Accords de libre-échange
Les accords commerciaux se divisent en deux grandes catégories : les accords de libre-échange (ALE) et les accords sur la promotion et la protection des investissements étrangers (APIE).
ALE
Les ALE ont pour objet de réduire ou d’éliminer les barrières tarifaires qui freinent le commerce des biens entre les pays. Ils contribuent à stimuler les échanges commerciaux et, par le fait même, à renforcer l’économie des pays partenaires et à améliorer la qualité de vie de leurs citoyens.
APIE
Les APIE protègent les investisseurs contre les actes préjudiciables des gouvernements locaux, par exemple l’expropriation. Ils favorisent l’investissement étranger et créent un climat d’investissement stable, ce qui apporte croissance économique et prospérité aux deux partenaires.
Fonctionnement des ALE
Fondamentalement, un ALE vise à réduire les tarifs douaniers sur les biens manufacturés dans un pays et vendus dans un autre. Selon la portée qu’on lui a donnée, il peut aussi s’attaquer aux barrières non tarifaires comme les contingents, les normes de produits, la mobilité de la main-d’œuvre et la propriété intellectuelle. Un ALE peut être conclu entre deux pays (p. ex., l’Accord de libre-échange Canada-Corée du Sud) ou plus (p. ex., l’ALENA).
Il peut également régir l’investissement entre les partenaires et faire en sorte que les règles soient identiques pour les investisseurs de tous les pays signataires. Dans ce cas, l’ALE peut offrir aux investisseurs le même type de protection qu’un APIE.
« Si vous êtes une entreprise canadienne désireuse de vendre à l’étranger, un ALE entre le Canada et votre marché cible pourrait vous faciliter la tâche. Dépendamment de votre secteur et des clauses particulières négociées, un tel accord peut vous aider à rivaliser à armes égales avec les entreprises locales, par exemple en éliminant les tarifs d’importation sur vos biens, ce qui vous permet de les offrir à un prix concurrentiel sur le marché local. »
Le Canada a conclu des ALE avec plusieurs pays et poursuit ses négociations avec plusieurs autres. Pour obtenir la liste complète, consultez la section Accords sur le commerce et l’investissement du site Web d’Affaires mondiales Canada.
Le thermostat intelligent d’ecobee
Stuart Lombard n’avait pas forcément de grandes visées avec son produit; il cherchait simplement à réduire son empreinte environnementale. Pourtant, l’entrepreneur torontois en est venu à créer un thermostat « intelligent » qui est aujourd’hui utilisé par des milliers de ménages en Amérique du Nord.
Depuis sa fondation, ecobee a adopté une stratégie nord-américaine, distribuant son produit au Canada et aux États-Unis, où elle réalise 90 % de ses ventes. « Le marché américain est plutôt facile à pénétrer pour une entreprise canadienne », souligne M. Lombard. « Les États-Unis ont peu d’obstacles réglementaires ou commerciaux, grâce à des accords comme l’ALENA. De plus, nos deux pays sont voisins, ont une culture similaire et partagent la même langue. »
Exercer ses activités sur un marché qui a conclu un ALE avec le Canada peut offrir de nombreux avantages, par exemple un traitement tarifaire préférentiel et la simplification des voyages d’affaires.
Réduction ou élimination des tarifs douaniers
Un ALE peut éliminer ou réduire les tarifs douaniers dès son entrée en vigueur, ou encore de façon graduelle. Dans les deux cas, on peut profiter des avantages suivants :
- Si les dispositions tarifaires de l’ALE s’appliquent à vos produits, vous pourrez en réduire le prix sur le marché local, ce qui augmentera votre capacité concurrentielle et, par suite, vos ventes et profits.
- Si vous n’êtes pas déjà présent sur un marché, un ALE pourrait rendre ce marché plus que viable pour votre entreprise et vous donner une occasion d’élargir votre clientèle mondiale et d’accroître vos ventes à l’étranger
Info-Tarif Canada
L’outil en ligne gratuit Info-Tarif Canada vous permet de vérifier les tarifs applicables aux biens sur différents marchés étrangers, en particulier les pays avec lesquels le Canada a conclu un ALE. Il vous aidera à :
- comparer aisément les tarifs entre divers marchés d’exportation;
- prévoir plus exactement vos dépenses;
- évaluer plus précisément la rentabilité de vos ventes sur divers marchés.
Aplanissement des obstacles non tarifaires
Il n’est pas rare que des barrières non tarifaires fassent obstacle au commerce international. La plupart d’entre elles, dont les normes techniques applicables aux produits et les exigences de permis, visent à prévenir l’importation de marchandises dangereuses ou de piètre qualité. Toutefois, ces obstacles peuvent aussi entraver le commerce; en effet, les exigences applicables aux produits sont parfois si strictes qu’il devient difficile de s’y conformer, ce qui vous désavantage sur le marché local.
Lorsque vous analysez un ALE, vérifiez s’il élimine ou réduit les barrières les plus susceptibles d’entraver la vente de vos produits sur le marché local. Si c’est le cas, votre capacité concurrentielle sera accrue et le marché, plus attrayant pour votre entreprise.
Voici les principales barrières non tarifaires à considérer :
- Contingents : Le contingentement limite la quantité de produits pouvant être importés dans un pays. Il peut avoir pour effet d’exclure un produit du marché ou d’en augmenter le prix au point de réduire à néant sa capacité concurrentielle sur le marché local. Un ALE peut réduire, voire éliminer, un tel contingentement.
- Permis : Certains biens ne peuvent être importés que par les détenteurs d’un permis précis. En limitant le nombre de permis en circulation ou en rendant les permis difficiles à obtenir, un État peut restreindre les importations d’un produit. Cela dit, un ALE peut aussi faciliter la tâche des importateurs locaux qui s’approvisionnent auprès de vous par un allègement des exigences de permis applicables à vos produits.
- Dédouanement : Un processus de dédouanement complexe, lent et coûteux peut constituer un obstacle au commerce en soi. Les ALE visent souvent à simplifier ce processus; dans certains cas, on peut même l’éliminer tout court.
- Réglementation et normes de certification excessivement strictes : Un État qui impose une réglementation et des normes de certification démesurément strictes aux produits étrangers peut faire de la conformité un tel fardeau qu’il devient impossible pour vous de faire des affaires sur ce marché. Un ALE peut alléger ces exigences et vous permettre d’accéder plus aisément au marché.
- Droits d’entrée et autres frais : Les droits d’entrée, qui servent généralement à couvrir les coûts d’infrastructure du port d’entrée, peuvent être manipulés de sorte à rendre les importations plus coûteuses. D’autres droits et majorations peuvent également être imposés à cette même fin. Voilà d’autres barrières qu’un ALE peut affaiblir ou encore faire tomber.
- Changement de la classification des produit : Le montant des droits perçus sur une importation dépend de la classification des produits importés. En reclassant un produit étranger dans une catégorie assujettie à des droits plus élevés, les autorités douanières peuvent en affaiblir la compétitivité sur le marché local, ce que peut prévenir un ALE.
Meilleur accès aux ressources à l’étranger
Si vous faites des affaires dans un pays signataire d’un ALE avec le Canada, il est possible que vous puissiez profiter de prix avantageux sur les matières premières, pièces ou autres intrants qui entrent dans la fabrication de vos produits. Le recours à l’expertise étrangère et le transfert de connaissances pourraient aussi être facilités. D’ailleurs, l’existence d’un ALE, et l’application des tarifs préférentiels qui en découlent, devrait favoriser votre intégration aux chaînes d’approvisionnement locales et régionales présentes dans le pays signataire de l’ALE.
Accès des sociétés affiliées aux marchés liés par d’autres ALE
Si vous avez une société affiliée dans un pays qui a conclu un ALE avec le Canada et avec d’autres pays, votre société affiliée profitera aussi des avantages liés aux autres ALE. Par exemple, si vous établissez une société affiliée au Mexique, celle-ci bénéficiera d’un libre accès, exempt de tarifs douaniers, aux 44 pays signataires d’un ALE avec le Mexique, soit un marché qui représente largement plus de la moitié du PIB mondial.
Accès accru aux marchés publics
Les gouvernements peuvent adopter des pratiques discriminatoires dans la passation des marchés publics (favoriser les fournisseurs locaux dans l’adjudication des contrats, par exemple) pour tenir les concurrents à l’écart. Certains ALE contiennent des clauses qui interdisent de telles pratiques et qui, par conséquent, vous permettent de soumissionner sur les contrats publics à l’échelle nationale et régionale.
Exportation de services plus aisée
Nombreux sont les pays qui imposent des restrictions sévères aux activités des fournisseurs de services étrangers sur le marché local, ou qui vont carrément jusqu’à les empêcher d’y faire des affaires. Pour ce faire, ils ont souvent recours à des exigences de certification strictes qui dictent comment et par qui le service doit être fourni. Par contre, si l’ALE s’étend aussi aux services, les entreprises canadiennes pourront offrir des services financiers, juridiques, environnementaux, d’enseignement, d’ingénierie, de transport et autres sur le marché local
Voyages d’affaires simplifiés
Un ALE peut alléger les formalités d’entrée au pays des gens d’affaires de même que réduire ou éliminer les restrictions qui dictent comment, quand et pendant combien de temps les employés étrangers peuvent travailler au pays. Ce dernier aspect peut prendre beaucoup d’importance pour les entreprises de services, étant donné que leurs employés doivent souvent se rendre sur place
Réduction des risques
Les ALE ont le potentiel de contribuer à la diversification de vos marchés, réduisant ainsi votre exposition aux risques économiques et financiers et aux aléas des chaînes d’approvisionnement. Certains ALE conclus par le Canada prévoient aussi des protections similaires à celles d’un APIE pour les entreprises qui investissent localement. Le risque est ainsi atténué pour l’investisseur étranger, les autorités locales étant tenues de le traiter de la même façon que les investisseurs locaux.
Un ALE vise en premier lieu à faciliter les activités des entreprises sur les marchés étrangers. Le simple fait que le Canada et un autre pays soient liés par un ALE ne veut pas nécessairement dire que le marché qui s’ouvre est adapté aux besoins et aux forces de votre entreprise. Les ALE peuvent compter parmi les facteurs qui motivent votre décision de pénétrer ou non un marché, mais ils ne doivent pas être le seul facteur.
S’il y a des marchés que vous n’avez jamais considérés par contre, il pourrait être bon de le faire attentivement si le Canada conclut un ALE avec ces pays. Qui sait, un potentiel d’exportation ou d’investissement insoupçonné pourrait se révéler, selon les clauses de l’ALE qui s’appliquent à votre secteur.
Si le potentiel est avéré, vous devrez ensuite déterminer si le marché peut s’inscrire plus largement dans votre stratégie d’affaires mondiale. Par exemple, vous devrez :
- prendre le pouls de la demande pour vos produits ou services et déterminer si elle est suffisante pour justifier votre entrée sur le marché;
- cibler des clients potentiels (qui sont-ils? où sont-ils? que cherchent-ils exactement?);
- trouver des partenaires éventuels qui sauront vous aider à tirer parti des débouchés sur le marché et avec qui partager les risques. Cet aspect revêt d’autant plus d’importance pour les petites entreprises qui ne disposent pas des ressources nécessaires pour tout faire par elles-mêmes, qu’il s’agisse par exemple de vendre une technologie sous licence ou de distribuer leurs produits. Un partenaire local peut faciliter les affaires sur le marché, avec ou sans ALE;
- vous rendre sur le marché pour vous familiariser avec la culture d’affaires locale et établir des relations avec des clients et des partenaires potentiels;
- si vous décidez de pénétrer le marché, déterminez la stratégie optimale pour le faire. Vendrez-vous vos produits directement aux consommateurs? Ferez-vous appel à des intermédiaires comme des agents ou des distributeurs? Établirez-vous une succursale? Nouerez-vous un partenariat avec un fabricant local pour produire vos biens sur place?
Conseils pratiques pour évaluer les intermédiaires
Il se peut qu’il soit avantageux de recourir à un agent ou à un distributeur pour vendre vos produits sur le marché local. Ces intermédiaires peuvent vous aider à dénicher des clients, gérer la logistique, se charger du dédouanement ou assurer le service après-vente.
Les distributeurs achètent vos produits pour les vendre à des acheteurs locaux. Les agents sont des personnes ou des sociétés engagés pour vendre vos produits sur le marché visé moyennant une commission. Avant de choisir un intermédiaire, évaluez-les en les questionnant sur les points suivants :
- Possèdent-ils le savoir-faire commercial, la connaissance de l’industrie, la capacité financière et les ressources nécessaires (salles d’exposition, personnel, entrepôts, etc.) pour bien vous représenter?
- Sont-ils au fait des lois locales régissant l’importation des biens, notamment la réglementation douanière, les documents d’importation requis, les tarifs douaniers et les normes applicables?
- Ont-ils à cœur de vous trouver de nouveaux marchés et de nouveaux clients? Seriez-vous à l’aise de travailler avec eux?
- S’ils représentent des produits en concurrence avec les vôtres, comment entendent-ils régler ce conflit potentiel?
- Dans le cas des distributeurs, ont-ils la réputation de payer leurs fournisseurs rapidement?
- Avez-vous vérifié leur réputation et leurs références?
Un ALE peut être favorable à votre entreprise, encore faut-il que ses dispositions s’appliquent aux activités que vous comptez mener sur le marché visé. C’est une chose à vérifier parce que les ALE ne sont pas tous égaux : certains éliminent les tarifs douaniers, par exemple, mais sont muets sur les barrières non tarifaires comme les normes et la réglementation.
Pour savoir si un ALE représente un réel avantage pour vous, commencez par en analyser la teneur. Voici quelques éléments auxquels porter attention :
Tarifs douaniers
Si l’ALE élimine ou réduit les tarifs douaniers sur vos produits, gagnerez-vous une part de marché suffisante pour que le jeu en vaille la chandelle? Vos concurrents offrent-ils quelque chose de plus que vous?
Conformité des produits
L’ALE comporte-t-il des clauses qui allègent les exigences et les coûts de mise en conformité de vos produits aux normes et à la réglementation locales? En quoi cela contribue-t-il à votre rentabilité?
Qualifications du personnel de service
Si votre entreprise fournit des services, le marché reconnaît-il les qualifications de vos employés canadiens dans l’ALE? Est-ce plus facile pour vous de les y envoyer? Serait-il plutôt préférable d’y établir une société affiliée?
Règles d’origine
Le fait de vous conformer aux règles d’origine de l’ALE vous procurera-t-il un accès privilégié au marché par rapport à vos concurrents? Augmenterez-vous ainsi votre part de marché?
Investissement direct
L’ALE comporte-t-il des clauses qui garantissent des conditions d’investissement égales pour tous les investisseurs, locaux comme étrangers? Celles-ci vous permettront-elles de soutenir la concurrence? Si, malgré l’ALE, certains secteurs de l’économie locale demeurent fermés aux investissements étrangers, votre entreprise serait-elle touchée?
Étant donné la complexité des ALE, il pourrait vous être difficile d’obtenir des réponses complètes à ces questions. Nous vous recommandons fortement de faire appel à une expertise comptable et juridique externe pour réunir toute l’information dont vous avez besoin.
Tirer profit d’un ALE pour réussir à l’étranger n’est pas très risqué en soi. Cela dit, exercer ses activités dans un pays qui a conclu un ALE avec le Canada peut comporter un risque de non-conformité.
Le problème se posera si vous profitez des avantages que vous confère l’ALE, mais omettez de vous plier à ses règles qui s’appliquent à votre secteur et à votre type d’entreprise. Si l’autorité douanière locale juge que vous n’êtes pas conforme, elle pourrait vous imposer des pénalités pouvant aller de lourdes amendes à la perte de vos biens.
Établir des relations avec vos clients et vos partenaires est un bon moyen de réduire ce risque; ils peuvent vous aider avec certaines formalités comme l’étiquetage des produits et les normes à respecter. Les services d’un courtier en douane peuvent aussi être utiles étant donné qu’il a tout intérêt à ce que vos biens se rendent à bon port sans faire l’objet de pénalités. Pour une perspective plus large sur la conformité et les façons de la gérer, consultez le guide en ligne d’EDC intitulé Respecter les règles : conformité dans le domaine du commerce international.
Rappelez-vous que les ALE peuvent être très complexes, ce qui veut dire que vous devriez toujours faire appel à un spécialiste pour savoir dans quelle mesure ils s’appliquent à votre entreprise. Vous pouvez également consulter le site des organismes suivants : Agence des services frontaliers du Canada, Conseil canadien des normes, Direction générale de la réglementation commerciale et des obstacles techniques et Service des délégués commerciaux du Canada.
ALE : Quoi faire et quoi ne pas faire
À faire
- Vérifier si les dispositions de l’ALE s’appliquent bien à vos produits ou services.
- Veiller à respecter toutes ses règles.
- Établir des relations avec vos clients et vos partenaires.
- Demander l’aide d’un spécialiste pour analyser ce que vous pouvez tirer de l’ALE.
À ne pas faire
- Fonder votre décision d’entrer sur un marché exclusivement sur l’existence d’un ALE.
- Négliger d’étudier le marché simplement parce qu’un ALE a été conclu.
- Compter uniquement sur un ALE pour maintenir votre compétitivité.