Le secteur agricole canadien : des perspectives florissantes
Ce rapport porte sur le commerce de produits agricoles canadiens et les tendances en investissement
Ce rapport porte sur le commerce de produits agricoles canadiens et les tendances en investissement
L’agriculture contribue grandement à l’économie canadienne : elle représente 11 % des exportations et 2,3 millions d’emplois. Le présent rapport fait un survol des principaux produits, des résultats commerciaux, des tendances en matière d’investissement et des occasions d’exportation dans ce domaine.
L’agriculture représente pour le Canada environ 7 % de la production économique, 11 % des exportations, 8 % des importations et 2,3 millions d’emplois en équivalent à temps plein (12 % des emplois du pays), si on inclut les industries (ex. : fabrication) et services connexes (ex. : distribution, finance). Les exportations agricoles ont crû trois fois plus rapidement que l’ensemble des exportations canadiennes entre 2008 et 2017. Il s’agit donc d’un secteur important pour le PIB, l’emploi et les échanges commerciaux.
Le Canada est un des plus grands producteurs agroalimentaires au monde, particulièrement en ce qui a trait aux produits d’origine végétale (blé, légumineuses). Le commerce des produits agricoles canadiens est étroitement intégré dans les chaînes d’approvisionnement nord-américaines, comme en témoigne le commerce d’animaux vivants et de produits d’origine animale.
Le présent rapport traite des résultats commerciaux, des tendances en matière d’investissement et des occasions d’exportation du Canada. La première section porte sur les résultats commerciaux des quatre segments généraux suivants :
Les trois premiers segments sont habituellement considérés comme des segments « primaires » du secteur agricole, tandis que le quatrième est un sous-secteur de la fabrication, ou segment « secondaire ».
Le rapport traite ensuite des tendances en matière d’investissement : investissements étrangers au Canada, investissements canadiens à l’étranger. Enfin, il fait état des débouchés des produits spécialisés, comme les produits biologiques1.
De 2008 à 2017, le taux de croissance annuel composé moyen des exportations agricoles canadiennes frôlait les 5 % (valeur nominale), ayant culminé à 65 G$ en 2017 (graphique 1). Pendant cette période, le segment le plus important était celui des produits d’origine végétale (44 %), suivi de celui des produits alimentaires, des boissons et du tabac (25 %), de celui des animaux vivants et des produits d’origine animale (24 %) et, enfin, de celui des huiles et graisses (7 %) (graphique 2).
Les produits d’origine végétale représentent toujours la plus grande part des exportations, atteignant près de 28 G$ en 2017 (43 % du total). Toutefois, de 2008 à 2017, ce segment a affiché le plus faible taux de croissance annuel composé moyen, soit moins de 4 %. La croissance de ce segment, bien que réelle, a donc été plus lente que celle des trois autres.
Dans le deuxième segment en importance, soit produits agroalimentaires, boissons et tabac, les exportations ont totalisé 17,5 G$ en 2017. Fait encourageant, il s’agit du plus haut taux de croissance annuel composé moyen entre 2008 et 2017, soit 7 %. Ce segment profite à l’économie canadienne, puisque les activités de transformation contribuent largement au PIB (en valeur ajoutée). Comme il s’agit de biens intermédiaires ou de produits finis, le prix de vente est plus élevé, les activités d’approvisionnement et de distribution nécessitent plus de main-d’œuvre, et la production industrielle doit faire appel à d’autres biens et services de fournisseurs canadiens (ex. : machinerie et équipement, données spécialisées et services d’information).
Les animaux vivants et les produits d’origine animale demeurent un segment important, les exportations dans ce domaine ayant dépassé 15 G$ en 2017. La plupart de ces produits passent par les chaînes d’approvisionnement du secteur nord-américain de la transformation des viandes.
Le taux de croissance annuel composé moyen des huiles et graisses a été de 6 % entre 2008 et 2017, mais le segment demeure relativement modeste : les exportations s’élevaient à environ 4 G$ en 2017.
En tout, les exportations citées ci-dessus représentaient en moyenne 11 % du total des exportations canadiennes. La tendance est positive : elles comptaient pour 12 % entre 2015 et 2017, contre 9 % en 2008, et entre 10 % et 11 % entre 2009 et 2014 (graphique 3).
En outre, comparativement au taux de croissance annuel composé moyen de l’ensemble des exportations canadiennes d’à peine 1,4 % entre 2008 et 2017, les exportations agricoles – juste sous la barre des 5 % – font très belle figure. Il s’agit d’une différence de 22 G$ en exportations agricoles en 2017 et d’une valeur 1,5 fois plus élevée par rapport à 2008.
Au moment de la rédaction du présent rapport, les données officielles sur les exportations agricoles n’avaient pas été diffusées pour la totalité de 2018; celles des trois premiers trimestres étaient toutefois accessibles. Selon ces données, EDC estime que les exportations de produits agroalimentaires totaliseront environ 64 G$ en 2018, un recul de 0,5 % par rapport à 2017. On s’attend à une baisse dans les aliments et boissons, les produits de la mer et les animaux vivants, et à une hausse dans les céréales et oléagineux et les autres produits. Ces prévisions peuvent s’avérer optimistes vu le récent conflit commercial avec la Chine, qui a réduit ses importations de canola canadien.
En 2019, EDC prévoit une reprise des exportations agricoles, qui devraient atteindre 66 G$, pour une croissance de près de 4 %. Toutefois, ces prévisions peuvent être revues à la baisse, si le conflit commercial avec la Chine ne se règle pas et si les exportateurs ne trouvent pas d’autres marchés pour compenser ces pertes. Les exportations devraient progresser dans presque tous les segments, sauf celui des animaux vivants, victime de l’entrave commerciale décrite plus haut, qui limiterait le développement du secteur des oléagineux.
Au chapitre de la diversification du commerce, les données divergent, malgré une concentration grandissante des exportations sur les principaux marchés. En 2008, les grands marchés d’exportation du Canada étaient les États-Unis (53 %), le Japon (9 %), la Chine (4 %) et le Mexique (4 %). En 2017, les États-Unis ont conservé leur large avance (54 %), la Chine (12 %) a ravi la deuxième place au Japon (7 %), et le Mexique est demeuré en quatrième position (3 %). Cette année-là, ces quatre marchés ont accueilli 76 % des exportations agricoles canadiennes, contre 70 % en 2008. Ces chiffres dénotent une concentration grandissante des exportations agricoles. Par ailleurs, le pourcentage des exportations vers des pays qui ne figurent pas parmi les dix principaux marchés est passé de 22 % en 2008 à 17 %.
Sur une note plus positive, la valeur des exportations agricoles canadiennes vers les pays qui ne figurent pas parmi les dix premiers acheteurs a augmenté d’environ 2 % par année. En 2017, elles se chiffraient à 11 G$, comparativement à 9,5 G$ en 2008. Qui plus est, cinq des dix principaux marchés d’exportation n’étaient pas dans cette liste en 2008, ce qui laisse croire que les exportateurs canadiens ont pu conquérir de nouveaux marchés.
Pour ce qui est des taux de croissance, le changement le plus notable concerne la Chine : les exportations agricoles vers ce pays sont passées de presque 2 G$ en 2008 à près de 8 G$ en 2017 – environ 8,5 G$ si on ajoute Hong Kong. Même si ces chiffres sont modestes comparativement aux exportations vers les États-Unis (35 G$ en 2017), le taux de croissance est très élevé. Rappelons que les exportations pourraient diminuer en raison du conflit commercial actuel, même si on s’attend à ce qu’elles surpassent largement celles de 2008. À titre de comparaison, la croissance des exportations agricoles au Japon (2 %) et au Mexique (3 %) était très faible par rapport au taux de croissance moyen d’une année à l’autre de la Chine (41 %).
Outre ces quatre grands marchés, seule l’Indonésie est demeurée parmi les dix principaux pays d’exportation du Canada. En 2017, l’Inde, les Émirats arabes unis, Hong Kong, la Corée du Sud et le Vietnam y figuraient aussi, mais pour à peine 6 % du total (4 G$). En 2008, la liste comprenait la Belgique, l’Algérie, l’Iran, le Royaume-Uni et la Russie, pour des exportations totalisant 3 G$, soit 7 % du total.
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De 2008 à 2017, le taux de croissance annuel composé moyen des importations agricoles canadiennes frôlait les 6 %, ce qui est légèrement plus élevé que les exportations du même secteur. Les importations ont culminé à 48 G$ en 2017 (graphique 4). Durant cette période, le segment le plus important était celui des produits agroalimentaires, des boissons et du tabac (51 %), suivis des produits d’origine végétale (32 %), des animaux vivants et des produits d’origine animale (14 %) et des huiles et graisses (3 %) (graphique 5). Dans ces quatre segments, le pourcentage des importations agricoles totales est demeuré stable.
La part du lion revient continuellement aux produits agroalimentaires, aux boissons et au tabac, dont la valeur des importations a atteint 24 G$ en 2017 (51 % du total). Il est à noter que ces produits à forte valeur ajoutée sont les plus coûteux pour les consommateurs. Le taux de croissance annuel composé moyen était de 6 % entre 2008 et 2017, ce qui s’inscrit dans la tendance générale de croissance des importations agricoles et est comparable aux deux autres principaux segments.
Les produits d’origine végétale arrivent en deuxième position, grâce à des importations de 16 G$ en 2017. Quant au segment des animaux vivants et des produits d’origine animale, c’est le troisième en importance, avec des importations de 7 G$.
Seul le segment des huiles et graisses représente un petit pourcentage des importations totales et affiche une faible croissance : les importations en 2017 dépassaient tout juste 1 G$, et les choses ont peu changé depuis 2008. Le taux de croissance annuel composé moyen était sous la barre des 2 % entre 2008 et 2017, bien en deçà du taux de croissance des trois autres segments (6 %).
En tout, les importations citées ci-dessus représentaient en moyenne 8 % des importations canadiennes totales. La tendance est à la croissance modérée : ce taux, de 7 % en 2008, a dépassé les 8 % depuis 2014. Ces chiffres sont beaucoup plus élevés que le taux de croissance annuel composé moyen de 3 % des importations canadiennes totales entre 2008 et 2017. Toutefois, en général, la part des importations totales est restée stable depuis 2008 (graphique 6).
Les marchés d’importation sont très stables depuis 2008. Parmi les dix principaux marchés de 2017, neuf se trouvaient déjà dans la liste en 2008. L’Inde s’y est taillé une place, évinçant le Royaume-Uni, qui était au dixième rang en 2008 (maintenant au onzième).
Le classement des principaux pays n’a pas beaucoup changé ces dernières années. De 2008 à 2017, les six pays en tête de liste – États-Unis, Mexique, Chine, Italie, France, Brésil – n’ont pas bougé. La Thaïlande et la Chine ont interverti leur position respective (septième et huitième), et la valeur des importations vers ces deux pays a peu changé en 2017. L’Inde figure maintenant au classement, et l’Australie demeure au dixième rang.
Par ailleurs, aucun changement notable du côté des parts relatives dans les importations totales. Les États-Unis sont toujours, et de loin, le premier marché d’importation (59 % en 2008 et 57 % en 2017). Ce faible écart semble avoir été comblé par le Mexique, dont la part est passée de 3 % à 6 %. Les résultats de la diversification du commerce semblent donc découler d’une redistribution à l’intérieur de l’ALENA plutôt que des efforts de diversification au-delà des marchés américains ou régionaux.
Les autres principaux marchés d’importation plus distants (Europe, Asie et Amérique latine) représentaient toujours 16 % des importations agricoles totales. Quant aux marchés qui ne figurent pas parmi les dix premiers, ils comptaient pour 22 % en 2017, contre 20 % en 2008.
Comme on le voit, donc, le commerce net des produits agricoles canadiens s’est accru depuis 2008. La différence entre le total des exportations agricoles et le total des importations agricoles était de 17 G$ en 2017, contre un modeste 9 G$ en 2009 (graphique 7). Le taux de croissance annuel composé moyen général est de 2,4 % depuis 2008.
La valeur du commerce net s’élevait à presque 14 G$ en 2008, avant que la crise financière mondiale secoue les marchés. Depuis, les exportateurs canadiens ont repris du poil de la bête, et les exportations nettes surpassent celles de 2008 depuis 2014.
Les tendances commerciales ont été favorables aux exportateurs canadiens de produits d’origine végétale, d’animaux vivants et de produits d’origine animale, et d’huiles et graisses. Mis ensemble, ces trois créneaux ont généré un excédent net de 23,5 G$ en 2017, dont plus de la moitié pour les produits d’origine végétale. Cela dit, le Canada affiche systématiquement des déficits dans ses activités à valeur ajoutée se rapportant aux produits alimentaires, boissons et produits du tabac.
Cela s’explique en partie par le niveau relativement faible de l’investissement étranger dans la transformation, ce qui limite la capacité des fabricants canadiens à conquérir une plus grande part du marché transfrontalier et international des boissons et aliments transformés, lesquels présentent une valeur supérieure. Le déficit commercial dans ce segment s’élevait à près de 7 G$ en 2017.
On ignore l’effet qu’auront les tendances actuelles sur les efforts futurs de diversification des marchés et d’accroissement des excédents. Les produits d’origine végétale ont généré les plus importants excédents au fil des ans, mais depuis 2014, cette tendance s’essouffle : leur TCAC est de 1,5 %, le plus bas des trois segments excédentaires. Les animaux vivants et les produits d’origine animale présentent quant à eux un TCAC de 3 %, mais comme leur valeur ne représente encore que les deux tiers de celle des produits d’origine végétale, cela ne change pas grand-chose sur le plan de la composition. Ce sont les huiles et graisses qui affichent le meilleur TCAC (près de 9 %), mais leur valeur est faible.
Parallèlement, le déficit net enregistré dans le segment des produits alimentaires, boissons et produits du tabac se contracte depuis quelques années, après avoir culminé à près de 8 G$ en 2014. Ainsi, même si du côté excédentaire, la croissance des produits d’origine végétale est (aux mieux) timide, le recul du déficit net compense la tendance (figure 8).
Somme toute, ces tendances sont largement favorables pour le Canada. En agriculture, les exportations y dépassent les importations, ce qui génère des excédents dont le TCAC était de 2,4 % de 2008 à 2017. Par contraste, le Canada affichait globalement un déficit de 15 G$ en 2017, soit près de trois fois son déficit de 2009. Depuis 2008, le pays n’a connu que trois années où ses exportations dépassaient ses importations – surtout en raison du cours des produits de base et de la demande en énergie et en matières premières. Compte tenu du risque de marché considérable que représentent ces dépendances, les produits agricoles représentent l’un des comptes courants qui tirent l’économie canadienne vers le haut.
L’un des aspects les plus frappants du secteur canadien de l’« agroentreprise2 » est le niveau d’investissement relativement faible qui le caractérise pour le marché international, entrant (investissement direct étranger [IDE]) ou sortant (investissement direct canadien à l’étranger [IDCE]). En effet, le « stock » (valeur comptable) de l’investissement total dans l’agroentreprise (entrant et sortant) est d’environ 50 G$, alors que l’IDE et l’IDCE globaux approchent plutôt les 2 billions (figure 9). Bref, l’investissement dans l’agroentreprise ne représente qu’une portion relativement petite – 2,5 % – du total.
L’IDCE a crû à un TCAC de plus de 6 % de 2008 à 2017, passant de 642 milliards à 1,1 T$ de dollars. Seuls 2 % de cet investissement visaient l’agroentreprise. Cela signifie que les agroentreprises canadiennes ne produisent généralement qu’au pays, et qu’elles restent tributaires du commerce au lieu d’investir et d’établir une présence dans les marchés étrangers pour se rapprocher des clients et tirer parti des grossistes et des chaînes d’approvisionnements qui s’y trouvent.
En 2017, l’IDCE pour ce secteur totalisait 20 G$. Les États-Unis étaient la principale destination des produits de l’agriculture primaire (3 G$) et de la fabrication de produits alimentaires (7 G$), tandis que l’Europe était la plus visée par les investisseurs dans les boissons et produits du tabac (3 G$). Il reste à savoir si les investisseurs canadiens vont s’intéresser davantage aux marchés européens maintenant que l’AECG est en vigueur. La question se pose aussi pour le Japon, la Corée et les autres marchés visés par le PTPGP, étant donné que les exportateurs cherchent actuellement à diversifier leurs marchés en réaction aux complications commerciales avec la Chine.
L’IDE a affiché un TCAC de près de 5 % de 2008 à 2017, passant de 551 milliards à 824 G$. Seuls 3,5 % de cet investissement visaient les diverses catégories de l’agroentreprise, et la quasi-totalité de cette proportion allait à la fabrication de produits alimentaires.
En 2017, le « stock » (valeur comptable) de l’IDE total dans l’agroentreprise était de 29 G$, ce qui dépasse largement le niveau de l’IDCE, mais demeure une proportion relativement faible de l’IDE global. Côté investissement, les entreprises européennes menaient le bal, injectant environ 16 G$ au pays, principalement dans les secteurs de la fabrication de produits alimentaires (14 M$) et des boissons et produits du tabac (2 M$). Les données s’arrêtant à 2017, on ne connaît pas encore les effets de l’AECG sur les investissements subséquents. Les États-Unis suivaient l’Europe (10,5 G$), tandis que les autres marchés des Amériques et de l’Asie s’intéressaient peu au secteur en général, leurs modestes investissements visant surtout la fabrication de produits alimentaires. Ce manque d’intérêt contribue aux difficultés qu’ont les transformateurs du pays à se démarquer dans la chaîne d’approvisionnement mondiale et à se tailler une meilleure part du marché des aliments et boissons à forte valeur ajoutée dans le monde.
Outre les exportations traditionnelles, dont il a généralement été question plus haut (produits d’origine animale ou végétale, aliments transformés, etc.), il existe aussi des produits et marchés non traditionnels qui présentent des débouchés intéressants dans l’avenir pour les exportateurs.
Le secteur des produits biologiques est particulièrement prometteur. En février 2019, EDC a publié un de ses Portraits économiques, lequel portait sur le secteur florissant des aliments biologiques au Canada et décrivait les possibilités qui s’ouvrent aux producteurs et distributeurs canadiens dans ce domaine. Voici quelques-uns des principaux constats, et leur intérêt pour l’exportation agricole :
La demande de produits biologiques croît rapidement au Canada, soit de plus de 15 % par année. L’offre intérieure arrive à peine à répondre à la demande; dans certains cas, les transformateurs d’aliments biologiques du Canada ont recours aux importations et ont de la difficulté à trouver des sources d’ingrédients fiables et constantes. C’est là une porte ouverte à l’augmentation de l’investissement au Canada, considérant aussi la capacité excédentaire potentielle pour la croissance future des exportations.
Les Services économiques d’EDC ont aussi étudié des données qui vont jusqu’en 2015, et mis en lumière des débouchés dans le blé et le méteil; le canola et le colza; les lentilles et les pois; le homard et les pétoncles; les cerises; et les champignons. Si tous ces éléments sont englobés dans les grandes catégories statistiques vues plus tôt (presque tous dans le segment des produits d’origine végétale), ils méritent mention en raison de l’avantage concurrentiel potentiel que possède le Canada à leur égard, avantage qu’il pourrait mettre à profit pour développer et diversifier ses échanges commerciaux.
Blé et méteil
La valeur mondiale des exportations de blé et de méteil a fluctué dans les dernières années, passant d’un pic de plus de 44 G$ en 2012 à un creux de 34,5 G$ en 2015. La part des exportations canadiennes a aussi oscillé, entre 10 % et 13 %. En 2015, elle a affiché une proportion record en dix ans de 13,3 %, atteignant presque la barre des 5 G$. C’est là plus du double de leur valeur de 2006, une augmentation de 120 %.
Il est cependant encore plus important de noter la destination des exportations de blé et méteil. Car si les États-Unis ont par le passé représenté près du double de la taille de tout autre marché pour ces produits, en 2015 s’est amorcé un tournant qui laisse présager une diversification. (Cela dit, le phénomène pourrait aussi s’expliquer par la capacité des États-Unis à produire la plupart des mêmes choses que le Canada, comme c’est le cas pour la Chine et le canola.) Environ 10 % du blé et du méteil ont été exportés aux États-Unis, 9 % en Indonésie, 7 % au Pérou, et 5 % en Chine. Les dix plus grands importateurs étaient ici tous des marchés émergents, à l’exception de notre voisin du Sud et du Japon (respectivement en première et en troisième positions). La Chine, l’Indonésie et le Mexique, lesquels affichent parmi les meilleurs taux de croissance annuels de leur classe moyenne, compte aussi parmi ces dix importateurs. Il s’agit là de bons augures de croissance, mais l’horizon n’est pas sans nuages. Par exemple, l’Italie s’en est prise au blé dur canadien dans son marché sur le front de l’étiquetage du pays d’origine des pâtes alimentaires, et ce, malgré l’introduction de l’AECG.
Canola et colza
Les graines de canola et de colza représentent un autre produit d’exportation de bonne valeur. En 2015, la part canadienne de ce marché d’exportation a atteint 43 % – un sommet en cinq ans –, pour une valeur approximative de 4 G$. C’est là près de cinq fois la valeur enregistrée en 2006.
Les débouchés extérieurs pour le canola et le colza sont diversifiés et atypiques par rapport au reste du commerce canadien : en 2015, 42 % des exportations sont allées en Chine, 21 % au Japon, 14,5 % au Mexique, et 7,5 % au Pakistan.
Lentilles et pois
Le Canada est le chef de file mondial en matière de lentilles et de pois, lesquels présentent un potentiel énorme, car les protéines végétales prennent de plus en plus de place dans les régimes alimentaires autour du monde.
La part que possède le Canada du marché d’exportation des lentilles a atteint son sommet en dix ans en 2015 : 73 %, pour une valeur de 2 G$. C’est une augmentation de 33 % par rapport à 2012, et une valeur de plus de huit fois supérieure à celle de 2006. Si le Canada détient depuis longtemps un apanage de 65 % sur le marché mondial des lentilles, c’est tout récemment que cette légumineuse a bondi en popularité, et les revenus qui en résultent.
Pour ce qui est des pois, le Canada occupait, en 2015, 51 % du marché d’exportation des pois séchés et écossés, ce qui était juste en dessous de sa moyenne sur dix ans. La valeur des exportations cette année-là était toutefois de 970 M$, ce qui se situe au-dessus de la moyenne pour la même décennie.
L’Inde était, et ce, depuis des années, le principal importateur des deux types de légumineuses : 41 % des lentilles et 47 % des pois exportés ont pris la direction de ce pays en 2015. Cette situation présente un risque pour les exportateurs canadiens, car l’Inde a adopté en 2018 une politique de remplacement des importations pour stimuler sa propre production de légumineuses.
Somme toute, les marchés émergents canalisent la majorité des exportations des deux produits; ils représentaient neuf des dix plus grands importateurs de lentilles (l’Espagne arrivant au 10e rang) et huit des dix importateurs de pois (les États-Unis et le Japon arrivant respectivement au 4e et au 10e rangs). Comme pour le blé et le canola, le segment des lentilles et pois présente d’excellentes perspectives. Toutefois, l’exportation de légumineuses sera fortement tributaire à court terme de la demande de l’Inde, ce qui pourrait se traduire par un ralentissement provisoire des ventes globales.
Homard et pétoncles
Les produits de la mer comptent pour plus de 10 % des exportations agroalimentaires totales. Certains de ces produits se démarquent (déjà, ou potentiellement), notamment le homard et les pétoncles.
La part que possède le Canada du marché d’exportation du homard (catégorie qui ne comprend pas la langouste) a atteint le taux record en dix ans de 46 % en 2015. La valeur totale des exportations de ce crustacé a augmenté d’année en année sur toute la décennie, en parallèle avec la croissance de la classe moyenne en Chine et dans les autres pays marchés émergents. À l’échelle mondiale, l’exportation du homard a presque atteint la barre des 1,5 G$ en 2015.
La part de marché du Canada cette année-là était de près de 675 M$, soit environ 45 % des exportations mondiales. Si la grande majorité du homard a pris le chemin des États-Unis, les exportations vers la Chine (le plus grand importateur après les États-Unis) ont dépassé les 12 %. Notons que le homard canadien est également exporté vers divers marchés développés (Belgique, Royaume-Uni, Japon, Corée du Sud) et émergents (Vietnam). On observe une augmentation des ventes en Asie qui, combinée à la conclusion de l’AECG, laisse entrevoir des possibilités de diversification pour les exportateurs canadiens.
Il existe aussi un potentiel à long terme pour le pétoncle, autre créneau du secteur des produits de la mer. Le Canada y possède une part du marché mondial d’exportation qui a presque triplé entre le milieu des années 2000 et l’année 2015 : elle a atteint 27 %, pour une valeur de 68 M$ (valeur qui n’a été dépassée qu’une fois dans la décennie).
En l’occurrence, la diversification est minime : la quasi-totalité (99,5 %) des pétoncles canadiens est destinée au marché américain. Reste à voir s’il existe une demande d’importations ailleurs qui viendrait diversifier les débouchés pour le Canada.
La cerise présente un fort potentiel de croissance. La part de marché du Canada est certes relativement petite, mais depuis 2008, elle a triplé, passant de 1,5 % (2008) à 4,4 % (2015). La valeur des exportations a quant à elle augmenté de 340 % pour atteindre 71 M$.
Sur les dix principaux marchés d’exportation des cerises canadiennes, huit sont en Asie; cela dit, les États-Unis constituent, et de loin, le marché le plus important, représentant à eux seuls plus de la moitié (57 %) des ventes. Venait ensuite la Chine, avec 21 % du total pour 2015. Enfin, les marchés de la Thaïlande et du Vietnam étaient aussi notables pour leur forte croissance.
Champignons
La valeur des exportations canadiennes de champignons (ce qui comprend les truffes et les champignons de la famille des agarics) était de 141 M$ en 2015. La part de marché du Canada est passée de 6 % en 2006 à 9 % en 2015.
La relative petitesse de ces pourcentages est d’un dehors trompeur. En effet, le marché mondial est lui-même en plein essor : la valeur des exportations de champignons a augmenté de près de 38 % entre 2006 et 2015 pour dépasser 1,5 G$.
Comme pour les pétoncles, 99,5 % des champignons exportés du Canada prennent la direction du marché américain. On prévoit toutefois une croissance du côté de l’Europe, avec l’entrée en vigueur de l’AECG, et de l’Asie, étant donné le coup de fouet que devrait donner le PTPGP aux échanges transpacifiques.
Graphique 1 : Exportations agricoles du Canada, 2008 à 2017
Sources : Données sur le commerce en direct, calculs d’EDC
Graphique 2 : Proportion des exportations agricoles du Canada par produits, 2008 à 2017
Sources : Données sur le commerce en direct, calculs d’EDC
Graphique 3 : Exportations agricoles et exportations totales du Canada, 2008 à 2017
Sources : Données sur le commerce en direct, calculs d’EDC
Graphique 4 : Importations agricoles du Canada, 2008 à 2017
Sources : Données sur le commerce en direct, calculs d’EDC
Graphique 5 : Proportion des importations agricoles du Canada par produits, 2008 à 2017
Sources : Données sur le commerce en direct, calculs d’EDC
Graphique 6 : Importations agricoles et importations totales du Canada, 2008 à 2017
Sources : Données sur le commerce en direct, calculs d’EDC
Graphique 7 : Balance commerciale agroalimentaire au Canada : exportations agricoles moins les importations, 2008 à 2017
Sources : Données sur le commerce en direct, calculs d’EDC
Graphique 8 : Proportion de la balance commerciale canadienne : exportations agricoles moins les importations, 2008 à 2017
Sources : Données sur le commerce en direct, calculs d’EDC
Graphique 9 : Proportion de l’IDCE et de l’IDE, 2017
Sources : Statistique Canada, calculs d’EDC
https://www.ic.gc.ca/eic/site/tdo-dcd.nsf/fra/accueil
https://www150.statcan.gc.ca/n1/fr/type/donnees
« Pulse industry worries about precedent as India slaps 60% tariff on chickpeas », https://www.cbc.ca/news/canada/saskatchewan/india-chickpea-tariff-pulse-industry-1.4559947
« Feds talk durum during EU trade mission », https://www.producer.com/2018/10/feds-talk-durum-during-eu-trade-mission/
« Pulse School: What do India’s tariffs mean for pulse markets in 2018? », https://www.realagriculture.com/2018/01/pulse-school-what-do-indias-tariffs-mean-for-pulse-markets-in-2018/
1Les données sur le commerce sont principalement tirées du service Données sur le commerce en direct, et portent sur la période 2008-2017. Les « exportations » comprennent les « exportations nationales » ainsi que les « réexportations ». Les données sur l’investissement sont de Statistique Canada. Nous citons également des estimations en matière d’exportations agricoles produites pour 2018 (avant que les données officielles ne soient disponibles) ainsi que les projections d’EDC pour 2019. Tous les montants sont en dollars canadiens, à moins d’indication contraire.
2L’« agroentreprise » englobe l’agriculture, la foresterie, la pêche et la chasse; ce secteur correspond en gros aux trois premières catégories mentionnées dans les données sur le commerce (animaux vivants et produits d’origine animale; produits d’origine végétale; huiles et graisses). L’agroentreprise inclut également les segments de la fabrication des produits alimentaires et de la fabrication des boissons et produits du tabac, qui eux correspondent à la quatrième catégorie (produits alimentaires, boissons et produits du tabac). On notera que la foresterie était absente des données sur le commerce, mais les valeurs n’étaient pas assez importantes pour vraiment nuire à la comparabilité générale des données agrégées. D’après les chiffres de Statistique Canada, le « stock » (la valeur comptable) de l’IDCE et de l’IDE ne représente qu’une faible proportion du total dans la plupart des catégories de l’agroentreprise, les tendances étant même négatives dans certains cas. Or à l’inverse, l’IDCE et l’IDE ont tous deux enregistré une croissance – d’autant plus marquée pour l’IDCE – depuis 2008.
Les Portraits économiques sont une série de brefs rapports rédigés par le personnel des Services économiques d’EDC sur des enjeux d’actualité importants pour le commerce international et l’investissement canadiens. Les opinions exprimées dans ce rapport sont celles de l’auteur et ne doivent être attribuées ni à Exportation et développement Canada, ni à son Conseil d’administration. Le présent document a été rédigé par Michael Borish et revu par Stephen Tapp.
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