Aujourd’hui, la crise aurait dû être chose du passé. Or, la pandémie sème la dévastation sur l’économie depuis 22 mois; d’ailleurs, l’opération de sauvetage se poursuit – et elle sera sans doute la plus longue de l’histoire. La plupart des secteurs sont maintenant hors de danger et de retour à leur niveau d’activité habituel. Pourtant, plusieurs restent ébranlés alors que d’autres n’ont pas émergé de la crise – et, pour eux, l’heure est grave. Quel est le bilan le plus récent de ces trois groupes au Canada? 

Pour le savoir, examinons les données les plus probantes. En économie, ce sont celles du produit intérieur brut (PIB) ventilées par secteur. Elles sont l’un des indicateurs les plus révélateurs des efforts de sauvetage déployés. Les données les plus à jour, qui datent de septembre, ont été publiées la semaine dernière. Elles nous disent que la plupart des secteurs progressent; de plus, elles nous permettent de les départager en quatre groupes :  

1. Secteurs en essor – Ce sont les secteurs qui ont eu de la chance – ou fait preuve de courage. Leur activité a maintenant largement dépassé les niveaux d’avant la pandémie, et la majorité est en mode croissance. Le plus robuste est sans doute le secteur financier et de l’assurance, dont l’activité est de 6 % supérieure aux niveaux prépandémie. La fabrication de produits informatiques et électroniques suit de près. Le secteur de la production des aliments et boissons, quant à lui, affiche une solide performance et ses résultats continuent de s’améliorer. Une autre grappe – qui réunit notamment les secteurs des produits du bois, du détail et de l’exploitation minière – se porte bien dans l’ensemble même si les contraintes pesant sur les chaînes d’approvisionnement ont ralenti son élan.

2. Secteurs ayant refait surface – La production de ces secteurs est tout juste revenue aux niveaux d’avant la pandémie. Ils ont pratiquement, mais pas totalement, effectué un retour à la normale. La fabrication de machineries occupe la tête de ce groupe grâce à une croissance soutenue. Le secteur de la vente de gros en fait aussi partie; il affiche une performance supérieure ces derniers mois, mais il est en ce moment pénalisé par les problèmes touchant les chaînes d’approvisionnement. Le secteur des plastiques et des produits chimiques est aussi de ce groupe, tirant parti du fort rebond, même s’il reste vulnérable au rythme saccadé de la production. Pour sa part, la filière des produits du papier a profité de l’essor de l’emballage, vu la popularité des livraisons à domicile. Enfin, le secteur de la construction intègre aussi ce groupe, dynamisé par l’effervescence de la construction résidentielle.


3. Secteurs en rechute
– Une catégorie bien particulière est réservée aux secteurs qui ont rebondi, puis connu une rechute. La production de véhicules et de pièces automobiles est sans doute le cas le plus notoire. Au départ complètement à l’arrêt, le secteur a orchestré un redémarrage fulgurant alimenté par la reprise, son activité montant rapidement à 107 % par rapport au niveau de production d’avant la pandémie. Puis, la pénurie de semiconducteurs – et donc de puces électroniques – a fait chuter à environ 59 % des niveaux du début de 2020. Les acheteurs sont au rendez-vous : ce n’est pas la demande qui est en cause, mais le manque de véhicules. Les mises à jour récentes permettent de croire que la production et la livraison de puces électroniques devraient augmenter au début de 2022. 

4. Secteurs submergés – J’ignore pendant combien de temps un secteur peut rester dans cette zone, mais plusieurs s’y trouvent encore. Par chance, ils ont reçu des réserves d’oxygène, et ce, plus longtemps que prévu. Le secteur des arts et du divertissement demeure dans une piètre situation, mais il réalise enfin une modeste remontée. On trouve aussi dans cette catégorie les filières de l’aéronautique, de la fabrication d’autres types de transport, du transport et de l’entreposage, de même que du textile et du vêtement (vous l’avez sans doute remarqué : personne ne porte plus de complet-veston, du moins pas ces jours-ci). 

On peut se consoler en se disant que le Canada n’est pas seul dans cette situation. Les plateformes mondiales de production font en sorte que les difficultés ressenties par certains secteurs le sont généralement par tous ceux d’un même groupe.

Chose certaine, la concentration de la production dans des grappes favorisant l’efficience a affecté l’ensemble de la production. Cette situation a relancé le débat – et la prise d’initiatives – sur la création de mécanismes de redondance de la production ou le rapatriement d’éléments de la production pour assurer la viabilité de l’activité lorsque l’approvisionnement est compromis. Ces propos n’ont rien de nouveau, mais dans le cas présent la durée du repli et les coûts qu’il a engendrés constituent des arguments valables pour privilégier la fiabilité à long terme de la production sur les économies de coûts à court terme. Par le passé, c’est le point de vue des tenants des économies à court terme qui l’a emporté; nous saurons bientôt lequel de ces arguments l’emportera cette fois-ci.

Conclusion?

Les secteurs recevront bientôt de l’aide. Non pas sous la forme de fonds publics d’urgence pour les maintenir à flot, mais de la demande fondamentale. Voilà une excellente nouvelle. Les capacités progressivement libérées pour répondre à la demande apporteront un soutien viable et plus stable. Dans un contexte de montée des prix, l’attention se dirigera vers les secteurs où les besoins sont les plus criants; ce développement, nous l’espérons, s’estompera au fur et à mesure que l’activité reprend. C’est un scénario peu plausible, me direz-vous? Quoi qu’il en soit, nous voici à nouveau dans cette situation. Quand tous les secteurs auront regagné leur dynamisme, nous aurons de bonnes raisons de célébrer. Entre-temps, il faut tenir bon! 

 

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