De nos jours, l’innovation est l’avantage concurrentiel dont chaque entreprise a besoin, un avantage d’autant plus décisif pour les exportateurs canadiens, dont la concurrence se situe et sur la scène internationale, et sur la scène locale. D’ailleurs, une étude montre que la capacité d’innovation de ces derniers est de 25 % supérieure à celle des autres entreprises.

Les avantages de l’innovation sont assez évidents : une offre de produits ou de services unique en son genre permet de se démarquer de la concurrence, d’augmenter ses ventes et ses profits, de renforcer sa marque d’entreprise et même d’encourager ses employés à s’investir et à rester!

La recette pour devenir une entreprise novatrice, en revanche, est beaucoup moins claire. Certaines entreprises engagent des spécialistes de l’innovation; d’autres forment leurs employés à devenir plus créatifs. Mais un nombre grandissant d’entreprises commencent à comprendre que la solution réside davantage dans la transformation de leur environnement que celle de leurs employés.

S’inspirer des salles de classe et des jeunes entreprises

Peter Gamwell, qui collabore actuellement avec le Washington Speakers’ Bureau, est fasciné par le concept de l’innovation depuis le début de sa carrière, en tant que professeur de musique à Terre-Neuve-et-Labrador, il y a 40 ans.

Dans les salles de classe comme dans le monde des affaires, M. Gamwell a mis le doigt sur une anomalie tout à fait particulière. Dans la plupart des situations, ou des organisations, seulement une poignée d’étudiants, ou d’employés, étaient considérés comme innovants, brillants ou comme des « superstars ». Pourtant, en de rares occasions – au sein d’un groupe de travail ou d’une jeune entreprise, par exemple – il a remarqué que chaque participant apportait une contribution considérable, souvent en démontrant des qualités de meneur et des talents jusqu’alors insoupçonnés.

Comment une transformation aussi soudaine était-elle possible au sein de tout un groupe?

En fin de compte, le professeur a compris que c’étaient des conditions de travail différentes qui permettaient de faire ressortir le potentiel créatif et les aptitudes de leadership de chacun. Il s’est alors lancé dans une quête de plusieurs décennies pour définir ces conditions, en collectant les idées de milliers de personnes en cours de route.

Trois conseils pour favoriser l’innovation commerciale

Chaque entreprise, chaque employé et chaque situation est trop unique pour que l’on adopte une approche universelle en matière de créativité. Il faut voir la chose à long terme, et il existe probablement des centaines de façons de bâtir un environnement commercial novateur dans votre entreprise. Quoi qu’il en soit, selon M. Gamwell, il existe trois conditions essentielles qui, si vous réussissez à les intégrer à vos activités, vous permettront de créer un environnement propice à l’innovation.

1.  Sachez reconnaître le brin de génie qui sommeille en chacun

L’être humain n’utiliserait que 10 % de son cerveau? Heureusement pour nous, ce n’est qu’un mythe! Et pourtant, la manière dont s’organisent inconsciemment bon nombre d’entreprises ne leur permet d’exploiter qu’une infime partie de l’intelligence et de la créativité qui habitent leurs locaux.

Pour une jeune entreprise qui démarre, c’est une autre histoire : réussir rapidement ou mettre la clé sous la porte sont les seules options. Comme il y a moins d’employés, les rôles se confondent, et chacun est amené à toucher un peu à tout pour combler les vides. Une telle dynamique favorise l’émergence des talents.

Mais, après le premier gros succès, le réflexe est souvent de perpétuer la même stratégie, alors on embauche davantage, et inévitablement, les postes commencent à se spécialiser. Puis, une hiérarchie se crée, avec à son sommet la « crème de la crème », chargée d’aider les effectifs grandissants à suivre les processus aussi efficacement que possible.

Cette approche fonctionne généralement pendant un temps, voire des années, et chaque nouveau succès conforte l’entreprise dans l’idée qu’elle avance dans la bonne direction. Mais arrive un moment où les préférences et les tendances évoluent, ou bien un concurrent propose quelque chose de novateur. Le chemin tracé ne mène alors plus à la réussite. Et, ayant confié le volet créatif à ses employés les plus haut placés, l’entreprise n’est plus en position de changer de cap pour aller vers l’innovation dont elle a besoin.

Comment appliquer ce conseil à votre entreprise exportatrice?

  • Pour exploiter le potentiel de vos employés au maximum, prenez conscience qu’il y a un brin de génie en chacun d’eux, quelle que soit leur place dans l’organisation. Aplanissez votre organigramme et créez des postes mieux intégrés pour favoriser la diversification des intérêts et des connaissances.
  • Demandez à chaque dirigeant de convier un employé, un membre de votre réseau ou toute autre personne aux rencontres de la haute direction, aux activités de perfectionnement professionnel ou aux journées de réflexion.
  • Dans le même esprit, bâtissez des partenariats avec votre réseau élargi : invitez régulièrement vos agents, vos distributeurs, vos fournisseurs et les membres de votre réseau international à rencontrer vos équipes pour recueillir leurs idées d’améliorations.
  • Plus il y a de diversité, plus il y a d’idées! Profitez du statut international de votre entreprise pour favoriser la diversité à tous les échelons, tout en veillant à l’inclusion de tous.

2. Optez pour une approche axée sur les forces

Trop souvent, les activités commerciales courantes (et celles de la vie tout court!) sont vues comme une liste ennuyeuse de « problèmes à résoudre ». Et le problème avec les problèmes, c’est qu’ils ne sont jamais en rupture de stock! Une approche qui se concentre uniquement sur les lacunes nourrit un climat de négativité perpétuelle et peut rapidement drainer une organisation.

De plus, même si une culture axée sur la « résolution de problèmes » peut ouvrir la voie à l’innovation, elle ne peut pas l’amener au bout de ses possibilités. Au-delà du problème du moment, l’innovation laisse voir « ce qui pourrait être ».

L’approche axée sur les forces est la voie la plus facile vers l’innovation, et il suffit de renverser sa perspective pour voir chaque situation comme une ouverture plutôt que comme un problème.

Comment appliquer ce conseil à votre entreprise exportatrice?

  • La réussite de votre transition vers une culture organisationnelle généralisée et durable repose sur l’enthousiasme de vos équipes. Favorisez le positivisme, l’engagement et l’optimisme en adoptant une approche axée sur les forces lors de chaque réunion.
  • Ne vous concentrez pas sur les examens budgétaires et les compressions à imposer. Faites plutôt le point sur les ressources dont vous disposez et envisagez les possibilités. En tant qu’exportateur, demandez-vous quels sont les partenariats et les collaborations qui pourraient vous aider à obtenir ou à mettre en commun de nouvelles ressources, ou à gagner en efficacité opérationnelle.
  • Tout comme vous donnez à vos employés le temps de trouver des solutions aux problèmes, réservez-leur des moments pour imaginer « ce qui pourrait être » ou pour travailler sur des projets qui les intéressent. Si vos employés n’ont pas l’occasion d’être créatifs, votre entreprise ne sera pas innovante.

3. Cultivez le sentiment d’appartenance

Pour les entreprises où on analyse des chiffres autour de la table du dîner et où seuls la productivité et les résultats comptent, l’idée de passer du temps à « cultiver une culture d’appartenance » peut paraître contre-productive.

Pourtant, une telle culture n’est pas qu’un « plus sympathique ». Une étude récente sur le cerveau montre d’ailleurs que les émotions sont indispensables à l’innovation, favorisée par un environnement calme, inclusif et convivial. La logique veut que ce soit en effet le cas : une personne qui se sent mal à l’aise ou non valorisée aura moins tendance à parler de ses idées.

Comment appliquer ce conseil à votre entreprise exportatrice?

  • En tant qu’entreprise tournée vers la diversité et présente sur un large éventail de marchés, encouragez l’écoute et les échanges lors des activités et événements quotidiens. Notre cerveau est conçu pour être réceptif aux mises en récit, et c’est au contact des autres, de leurs expériences et de leurs points de vue différents que vos équipes nourriront leur créativité.
  • Cultivez un environnement où il fait bon exprimer ses idées, et encouragez les relations de parrainage pour aider vos employés les plus timides à sortir de leur coquille.
  • Voyez la célébration comme un état d’esprit, et non comme un événement isolé. Célébrez les succès, petits et grands, quotidiennement, sans attendre les réunions annuelles pour le faire.