L’économie recèle un fabuleux pactole – un véritable trésor. Vingt mois après le début de la pandémie, la plupart des gens ne semblent pas être au courant. Peu importe : ce pactole est bien là, et le moment et la façon dont il sera libéré dans l’économie sont d'une importance capitale pour les prévisions. Les sceptiques ont du mal à croire qu’on finira un jour par voir la couleur de tout cet argent. Ce pactole s’ajoutera-t-il aux économies mises de côté par les consommateurs ou devons-nous plutôt nous attendre à une nouvelle vague – ou même à de multiples vagues – de la demande?

Si ce pactole existe réellement, on peut se demander comment il s’est formé. La première vague a déferlé lorsque l’activité économique a commencé à ralentir en mars 2020. Malgré la montée en flèche des pertes d’emplois, la plupart des gens ont continué de travailler. La mise à l’arrêt de pans entiers de l’économie – notamment des secteurs du voyage, du divertissement, des aliments et boissons, des transports collectifs et d’autres du même genre – a, du jour au lendemain, nettement limité les possibilités d’achats. Résultat : un peu partout sur le globe, le taux d’épargne s’est envolé à des niveaux à peine imaginables. Les consommateurs auraient tout simplement déposé cette manne financière dans leur compte courant pour l’oublier par la suite…

Quel est l’intérêt de ce pactole? A-t-il vraiment de l’importance? Fait étonnant, oui. Pour chaque consommateur, il ne constitue pas un montant anodin qui, collectivement, représente un montant substantiel. Cette fois, ces sommes représentent respectivement 13 % du produit intérieur brut (PIB) au Canada et plus de 17 % aux États-Unis. Pour se faire une idée plus précise, rappelons que nous parvenons de manière générale et au prix d’efforts soutenus à épargner l’équivalent de 13 % de notre salaire annuel, et ce taux est même un plus élevé chez nos voisins américains. Il est difficile de concevoir, une fois la pandémie terminée – et on s’accorde de plus en plus pour dire que ce jour est imminent –, qu’il n’y aura aucun épisode mémorable pour les consommateurs. 

Après tout ce que le monde a subi ces derniers temps, certains auront de la difficulté à avoir la confiance voulue pour se départir des gains engrangés lors de la pandémie. Pourtant, il y a plusieurs raisons de croire que c’est précisément ce qui se produira : 

  1. À mesure que l’économie se dirige vers une réouverture complète, les consommateurs auront de plus en plus de choix pour dépenser leur argent. Par exemple, le secteur du transport tentera de persuader, au moyen d’offres irrésistibles, des consommateurs hésitants à remonter à bord des avions et des navires de croisière. Les spectateurs sont également de retour aux événements de nature sportive ou musicale. Et vous l’avez sans doute remarqué : les navetteurs renouent avec le trajet quotidien avec la réouverture des immeubles de bureaux et le retour du travail en présentiel. Ce n’est là que le début, mais somme toute un bon début. 
  2. À la vue de consommateurs de nouveau actifs dans l’économie, nous serons à notre tour tentés de profiter des rabais qui n’ont pas encore trouvé preneurs et d’opérer un retour vers la normalité. En vérité, après une parenthèse de près de deux ans, nous aurons peut-être envie de nous gâter davantage qu’à l’habitude.
  3. Notre désir de dépenser est révélé par ce que nous faisons de cet argent. Il ne sert pas à la réalisation d’investissements à rendement élevé, ni même à l’achat d’or – la valeur refuge ultime pour la plupart des gens. Cet argent se trouve plutôt dans des comptes de dépôts à vue portant un intérêt nul : autrement dit, il est précisément à l’endroit où l’on place l’argent que l’on entend dépenser. 
  4. Les cyniques répliqueront que ces fonds à disposition sont le signe de la réticence des consommateurs : en d’autres termes, ils redoutent d’avoir rapidement besoin de cet argent. Ce serait logique à condition que leurs habitudes actuelles en matière de dépenses traduisent ces inquiétudes. Or, depuis les débuts de la crise, les consommateurs achètent sans retenue maisons et véhicules. Ce sont là les deux plus importants postes de dépenses de leur budget et ceux-ci sont d’ordinaire traités avec une grande prudence lors d’un repli économique. Malgré tout, on souhaite toujours dépenser. 
  5. Enfin, pardonnez-moi le jargon économique, mais selon le  principe de non-satiété, si nous en avons les moyens de dépenser, nous allons le faire. Après avoir été éprouvés par la pandémie, il y a fort à parier que nous voulons nous libérer des contraintes passées pour célébrer un peu – voire beaucoup – notre liberté retrouvée. Cette déclaration est corroborée par l'expérience passée; et si ce scénario se confirme, il procurera une bonne partie du dynamisme dont l’économie mondiale a besoin et, par le fait même, permettra à une plus grande partie de ce pactole accumulé de se répandre dans l’économie.

Conclusion?

Malgré la pandémie qui sévit toujours, cette nouvelle est la meilleure qui soit pour l’économie mondiale. Une immense vague de demande comprimée pourrait imprimer une puissante impulsion à la relance, et ce, partout sur la planète. Et cet élan serait d’une vigueur pouvant alimenter l’activité pendant quelques années. En fait, la difficulté ici serait de trouver les capacités pour saisir ce vent de croissance. Voilà un beau problème à résoudre. Mettons sans tarder le cap sur la croissance!

 

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