C’est une quête de tous les instants. Ces jours-ci, personne ne semble pouvoir trouver ce qu’il cherche – et dans certains cas, ce dont il a besoin. Et cette situation survient au moment de l’année où les consommateurs sont les plus actifs. Du jour au lendemain, nous sommes passés d’une économie mal préparée, qui démarre puis s’arrête, puis qui propulse la croissance à un rythme que personne ne semble pouvoir suivre. À grande échelle, l’ampleur de la demande a dépassé notre capacité à y répondre. Comment l’expliquer?

En économie, on dénombre fondamentalement trois sources soutenant l’offre des produits que nous consommons :

  • la main d’oeuvre;
  • le capital physique; et 
  • la productivité

De ces trois sources, la main-d’œuvre et la productivité sont les plus difficiles à changer. Le capital physique évolue en fonction d’une décision toute simple : celle d’investir ou de ne pas investir. Par conséquent, les décisions passées en matière d’investissement seraient à l’origine du manque actuel de produits pour répondre à la demande. 

Avons-nous sous-investi? C’est fort possible. Le long intervalle de croissance léthargique après la crise financière mondiale de 2008-2009 n’a pas vraiment inspiré des investissements massifs. À vrai dire, avant cette crise, le monde avait investi de manière excessive dans l’espoir de suivre la cadence d’une demande qui était alors insoutenable. Dans les années suivant la crise, il a fallu un bon moment pour éponger tous ces excès. Or, cette attente a persuadé les entreprises qu’une activité d’investissement plus faible et plus lente définissait la nouvelle normalité. Cette situation était censée être temporaire, mais elle s’est révélée moins temporaire que prévu.

La mise en place dans l’économie du capital physique – essentiellement des installations et de la machinerie – est une décision prise dans un horizon à long terme. Il faut pouvoir anticiper les besoins futurs de l’économie, et tenter d’y répondre par un niveau de production approprié. Cela reste une décision risquée, et le risque est proportionnel à l’ampleur de l’investissement. Cette conception est remise en cause dans un monde dominé par le court terme, où la circulation rapide de l’information et la logistique du juste-à-temps peuvent entraver la planification à long terme.

Besoin no 1 : porter l’investissement au niveau attendu. Si nous avons mal évalué le dernier cycle, si l’économie se remet des difficultés rencontrées lors de la pandémie et prend la voie d’une « véritable » reprise, il est impératif d’investir davantage dans l’économie, et ce, aux quatre coins du globe.  

Besoin no 2 : augmenter l’investissement pour combler l’écart grandissant observé sur le marché du travail. Les économies sont capables d’accélérer leur croissance, mais la main-d’œuvre fait défaut. Les taux de chômage glissent à des creux historiques, alors même que les consommateurs disposent toujours d’abondantes capacités pour dépenser. De plus en plus, l’économie mondiale a désespérément besoin d’une hausse des investissements dans l’équipement pouvant déplacer une main-d’œuvre qui, à proprement parler, n’existe pas. 

Besoin no 3 : réduire le risque lié aux chaînes d’approvisionnement. Le premier épisode de SRAS et d’autres événements perturbant la conduite des affaires ont souligné la pertinence des redondances en matière de productivité. Le rapatriement de la production à proximité du pays ou sur le territoire national, et la délocalisation générale de la production sont revenus à la mode. Cette fois, on semble déterminé à mettre ces plans à exécution. C’est du moins ce que révèlent d’importants sondages : les entreprises donnent suite à leurs plans et reconfigurent leurs chaînes d’approvisionnement.

Besoin no 4 : tenir compte de la croissance future. Sur les principaux marchés émergents, la croissance est si dynamique que des millions de personnes accèdent chaque année aux rangs de la classe moyenne. Cette tendance à l’échelle de la planète – qui se maintiendra à long terme si on en croit les projections – viendra accroître la contribution des marchés émergents en essor et, du coup, stimuler la croissance mondiale. Si les technologies de communication et de production continuent de rapprocher les économies du globe, il faudra considérablement accroître les capacités de production pour suivre la cadence et répondre aux besoins des marchés mondiaux.

Le dernier élément est déterminant : la progression actuelle de la croissance exige une augmentation notable des investissements de la part des économies alimentant cette croissance. Pourtant, la décision d’augmenter de façon marquée l’investissement n’est pas le scénario habituel. En fait, d’ordinaire, les entreprises attendent d’abord que la croissance se manifeste. La pénurie actuelle de capacités est étroitement liée au rôle prépondérant et à long terme des marchés émergents dans la dynamique économique.

Conclusion?

Dans la sphère économique, l’investissement occupe de plus en plus le devant de la scène. Chaque jour qui passe, il revêt une importance capitale en tant que moteur de la croissance à court terme. Espérons que la nécessité d’investir donnera lieu à une intensification de l’activité d’investissement. Notre souhait est que l’économie dispose de ressources suffisantes pour créer des capacités additionnelles dans l’économie. Alors, prêts à investir? 

 

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