La tempête américaine : Ce que vous devez savoir sur le plan Ryan

L’expert du commerce canado-américain Rick Tachuk prodigue ses conseils aux exportateurs canadiens appréhensifs quant au plan fiscal américain de Paul Ryan et à ses possibles conséquences.

Trouver des marchés cibles

Les mesures protectionnistes américaines vous tracassent. Rick Tachuk, président du conseil d’administration de la Chambre de commerce américaine au Canada, explique comment la mise en place d’une plate-forme opérationnelle en sol américain peut être un investissement stratégique ­— citant en exemple l’entreprise Calgary Champion Petfoods. 

Dans cet article : 

Vu les implications des mesures protectionnistes proposées et adoptées par le gouvernement Trump, les entreprises canadiennes doivent revoir leurs stratégies d’accès au marché, affirme Rick Tachuk, président du conseil d’administration de la Chambre de commerce américaine au Canada, une organisation qui se consacre à la promotion du commerce transfrontalier entre le Canada et les États-Unis.

L’investissement direct est sans doute l’un des moyens les plus sûrs de s’établir aux États-Unis.

L’expert du commerce canado-américain Rick Tachuk

« L’investissement direct est sans doute l’un des moyens les plus sûrs de s’établir aux États-Unis, souligne M. Tachuk. [citation mise en relief] Bien sûr, les entreprises canadiennes réussissent très bien à exporter aux États-Unis et c’est lorsqu’elles atteignent un certain volume qu’elles décident de faire des investissements à l’étranger. »

Ce qui a incité Champion Petfoods à se doter d’une présence aux États-Unis

Tachuk cite l’entreprise de Calgary Champion Petfoods comme exemple de société à qui cette stratégie a bien réussi.

« Champion avait su percer le marché américain de manière brillante, mais elle commençait à se heurter à des restrictions imposées par les autorités locales et les États sur la distribution de ses produits, explique M. Tachuk. Elle a donc ouvert dernièrement une usine au Kentucky. Depuis, ses ventes aux États-Unis ont explosé. L’entreprise s’est associée avec une société de biotechnologie américaine, avec qui elle a uni ses efforts en recherche, et maintenant, ses ventes aux États-Unis pourraient doubler dans les 12 prochains mois. Cela illustre bien comment un investissement aux États-Unis peut s’avérer très utile pour une entreprise canadienne. »

Tachuk prévient toutefois que, comme c’est le cas pour tout investissement sur un marché étranger, l’exportateur doit se renseigner sur le marché et ses restrictions.

« Le meilleur conseil que j’ai pour les entreprises canadiennes, c’est de consulter un comptable et un fiscaliste. Il ne suffit pas de traverser la frontière et de se constituer en société chez nos voisins : il y a de multiples variables fiscales à considérer. Il faut donc vraiment aller chercher les conseils éclairés de comptables, d’avocats et de consultants en immigration. »

Questionné au sujet des secteurs les plus concurrentiels pour les sociétés canadiennes aux États-Unis, M. Tachuk répond que, souvent, les entreprises qui réussissent le mieux sont celles qui ont trouvé un créneau à exploiter.

« Au chapitre des technologies, certaines innovations sont à l’avant-garde, ajoute-t-il. À mon avis, les fabricants canadiens tendent à pâtir un peu plus que les autres parce que nous avons un problème de compétitivité, mais ceux qui se consacrent plus activement à la recherche-développement et qui adoptent les nouvelles technologies seront extrêmement concurrentiels s’ils exploitent un créneau où la demande est forte. »

Quelles seront les incidences du plan Ryan sur les entreprises manufacturières canadiennes?

Tachuk a participé à un webinaire d’EDC sur les trois principales préoccupations des exportateurs canadiens à propos des affaires aux États-Unis. À cette occasion, il a également répondu à des questions sur les possibles conséquences, d’un point de vue optimiste et pessimiste, du plan fiscal présenté par le membre du Congrès Paul Ryan, qui changerait le régime de taxation des importations et des exportations aux États-Unis.

À mon avis, les fabricants canadiens tendent à pâtir un peu plus que les autres parce que nous avons un problème de compétitivité, mais ceux qui se consacrent plus activement à la recherche-développement et qui adoptent les nouvelles technologies seront extrêmement concurrentiels s’ils exploitent un créneau où la demande est forte.

L’expert du commerce canado-américain Rick Tachuk

« Le pire serait que le plan Ryan soit mis en œuvre exactement tel qu’il a été proposé, souligne M. Tachuk. Il a été préparé avant l’élection présidentielle, et représente la prescription la plus restrictive qui soit en matière de fiscalité transfrontalière. Dans le plan du président Trump, qui n’a pas été mis de l’avant, il n’était pas question de taxe à la frontière; il était donc plus avantageux pour le Canada. »

De quelle façon le plan Ryan pourrait-il accroître la demande pour les produits et services canadiens?

Cela dit, il fait remarquer que le plan Ryan exigerait une réforme fiscale substantielle aux États-Unis, particulièrement dans le régime d’imposition des sociétés, ce qui serait globalement bénéfique pour l’économie américaine, entraînant une hausse de la demande de biens et services et, possiblement, des exportations canadiennes. « Il faut donc peser les pour et les contre pour évaluer cette proposition et ses possibles conséquences », affirme-t-il.

Selon M. Tachuk, l’imposition d’une taxe à la frontière signifierait que les détaillants américains devraient tous payer plus cher les biens de consommation importés de pays aux faibles coûts de production, comme la Chine et d’autres pays d’Asie.

« Si on fait le calcul, il s’agirait d’une hausse de l’ordre de 4,8 %, souligne-t-il. Le secteur du commerce de détail a une forte représentation à Washington. Rien n’est encore sûr, mais je serais bien surpris de voir les détaillants aussi durement touchés. »


 

Date de modification : 2017-04-20