Selon les projections, le marché mondial des technologies propres représentera plus de 2 500 milliards de dollars américains en 2022. De ce total, la part du Canada se limitera à 2 %. Cette situation s’explique en partie par le fait qu’au Canada l’essentiel de production économique se concentre dans l’extraction des ressources, la construction et les services. Pourtant, les biens manufacturés – et surtout les biens complexes – constituent la plupart des exportations du secteur. L’offre de services occupe une place prédominante sur le marché intérieur. Or, les exportations de services du secteur canadien des technologies propres sont limitées. De manière générale, le secteur élargi – qui englobe l’environnement et les technologies propres (ou ETP) – accuse un déficit commercial, et ce, pour une raison toute simple : les importations de biocarburants et de biens primaires dépassent largement les exportations d’électricité verte.

Le Canada est-il en mesure de dynamiser ses exportations de technologies propres? Et quel est l’impact du contexte mondial actuel sur les aspirations de ce secteur?

Le Canada s’est fixé l’objectif de faire grimper la valeur de ses exportations de technologies propres à 20 milliards de dollars d’ici 2025. Pour atteindre cet objectif, il devra plus que doubler ses ventes à l’étranger en tout juste cinq ans, et porter en moyenne la croissance annuelle du secteur à près de 17 %. En clair, les fabricants et les fournisseurs de services du Canada devront nettement accroître leur part de marché à l’étranger. Ces dernières années, les exportateurs canadiens ont réussi, dans une certaine mesure, à augmenter leurs exportations vers d’autres marchés que les États-Unis. Cependant, une grande partie des activités commerciales du secteur ETP reste fortement tributaire du marché américain. 

Un autre élément est problématique pour le secteur canadien des technologies propres : il est surtout composé de PME. Pour bon nombre de ces entreprises, il n’est pas facile de se tailler une place sur le marché, d’attirer les fonds soutenant leur croissance et d’afficher une trésorerie positive, tout en innovant dans le domaine de la recherche et du développement. Les défis à relever pour commercialiser le capital intellectuel limitent la capacité des entreprises à accélérer leur production à un rythme qui permet de réduire le coût par unité. Ces défis sont toujours présents malgré une injection plus substantielle, en 2020 et 2021, de fonds de capital-investissement et de capital-risque.


À l’avenir, les évolutions sur le marché et le contexte macroéconomique compliqueront l’accès au financement nécessaire pour accroître les activités. En fait, le relèvement des taux d’intérêt a déjà entraîné une réaffectation du capital vers des actions de valeur et des titres plus sûrs. En 2022 et par la suite, le retrait du capital-investissement et du capital-risque de certains secteurs novateurs de l’économie pourrait rendre encore plus compliqué – et coûteux – l’accès à du financement pour les jeunes entreprises de technologies propres. Dans le même temps, les demandes multiples et concurrentes pour des aides publiques déjà très sollicitées pourraient diminuer le soutien gouvernemental au secteur, à un moment où les perturbations touchant les chaînes d’approvisionnement exercent encore des tensions sur les liquidités. 

La nécessité d’être indépendant sur le plan énergétique est devenue une priorité dans plusieurs régions du globe. Sans surprise, l’accès à des sources d’électricité et d’énergie propres et abordables revêt une importance stratégique croissante, tant à l’échelle commerciale que résidentielle. Voilà un filon riche en possibilités dans les sphères du commerce et de l’investissement pour les secteurs des technologies propres et ETP du Canada. Il y a des occasions dans les secteurs traditionnels, comme celui de l’exploitation minière, mais aussi dans d’autres secteurs où il est possible d’accélérer l’électrification industrielle. 

Les impacts du changement climatique pourraient aussi ouvrir des débouchés pour les entreprises canadiennes de technologies propres, en particulier en Afrique, où l’insécurité alimentaire et les changements climatiques ont des conséquences dévastatrices. Le dérèglement climatique perturbe également la capacité de transporter des denrées alimentaires en Amérique latine, notamment en Amazonie, en raison de la baisse du niveau de la mer. Cette situation est semblable aux difficultés de la navigation commerciale sur le Rhin en Europe causées par les faibles niveaux d’eau.

Par ailleurs, les tensions récentes sur le front géopolitique pourraient stimuler la création de coentreprises et renforcer la collaboration en R-D entre des « nations amies » et des sociétés. À cet égard, les entreprises nord-américaines pourraient gagner à multiplier les collaborations avec des firmes européennes ou d’Asie-Pacifique relativement à des technologies et à des processus uniques exclusifs. De fait, au cours des prochaines années, on s’attend à un recalibrage des relations entre les chaînes d’approvisionnement et le marché énergétique.

Conclusion?

Dans le classement des 100 entreprises les plus novatrices dans le secteur international des technologies propres, pas moins de 13 sont établies au Canada. Elles sont bien placées pour tirer parti des nouvelles occasions d’affaires, vu la demande mondiale pour des solutions novatrices. Le Canada se place au quatrième rang pour ce qui est du soutien à l’innovation et à l’écosystème des jeunes entreprises, devancé par les États-Unis, le Royaume-Uni et Israël. Notre proximité avec les États-Unis et notre intégration active à ce marché facilitera la réussite du Canada. Néanmoins, pour atteindre les cibles de 2025, les entreprises canadiennes devront surmonter des défis économiques, financiers et commerciaux majeurs dans les années à venir.

Nous exprimons des remerciements tout particuliers à Michael Borish, analyste principal au Service de recherche des Services économiques d’EDC pour sa contribution à la présente édition. 

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