Composer avec le déluge quotidien de données, c’est un peu comme naviguer sur une mer agitée. On peut maintenir le cap, tenter de contourner les obstacles ou être submergé. Un secteur se consacre entièrement à la création, la diffusion et l’analyse de ces données – des activités surtout confiées par le passé à des agences centralisées. Pourtant, de manière un peu paradoxale, à l’ère du numérique nous nous attendons à pouvoir accéder gratuitement aux données, et à ce que le coût commercial de cette matière première – et de plus en plus la valeur ajoutée liée à son analyse – soit presque nul. Mais cette approche est-elle la bonne?

Jadis, on observait une forte concentration des sources de données; aujourd’hui, ces sources sont multiples. Les agences officielles de données comme Statistique Canada conservent un statut prédominant. Un peu partout sur la planète, ces agences mettent gratuitement à notre disposition leurs données, qu’elles obtiennent au moyen de méthodes de collecte toujours plus sophistiquées et fiables. Dans notre monde dominé par la technologie et le numérique, il ne fait pas de doute que tirer parti de ces données peut procurer un avantage concurrentiel certain.

D’où l’intérêt grandissant pour la collecte et la diffusion des données. Les entreprises publient de plus en plus de données; le nombre de sociétés recueillant des données personnelles, comme les maisons de sondage, est en augmentation; enfin, les firmes-conseils deviennent à leur tour des diffuseurs de données. À cela s’ajoutent les données générées par les images satellites, la machinerie, les appareils ménagers, les médias sociaux, les bracelets intelligents, les cartes à puce et les sondages en temps réel. Et ce n’est là que le début de la liste.

Il y a une infinité de nouvelles données provenant de sources extérieures qui, pour être utiles, doivent être classées et organisées, ce qui demande aux entreprises temps et ressources. Ces activités sont laborieuses pour les grandes entreprises, et elles deviennent impossibles, voire inimaginables, pour les PME. Pourtant, les entreprises qui négligent de rassembler et de traiter des données pertinentes pourraient en payer le prix fort. Pourquoi? Tout simplement parce qu’un concurrent – ou les firmes-conseils qu’il a recrutées – développera cette capacité pour établir une stratégie de conquête du marché.

Le plus beau de la chose c’est que les données évoquées ici sont extrêmement abondantes, et toutes accessibles au public en quelques clics. En fait, ces données n’ont jamais été aussi nombreuses et bon marché dans toute l’histoire de l’humanité. Et pour l’entreprise moyenne, le coût d’accès n’a jamais été aussi faible. Il y a toutefois un bémol : leur accès étant généralisé, les données exploitables sont également accessibles à la concurrence. Dans ce contexte, il est difficile de se démarquer en proposant une « recette originale et secrète ». 

Par chance, cette quête ne s’arrête pas ici, bien au contraire. L’exploitation des données est désormais aussi l’apanage des entreprises. Elles ont la capacité de générer une foule de données en lien avec leurs activités – une combinaison unique ou qui se retrouverait chez une poignée d’acteurs du marché. Ces entreprises sont dépositaires de données, mais beaucoup n’en sont pas conscientes ou, si elles le sont, ne font pas preuve de rigueur dans leur collecte et leur organisation. À l’avenir, la capacité de maintenir un avantage concurrentiel dépendra de façon croissante des mesures prises pour générer des données uniques et les utiliser. L’analyse manuelle et la formulation d’une stratégie sont un premier pas dans la bonne direction, mais l’utilisation de machines facilitera grandement ce travail. Imaginez un instant un bassin ou un lac rempli de données spécifiques à votre entreprise. Imaginez maintenant une armée de petits robots parcourant ce bassin ou ce lac – nuit et jour à une cadence très supérieure aux capacités humaines – pour établir des corrélations et des relations de cause à effet entre vos données et celles se trouvant ailleurs dans le monde. En ajoutant à ce processus un soupçon d’intelligence artificielle, on obtient un éclairage stratégique complètement nouveau. 

Voilà un mégaprojet, mais il peut en être autrement. Toutes les entreprises font déjà la collecte et le stockage des données, et c’est là une première étape. La deuxième étape est de centraliser les données et de les diffuser d’une manière efficace, même si l’analyse peut devenir de plus en plus poussée au fil du temps. Ce qui importe, c’est de s’assurer que ces activités aient lieu. Investir dans ce domaine est devenu un incontournable. 

Conclusion?

Beaucoup d’entreprises, et notamment des entreprises exportatrices canadiennes, ne réalisent pas – ou très peu – que leurs données sont une mine d’or. Comme dans tout projet minier, il faut des ouvriers, de l’équipement, du travail d’excavation et énormément d’ingéniosité pour extraire la précieuse ressource. Et dans la plupart des cas, le filon est plus riche que tout ce qu’on avait imaginé... Alors, le moment est venu de sortir les pelles et de creuser!

 

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