Le printemps y est-il pour quelque chose? Après un an de mauvaises nouvelles en cascade apportées par la pandémie, les perspectives s’améliorent et on voit poindre l’espoir de la fin de cet épisode troublant. Cela, malgré le maintien des mesures de confinement en Europe et les images d’étudiants faisant la fête à Miami Beach. Ce regain d’optimisme est-il une belle illusion ou bien le signe d’une conjoncture plus favorable?

L’économie est une science réputée pour sa réserve de pessimisme. Les bonnes nouvelles économiques soulèvent d’ordinaire la méfiance – un peu comme un argumentaire de vente factice qui est trop beau pour être vrai. Quand un développement positif fait consensus chez les économistes, on devrait sans doute chercher à en savoir plus à ce sujet. 

Et ce développement est manifestement positif! En un mois, les prévisions des économistes se sont considérablement embellies, en particulier pour l’économie américaine. En 30 jours à peine, les perspectives moyennes ont grimpé d’un point de pourcentage, passant de 4,7 % – un taux déjà élevé – à 5,7 %. On s’accorde de plus en plus pour dire que l’envolée de l’économie américaine dépassera 6 %.

Les prévisionnistes officiels abondent dans le même sens, et ont revu sensiblement leurs chiffres. Le Conseil de la Réserve fédérale américaine (la Fed) a relevé ses prévisions de 4,2 % de décembre 2020 à 6,5 %. De même, toujours en décembre, l’Organisation de développement et de coopération économiques (OCDE) a publié des perspectives fixant la croissance américaine à tout juste 3,6 %. Or, dans un rapport intermédiaire publié plus tôt ce mois-ci, l’OCDE a bonifié cette prévision à 6,5 %.

Les rajustements de cette ampleur sont rarissimes, et quand ils sont apportés, des explications s’imposent. Ici, elle est toute simple : l’adoption par le Congrès américain d’un plan de relance de 1 900 milliards de dollars. Avant que ce plan ne franchisse les diverses étapes du processus législatif, les prévisionnistes hésitaient à l’intégrer dans leurs perspectives. Le plan de relance étant maintenant adopté, ils ont rajusté le tir.

Dans le cadre de ce plan, dans l’espace de quelques semaines, des sommes considérables seront injectées dans l’économie, dont environ 40 % au deuxième trimestre, soit lors du versement de transferts publics de 750 milliards de dollars. De ce point de vue, le soutien n’est pas aussi majeur, quoiqu’il demeure important; il devrait se maintenir jusqu’au deuxième trimestre de 2022.

Le consommateur est la principale force à l’origine de la progression de 1,1 %, qui établit la croissance à 6,3 % pour l’année.  Sur ce front, les opinions divergent. Certains prévoient toujours une croissance de -5 %, tandis que d’autres tablent sur une croissance supérieure à 8 %. Pourquoi un tel écart? Le sursaut serait alimenté par les liquidités accumulées par les consommateurs durant la pandémie, et également par les fonds issus du plan de relance. 

D’autres estiment que les consommateurs sont parfaitement à l’aise avec l’idée que les effets de la COVID-19 sont en grande partie chose du passé. Résultat : ils ne sont pas pressés de se départir de leurs liquidités personnelles ou provenant des mesures de relance. D’autres encore redoutent que les consommateurs américains calculent déjà le coût fiscal de l’après-pandémie, compte tenu de la montée de la dette publique. Il y a fort à parier que ces consommateurs doués dans l’art du calcul ne modifieront pas leurs habitudes d’achat, et choisiront plutôt d’épargner à l’approche de la saison des impôts.

Il est clair que ces retombées positives se propageront au reste de l’économie américaine. En moyenne, les prévisions s’améliorent aussi sur les plans de l’investissement commercial, les profits et la production industrielle. Vu l’ampleur du programme de relance, les prévisions pour 2022 ont aussi été revues à la hausse.

En général, les analystes s’attendent à ce que ces retombées touchent aussi d’autres marchés. Pour ce même mois, les prévisions de 2021 pour le Japon ont gagné 0,5 %. Le Royaume-Uni ne semble pas en reste, même si les récents chiffres de la performance de l'économie ont peut-être joué dans la révision positive de 0,4 % des prévisions pour l’année. Curieusement, les prévisions pour l’Europe continentale restent inchangées. Sans surprise, pour l’économie canadienne, on prévoit un gain de 0,5 % qui portera la croissance à 5,5 %. De toute évidence, la communauté des prévisionnistes est persuadée, qu’en dépit des politiques Acheter américain, les retombées s’étendront à l’économie mondiale.

Difficile de ne pas insister sur l’ampleur de cette révision; dans une large mesure, c’est la meilleure nouvelle depuis le début de la pandémie. Malgré tout, cette amélioration soulève des inquiétudes quant à une flambée incontrôlée de l’inflation, même si les prévisionnistes s’en remettent à la Fed pour gérer la situation. Les prévisions relatives à l’inflation sont légèrement au-dessus de la cible, et elles n’ont pas été rajustées de façon importante lors de la dernière mise à jour. Il reste que les marchés des capitaux semblent un peu moins convaincus.

Conclusion?

Les pessimistes ont le sourire, voilà qui ne passe pas inaperçu! L’année s’annonce exceptionnelle pour l’économie américaine grâce au déploiement d’un imposant plan de relance. Conjuguée à la campagne de vaccination, à une meilleure « immunité collective » et à des avancées dans la gestion de la pandémie, cette injection de fonds publics sera suffisante pour renouveler la confiance envers une relance économique plus tonique. C’est le moment de se préparer à un afflux de commandes!

 

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