Pour que l’économie mondiale retrouve un second souffle, le commerce international jouera un rôle de premier plan. Le problème, c’est qu’il y a encore des obstacles qui entravent l’élan du commerce. Un peu partout sur le globe, les indicateurs réalisent des gains substantiels. Or, on peut se demander si le commerce remonte la pente, ralentit ou si certains éléments empêchent son essor.

Il faudra sans doute attendre quelques semaines avant de le savoir. Les exportations mondiales ont continué de fléchir jusqu’en mai, le mois qui nous fournit les données accessibles les plus récentes. On a constaté une amélioration en Chine, dans la zone euro et dans d'autres économies avancées, sauf aux États-Unis et au Japon. Pourtant, le déclin a été assez marqué à l'échelle mondiale pour faire chuter d'environ 18 % l'ensemble des exportations depuis la fin de 2019.

Les marchés développés ont été les plus durement touchés avec un recul de 26 % jusqu'en avril. Toutefois, collectivement, on note une modeste amélioration en mai. Cela n'a pas été le cas dans le monde émergent puisque les gains de la Chine n'ont pas suffi à changer la performance générale, qui a glissé en mai pour afficher un recul cumulatif de 13 % depuis le début de l'année.

Il n'en demeure pas moins que la modeste augmentation des exportations sur les marchés développés est encourageante et fera office d'indicateur avancé pour le reste des économies, du moins nous l'espérons. La nette remontée en juin des ventes dans le secteur du détail aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada vers les niveaux d'avant la pandémie aura un effet dynamisant sur les chiffres des exportations de juin et des mois suivants.

Cela dit, une réalité complique l’analyse : la perturbation majeure des cycles de dépenses à l’échelle de la planète. Les entreprises du secteur du détail ont toujours à l’esprit les « saisons de dépenses » et planifient en conséquence, soit des mois à l’avance. À ce titre, les données sur le transport maritime nous sont utiles. Parmi celles-ci, j’affectionne celles de l’Indice Baltic Dry. Il s’agit d’un indicateur en amont qui offre une indication de l’activité de transport des matières premières, soit bien avant la vente des produits. Les signes donnés par cet indice étaient très positifs à la fin mai, alors que la série avait fluctué dans une fourchette plus basse depuis le début février. De là, l’indice a pratiquement quintuplé jusqu’au début juillet, ce qui constitue le message clair d’un solide rebond.

Depuis, cet indice a reculé, ce qui pourrait s’expliquer par une deuxième vague d’infections ou encore par une accalmie après une forte embellie. Il faudra surveiller l’évolution de la situation étant donné que l’Indice a, par le passé, fait figure d’indicateur fiable de l’activité économique générale.

Il y a un autre baromètre intéressant : l’Indice Harpex. Tout comme l’Indice Baltic, il nous renseigne sur les taux de location des navires pour le transport maritime, mais cette fois pour les porte-conteneurs.  Après une chute de plusieurs mois de 42 % s’étendant jusqu’à la mi-juin, cet indicateur a regagné 18 %  jusqu’au 24 juin, ce qui annonce probablement que l’activité d’achat et de transport maritime pour l’automne – qui sera une saison déterminante – ne sera pas une perte sèche. Les taux de location augmentent plus rapidement pour les navires de gros tonnage. Ce segment avait enregistré les diminutions les plus notables et était celui qui avait la plus forte pente à remonter pour revenir aux taux de location d’avant la pandémie.

Comment évolueront les exportations à court terme? Il est possible que la perturbation touchant les dépenses soit à l’origine de la hausse des stocks. À un certain moment, les ports refusaient le débarquement des biens. Les stocks s’accumulaient en raison du refus des entreprises de prendre livraison des marchandises. De toute évidence, il faudra du temps pour liquider ces stocks et retrouver les capacités pouvant faciliter les mouvements du commerce.

Par ailleurs, un autre élément complique l’activité d’exportation : la réticence. On pourrait se montrer réticents à recevoir des biens provenant d’une région ayant des difficultés à contenir la pandémie. La demande est bien là, mais l’offre pourrait être compromise, que ce soit au niveau des entreprises ou des transporteurs maritimes.

La législation pourrait aussi perturber les canaux  d’approvisionnement. Les régions où l’économie se referme pourraient nuire au  bon fonctionnement des chaînes d’approvisionnement locales, et à la livraison des biens finaux en partance ou à destination de ces lieux. Les mesures réglementaires prises – par l’État ou imposées par les régions elles-mêmes – pourraient faire en sorte que la deuxième vague d'infections entraîne un ralentissement accru des activités d’exportation.

Il y a malgré tout une bonne nouvelle, et elle ne se trouve pas dans l’information récente sur le secteur détail. Les consommateurs semblent être de retour, et ce, pour plusieurs raisons : ils doivent de nouveau dépenser après la pause imposée par la pandémie; les consommateurs qui ont maintenu un revenu étaient limités dans leurs options d’achats; les entreprises et les particuliers ont reçu des sommes dans le cadre des programmes publics d’aide face à la pandémie; enfin, la véritable raison pourrait être une combinaison de ces motifs. Ce n’est pas un secret : la demande comprimée est importante, et cette demande est maintenant à l’œuvre. Il y a donc fort à parier que d’ici quelques semaines, les exportations se mettent en mode « rattrapage ». 

Conclusion?

Le commerce international a souffert de la COVID-19. Il est possible que la pandémie ait des séquelles permanentes sur le commerce, mais pour l’heure, la demande semble se raffermir et la meilleure façon de répondre aux besoins est par la voie des canaux bien établis qui sont déjà en place. La remontée observée pourrait être ponctuée de difficultés, mais pour le moment l’élan est robuste. Espérons que cela continue.

 

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