne Todd Evans d’EDC, responsable national des exportateurs autochtones.

« Quand l’entreprise fait appel à l’assurance crédit, EDC paiera si son client ne le fait pas. Il est réconfortant de se savoir ainsi protégé, en particulier quand il s’agit d’une nouvelle entreprise s’implantant sur les marchés d’exportation. »

Redonner à la collectivité

« Pouvoir redonner à la communauté et servir de modèle à la jeunesse autochtone est l’une des raisons pour lesquelles Cheekbone Beauty a été fondée », explique l’entrepreneure primée. Elle a récemment reçu les plus hautes distinctions pour ses qualités de chef d’entreprise de la part d’Indspire, un organisme de bienfaisance national qui investit dans la formation des Premières nations, des Inuits et des Métis.

À ce jour, Cheekbone a versé des dons totalisant 250 000 dollars à plusieurs causes et organismes sans but lucratif, et notamment au Navajo Water Project et au fonds pour l’enseignement de la jeunesse autochtone.

« Cette initiative revêt une grande importance, car dans la culture autochtone, ce n’est pas tant l’argent gagné que l’impact sur la communauté qui détermine le succès », soutient Mme Harper, qui a lancé son entreprise de vente en ligne (vente directe aux consommateurs) en vue de promouvoir l’inclusion et la diversité dans l’industrie de la beauté.

« Redonner à la collectivité, c’est là le fondement même de notre marque. Je me suis investie dans cette aventure parce que je voulais venir en aide à autrui», de déclarer Mme Harper, mère de deux enfants.

Sa collection de produits cosmétiques comprend des rouges à lèvres, des crayons pour les yeux, des fards à joues en poudre et du mascara écologiques et de qualité supérieure. Ces articles sont offerts sur son site Web, ainsi que sur le site Web de Sephora ainsi que dans 52 magasins Sephora.

« Dans la culture autochtone, les enseignements mettent particulièrement l’accent sur la beauté de la nature. Nos produits sont fabriqués à partir d’ingrédients naturels et purs et intègrent des composants réutilisables. Tout cela est possible parce que nous disposons de notre propre laboratoire et que nos emballages sont durables », affirme Mme Harper, qui emploie un chimiste à plein temps pour mettre au point ses produits cosmétiques.

« Comme l’innovation est au cœur de tout ce que nous faisons, il était logique que nous ayons notre propre laboratoire. Nous pouvons ainsi créer les meilleures formules possible en combinant la sagesse autochtone et la science occidentale. »

Les prochaines étapes

Pour Mme Harper, poursuivre l’expansion de son entreprise est une priorité, mais ce n’est là qu’un début. En 2023, Cheekbone Beauty a été lancé dans 609 magasins JCPenney à travers les États-Unis dans les shop-in-shops Thirteen Lune.

« En ce qui concerne les autres marchés mondiaux, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Amérique du Sud offrent d’excellents débouchés en raison de la forte présence autochtone sur ces territoires et de l’abondance de matières premières dont l’entreprise pourrait tirer parti », explique-t-elle. Mme Harper est reconnaissante envers EDC, qui lui a transmis les ressources et les renseignements qui l’ont aidé à exporter et à réduire les risques.

Toutefois, elle a vite fait de rappeler qu’un aspect crucial de ses activités restera inchangé.

« Notre vision et notre mission ne changeront jamais. Il s’agit d’aider chaque enfant autochtone de la planète à percevoir et à ressentir sa valeur dans le monde. »

     

   

                                               

Date de modification : 2023-06-16