Le retour du temps chaud, c’est aussi le retour des chansons au rythme estival, notamment I Get Around des Beach Boys. Pourtant, dans le contexte actuel, cette envie de voyager (get around) pourrait être refroidie. En effet, après plus d’un an de pandémie, il ne fait pas de doute que nous limitons encore nos transports. Les entreprises qui transportent des personnes vous le diront, à tel point que beaucoup se demandent si, au lendemain de cette pandémie, nous voyagerons autant qu’avant.
C’est là une excellente question. On s’accorde de plus en plus pour affirmer qu’à la fin de la crise, nous ne reviendrons pas au monde pré-COVID. Se trouver à proximité d’autres personnes à bord d’un avion, d’un train, d’un bus ou d’un taxi semble aujourd’hui improbable. Opérer le changement de perception nécessaire pour retourner à cette réalité nous paraît, par moments, une épreuve insurmontable.
À ce chapitre, les chiffres nous montrent l’ampleur des changements survenus. Du côté des déplacements en avion, le nombre de kilomètres passagers payants s’est dangereusement rapproché de 100 % à l’échelle mondiale au début de la crise, et il est resté à 70 % des niveaux d’avant la pandémie; aucune région du globe n’a été épargnée. Par chance, le transport de marchandises (ou cargo) comble une partie du manque de recettes, la capacité excédentaire semblant s’être déplacée vers ce type de transport. Il n’en demeure pas moins que les difficultés des sous-secteurs des « déplacements d’affaires » et des « voyages touristiques » ont gravement assombri la situation financière des transporteurs aériens.
Les ventes d’autos, elles, s’emballent, ce qui ne passe pas inaperçu dans le contexte actuel. Mais où vont tous ces véhicules ayant fière allure? Chose certaine, dans le contexte de la COVID, leurs destinations sont canadiennes. Avant la pandémie, quelque 800 000 véhicules en provenance des États-Unis traversaient chaque mois la frontière canadienne. Du jour au lendemain, ce chiffre a glissé à moins de 200 000, et il est resté stable depuis. La plupart des autres visites durent moins d’une journée, et génèrent donc peu de dépenses.
Aux États-Unis, où le nombre de milles parcourus par des véhicules dans une année diminue rarement – sauf en cas de choc pétrolier ou de récession majeure –, la pandémie a entraîné une contraction inédite qui se poursuit un an après les premiers jours de la crise. Le nombre de milles parcourus a reculé de 15 % en date de janvier 2021; cette tendance se poursuit et elle touche les mouvements sur le marché américain, les trajets pour le travail et les déplacements quotidiens à bord d’un véhicule. C’est sans doute une première depuis le début de la production en masse de véhicules automobiles.