Dans ce marché mondial volatil, il est plus que jamais essentiel d’optimiser votre stratégie de couverture du risque de change. Ce guide présente les renseignements que tout exportateur doit savoir pour gérer les risques de change, choisir les bons instruments de couverture et élaborer un plan de couverture stratégique. 

Comprendre les coûts cachés de l’absence de couverture

Certaines entreprises considèrent l’achat d’instruments de couverture comme une dépense supplémentaire, à un moment où elles souhaitent réduire leurs coûts. Outre les coûts évidents liés aux pertes sur les transactions de change négatives, l’absence de couverture entraîne au moins quatre coûts cachés :  

  • Mener les activités dans un état constant d’incertitude, incapable de confirmer avec précision le montant des entrées et des sorties de liquidités de votre organisation. 
  • Ne pas savoir comment fixer le prix des marchandises pour garantir des marges bénéficiaires suffisantes. 
  • Ne pas être en mesure de prévoir avec exactitude les rentrées et les sorties d’argent. 
  • Des occasions de croissance entravées, en raison des préoccupations liées à l’exportation ou à l’investissement sur des marchés où les fluctuations du taux de change sont plus fortes.

Le risque de change est l’un des plus grands risques auxquels font face les entreprises canadiennes qui font des affaires à l’étranger. Une bonne stratégie de couverture pour gérer ce risque vous aidera à protéger votre marge bénéficiaire, votre flux de trésorerie, votre compétitivité et bien plus encore.

Prince Owusu  —  Économiste principalExportation et développement Canada (EDC)

Cinq étapes pour renforcer votre stratégie de couverture

1. Connaître les conséquences des différents types de risques de change sur les activités de l’entreprise

Un tableau d’affichage électronique des opérations de change


Les fluctuations du taux de change peuvent avoir une incidence qui ne se limite pas à la somme d’argent que vous recevez sur vos ventes à l’étranger. Il existe trois types de risques de change, et chacun d’entre eux peut avoir une incidence sur différents aspects de vos activités. Il est judicieux de prendre en compte tous les types de risques de change et de choisir la stratégie de couverture appropriée.

Risque transactionnel

Le risque de transaction est probablement le risque le plus connu. Il se produit lorsque le taux de change à la date de la transaction diffère de celui à la date du règlement, ce qui entraîne des gains ou des pertes pour votre entreprise. Par exemple, une entreprise canadienne qui vend des appareils électroménagers à une entreprise américaine pour un montant de 100 000 dollars américains, avec des modalités de paiement de 90 jours, perdra de l’argent si la valeur du dollar canadien s’apprécie pendant la période de paiement. Ce type de perte peut nuire aux marges bénéficiaires et aux flux de trésorerie de votre entreprise. 

Risque de traduction

Si vous avez des investissements ou des succursales dans un autre pays, vous pouvez être exposé au risque de traduction. C’est le cas lorsque les fluctuations des devises ont une incidence sur vos états financiers, modifiant la valeur de vos placements à l’étranger, de vos actifs, de vos passifs, etc.

Voici un exemple simplifié. Si votre entreprise canadienne achète une nouvelle usine aux États-Unis pour 1 million de dollars américains, cette somme sera inscrite dans votre bilan en dollars canadiens au taux de change en vigueur au moment de la transaction – disons 1,35 – soit 1,35 million de dollars canadiens. Ensuite, si le dollar canadien s’apprécie à 1,2, la valeur de votre usine diminuera dans votre bilan à 1,2 million de dollars canadiens en raison de la baisse de la valeur du billet vert. En affectant vos états financiers, ce risque peut également avoir une incidence sur la gestion de l’actif et du passif, ainsi que sur la perception des investisseurs et le cours de l’action, entre autres risques.

Risque économique

Les fluctuations des devises qui affectent votre capacité concurrentielle sur les marchés étrangers sont appelées risques économiques. Par exemple, si vous êtes un fabricant canadien qui importe des matériaux de plusieurs pays et exporte ensuite ses produits finis, les fluctuations de devises peuvent avoir une incidence sur le prix, la marque et les ventes de votre produit et les bénéfices réalisés sur celui-ci, le rendant plus ou moins concurrentiel. Le risque économique a une incidence sur les services des achats et de l’approvisionnement de votre entreprise, la gestion de votre chaîne d’approvisionnement et vos décisions d’investissement à l’étranger, et plus encore.

2. Faire le suivi des événements à l’origine des fluctuations des devises

Une main affichant un bulletin de vote lors d’une élection


Les fluctuations des devises constituent depuis longtemps un défi (ou une occasion) majeur du commerce international. Les fluctuations sont causées par une myriade de facteurs complexes et il n’existe pas de moyen infaillible de prédire l’évolution de la valeur d’une monnaie. Cependant, le fait de rester au fait des événements qui ont généralement une influence sur les fluctuations peut vous aider à mieux formuler votre stratégie de couverture. 

Si les événements et les sentiments qui influencent les fluctuations des devises sont nombreux et complexes, trois facteurs peuvent faire plus de vagues que d’habitude : 

Une année électorale record

Chaque fois qu’une élection a lieu, elle peut avoir une incidence sur la valeur des devises. Les points de vue du gouvernement élu sur les mesures protectionnistes, les taux d’intérêt, les droits de douane, les accords commerciaux, les efforts de construction de l’économie et d’autres politiques peuvent tous faire monter ou baisser le cours du change.

Mais 2024 est une année record pour les élections, avec 64 élections dans le monde, en plus de l’Union européenne. Ces pays représentent 50 % du produit intérieur brut (PIB) mondial et comptent 4,2 milliards de citoyens, soit environ la moitié de la population mondiale.

Pour couronner le tout, notre principal partenaire commercial, les États-Unis, organisera ses élections en novembre prochain. Les politiques protectionnistes, pour ne citer que cet exemple, font l’objet de discussions des deux bords de la politique américaine. Les trois quarts environ de nos exportations allant au sud de la frontière, les entreprises canadiennes voudront examiner attentivement leurs stratégies de couverture. Les États-Unis ne sont pas les seuls à adopter de telles politiques. En effet, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Argentine ne sont que quelques-uns des marchés connus pour leurs politiques protectionnistes rigoureuses.

Surprises économiques et évolution de la confiance

Les prévisions économiques peuvent influer sur la confiance, un facteur déterminant de la valeur d’une monnaie. Cependant, les prévisions ne sont pas une science exacte, et l’année 2023 a été unique. La croissance prévue pour l’Europe et la Chine n’a pas été au rendez-vous, ce qui a eu une incidence sur leurs monnaies, tandis que les États-Unis ne sont pas entrés en récession comme prévu, ce qui a permis au billet vert de demeurer fort et de maintenir à flot une grande partie de l’économie mondiale. Plus de la moitié des opérations de change impliquent le dollar américain, ce qui lui confère une importance cruciale, car il peut influencer le rendement d’autres devises. 

Tensions géopolitiques et routes de navigation limitées

Bien que l’on soit très conscient des guerres qui se déroulent dans deux régions, toutes deux essentielles à l’approvisionnement mondial en aliments et en énergie, il y a en réalité 110 conflits armés dans le monde aujourd’hui, dont un grand nombre dans les marchés émergents et en développement. Les tensions géopolitiques peuvent avoir une incidence sur la valeur des devises en limitant ou en bloquant les chaînes d’approvisionnement. Par exemple, les attaques des Houthis contre les navires de la mer Rouge ont perturbé le transport maritime par le canal de Suez, qui assure généralement 30 % du trafic mondial de conteneurs. 

Quels autres facteurs contribuent aux fluctuations des devises?

  • Des facteurs macroéconomiques tels que les taux d’intérêt, les taux d’inflation, la croissance du PIB et le chômage. Par exemple, un pays dont les taux d’intérêt et la croissance économique sont plus élevés est plus susceptible d’attirer les investissements étrangers, ce qui se traduit par une monnaie forte. 
  • Les politiques des banques centrales, telles que les rajustements des taux d’intérêt, les efforts de stabilisation de l’économie et les mesures d’assouplissement quantitatif. 
  • L’attitude du marché et la spéculation, influencées par les événements d’actualité, les perspectives économiques et les annonces des banques centrales.
  • La surévaluation ou la sous-évaluation d’une monnaie; lorsque la monnaie se corrige, elle peut se surajuster au lieu d’atteindre sa juste valeur. 
  • Les chocs externes et les événements imprévus tels que les catastrophes naturelles et les pandémies.

Le Canada est une nation commerçante, et ce qui se passe sur d’autres marchés affecte la valeur du dollar canadien par rapport à d’autres monnaies.

Prince Owusu  —  Économiste principalExportation et développement Canada (EDC)

M. Owusu explique: « Aux États-Unis, notre principal partenaire commercial, leur cycle quotidien de nouvelles économiques et géopolitiques font fluctuer le dollar canadien d’une manière que nous ne pouvons pas contrôler. Il est important de discuter avec votre conseiller financier et de vous tenir au courant de l’évolution de la situation dans les pays où vous faites des affaires, afin de vous aider à gérer les fluctuations des devises dans le marché mondial turbulent d’aujourd’hui. » 

Obtenez un aperçu des fluctuations des taux de change pour les principales destinations d’exportation du Canada

Les États-Unis demeurent le premier marché d’exportation pour les entreprises canadiennes, suivis du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la France et du Mexique. Vous pouvez obtenir un aperçu récent des taux de change entre le Canada et chacun de ces marchés de destination populaires ici.

3. Utiliser les bons instruments de couverture

Deux mains échangeant des dollars américains contre des euros


L’un des meilleurs moyens d’optimiser votre stratégie de couverture est d’utiliser le bon type d’instrument de couverture au bon moment. Vous pouvez également accéder à des instruments plus exotiques adaptés à votre situation particulière. 

De nombreuses personnes ne sont pas au courant de la vaste gamme d’instruments de couverture à leur disposition, mais le choix du bon instrument peut faire toute la différence.

Prince Owusu  —  Économiste principalExportation et développement Canada (EDC)

Comparaison des instruments

Instrument de couverture Possibilité de fixer le taux de change Flexibilité Niveau de risque Protection contre les baisses de change et possibilité de gains de change Utilisation
Contrats à terme Faible Élevée Protection uniquement contre les baisses de change  Dans le cas où les valeurs des devises sont susceptibles de beaucoup varier
Contrat à terme flexible Moyenne Moyen Protection uniquement contre les baisses de change  Besoin de flexibilité pour aligner les flux de paiements et de revenus
Swaps de devises X Élevée Élevée Protection contre les baisses de change et possibilité de gains
Dans le cas d’entrées et de sorties de devises imprévues
Options Élevée Variable Protection contre les baisses de change et possibilité de gains
Option flexible : protection contre les risques de change et possibilité de gains


 

Contrats à terme

L’instrument le plus utilisé par les exportateurs canadiens est le contrat à terme. Il permet de fixer un taux de change fixe pour une date de transaction future, quel que soit le celui en vigueur. Il peut s’agir d’une bonne solution si on s’attend à ce que la valeur de la devise fluctue grandement; puisque les entreprises peuvent alors prévoir avec assez d’exactitude les ventes et les revenus, ce qui facilite l’élaboration d’une stratégie de tarification concurrentielle. En revanche, à la date convenue, elles devront peut-être régler le contrat ou acheter les devises prévues, même si leur client n’a pas encore réglé la note. 

Par ailleurs, le contrat à terme flexible permet à une entreprise d’acheter ou de vendre des devises aussi souvent qu’elle le souhaite durant une période donnée pour exécuter le contrat. Cette solution est plus coûteuse, mais l’entreprise pourra plus facilement faire les paiements en fonction du moment où son client la paie. Cette souplesse en matière d’échéancier contribue à une gestion plus efficace des flux de trésorerie en vous permettant d’harmoniser vos paiements avec vos flux de revenus, ce qui facilite l’exécution de vos obligations contractuelles. 

Swaps de devises

Les swaps de devises, soit la vente et l’achat simultanés d’une devise, peut faciliter le jumelage des sommes perçues et versées. Cette solution combine le taux au comptant (achat ou vente d’une devise au taux en vigueur sur le marché, pour livraison dans les 24 à 48 heures) et le contrat à terme. Il n’y a pas de coût direct, mais un nantissement peut être exigé. L’échange de devises peut servir à devancer ou à prolonger un contrat à terme, ou encore à jumeler des rentrées et des sorties de fonds. Solution appréciée des entreprises qui ne connaissent pas la date de leurs rentrées et sorties de fonds en devises, elle peut être utilisée pour la gestion de trésorerie. 

Options sur devises étrangères

Les options sur devises étrangères donnent le droit, mais non l’obligation, d’acheter un montant donné en devise à une date ultérieure. Contrairement au contrat à terme, l’option n’oblige pas à vendre ou à acheter la devise : c’est un instrument très flexible qu’on utilise souvent en appel d’offres. Les entreprises sont ainsi protégées contre le risque de change, tout en bénéficiant des fluctuations favorables. Cependant, certaines options comportent un coût d’achat. Par contre, si la valeur de la devise n’évolue pas en faveur de l’entreprise, les fonds de l’entreprise devront être mobilisés, et elle n’aura pas pu se prévaloir de l’option. 

4. Se couvrir sans geler ses nantissements en espèces

Un expert en gestion du risque de change expliquant une stratégie de couverture


Dans le cadre des contrats à terme et des contrats d’options sur devises, vous pourriez devoir fournir un nantissement à votre institution financière, paralysant du même coup un fonds de roulement qui pourrait servir à exécuter vos contrats ou à saisir de nouvelles occasions de croissance. Cependant, le recours à une Garantie de facilité de change  d’Exportation et développement Canada peut éliminer le besoin de nantissement.   

Comment fonctionne une Garantie de facilité de change? 

Votre fournisseur de services de change obtient une Garantie de facilité de change pour remplacer tout fonds de roulement qui serait autrement immobilisé et n’a donc pas à vous demander un nantissement. Cela signifie que la garantie requise pour vos contrats de change est couverte. Vous disposez donc d’un fonds de roulement liquide, ce qui accroît la stabilité de votre entreprise et vous permet d’accepter de nouveaux contrats et de saisir de nouvelles occasions. 

Découvrez comment ces entreprises ont eu recours à la Garantie de facilité de change pour améliorer leur stratégie de change.


 

Gestionnaire d'entrepôt féminin vérifiant les produits dans une allée d'entrepôt.

Nous sommes prêts à appuyer votre stratégie de change

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5. Mettre en œuvre les pratiques exemplaires pour votre stratégie de couverture 

Un expert expliquant la tolérance au risque et la politique de gestion du risque de change d’une entreprise


Que vous ayez déjà une stratégie de couverture que vous aimeriez renforcer ou que vous en soyez à vos débuts, voici quelques pratiques exemplaires pour vous guider. 

  • Élaborer une politique solide de gestion du risque de change. Demandez l’avis d’un expert, définissez la tolérance au risque de votre entreprise, ses objectifs et ses stratégies pour cerner et évaluer les risques de change.
  • Définir les rôles et les responsabilités. Établissez des processus clairs et veillez à réévaluer votre plan en procédant à des évaluations approfondies sur une base régulière et définie.
  • Mettre en œuvre des stratégies de couverture. Utilisez des instruments de couverture pour gérer efficacement le risque de change. Travaillez avec un expert pour adapter vos stratégies de couverture aux besoins de votre entreprise.
  • Diversifier l’exposition aux devises plutôt que de dépendre d’une seule monnaie. Répartissez les risques en utilisant différentes devises et renforcez la résilience aux fluctuations des taux de change.
  • Examiner et affiner régulièrement les pratiques de gestion des risques pour vous assurer qu’elles demeurent conformes aux objectifs de votre entreprise et aux conditions du marché. Suivre les expositions aux devises, évaluer les niveaux de risque et éclairer la prise de décisions. 
  • Collaborer avec des experts financiers, notamment des banques, des courtiers en devises et des conseillers financiers. Établir de solides relations avec les personnes qui peuvent apporter une aide précieuse pour naviguer sur les marchés des devises complexes. 

Vous ne pouvez vraiment pas vous tromper en élaborant une solide stratégie de change qui correspond aux besoins et aux objectifs de votre entreprise.

Prince Owusu  —  Économiste principalExportation et développement Canada (EDC)

résume M. Owusu. “Une planification proactive vous permettra de gérer ce risque en toute confiance et d’améliorer la rentabilité et la stabilité financière de votre entreprise.”
 


 

Une femme devant un écran d'ordinateur parle dans ses écouteurs et fait des gestes avec ses mains.

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Appelez-nous au 1 800 229-0575 ou envoyez-nous vos questions


 


 

Nota – Le présent guide n’a pas pour but de fournir des conseils en matière de couverture ni de vous indiquer la meilleure approche à adopter pour couvrir le risque de change. Chaque entreprise est unique et doit analyser ses besoins de couverture en fonction de ses exigences et de ses capacités. Votre fournisseur de services de change est la meilleure source de commentaires et d’analyses sur les opérations de change. 


 

Date de modification : 2024-07-08