Le nouveau président du Brésil, Jair Bolsonaro, doit entrer en fonction en janvier. Dans ce contexte, de nombreux exportateurs canadiens s’interrogent sur les conséquences de cette élection pour le commerce canado-brésilien.

La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a indiqué qu’elle espérait maintenir des liens bilatéraux forts entre les deux pays.

« Le Canada et le Brésil ont noué une relation profonde […], de nombreux liens entre leurs citoyens et leurs entreprises, ainsi […] qu’une collaboration étroite dans les domaines de la sécurité et de la défense, de l’agriculture, de l’éducation, des technologies et de l’innovation. »

Les milieux d’affaires canadiens partagent cet avis. Sans égard à la politique, les relations personnelles sont au cœur des partenariats commerciaux au Brésil.

Un nouveau Congrès porteur de stabilité au Brésil

L’élection simultanée d’une nouvelle Chambre des députés et d’un nouveau Sénat au Brésil pourrait permettre au pays de continuer à améliorer ses relations commerciales dans le monde entier. On s’attend à ce que les membres nouvellement élus poursuivent les efforts pour consolider le milieu commercial et la sécurité du Brésil.

Durant des années, le pays a été accablé par la corruption de son gouvernement et de ses entreprises. Depuis 2014 toutefois, des politiciens et des sociétés mettent en œuvre avec succès des réformes pour lutter contre ce fléau. Tous les candidats des élections ont souligné l’influence positive de ces mesures sur la place du Brésil dans l’économie mondiale, et tous ont annoncé vouloir continuer à assainir le monde des affaires brésilien.

Les entreprises canadiennes encore confrontées à des défis au Brésil

Le piètre état des infrastructures complique l’acheminement des biens et des services vers le marché. La moitié des Brésiliens n’a toujours pas accès à des services de traitement des eaux usées dignes de ce nom. Plus tôt cette année, une grève de 11 jours des camionneurs a mis en évidence les tensions entre les syndicats et le gouvernement.

Le Brésil continue d’afficher une productivité relativement basse, des coûts salariaux plutôt élevés et une main-d’œuvre sous-qualifiée. Les problèmes de réglementation du travail ont été partiellement surmontés par l’adoption de nouvelles lois en 2017. Mais les infrastructures et les transports, la sécurité publique et le régime fiscal étouffant représentent encore des défis pour le secteur des affaires.

On espère que le nouveau Congrès parviendra à un consensus pour poursuivre les efforts visant à alléger le marché du travail, à repenser le système fiscal et à consolider des accords commerciaux qui faciliteront les échanges, en accord avec les promesses faites par l’ensemble des candidats durant la campagne électorale.

Les liens avec les entreprises et le peuple brésiliens plus forts que la politique

Au cours des dix dernières années, les gouvernements successifs ont relancé les investissements dans le secteur public, lutté contre la corruption et réformé le marché du travail.

Depuis 2014, les dirigeants engagent des réformes pour limiter les risques de corruption et d’actes répréhensibles. L’objectif est de favoriser la bonne gouvernance et d’améliorer les processus de gestion et de prise de décision au sein des organes gouvernementaux et des sociétés d’État. En parallèle, les entreprises en activité au Brésil, qu’elles soient locales ou étrangères, rehaussent leurs pratiques de gouvernance et adoptent des politiques de conformité et d’éthique. Ces dernières années ont ainsi été synonymes d’une transformation positive du monde des affaires brésilien.

On observe également au Brésil une hausse du nombre de gens d’affaires diplômés qui vont de l’avant pour consolider les liens commerciaux. Des organisations internationales, notamment canadiennes, voient par ailleurs le pays comme un lieu propice à la croissance et à l’investissement.

Les entreprises canadiennes font affaire au Brésil depuis un demi-siècle. Aux yeux de beaucoup d’entre elles, la fin de cette longue élection annonce une période de stabilité pour leurs partenaires sur place.

Le Brésil reste un marché stratégique pour les exportations du Canada et le premier partenaire commercial du pays en Amérique du Sud. Les Canadiens et les Brésiliens ont noué des relations solides, que ce soit sur le plan personnel ou à l’échelle des entreprises.

Une population brésilienne prometteuse

La population brésilienne est jeune et impatiente de faire partie de l’économie mondiale. Nombre de Brésiliens voient le Canada comme une porte d’entrée sur le monde.

 La moyenne d’âge au Brésil est de 32 ans.

  •  La classe moyenne rassemblerait 152 millions de personnes.
  •  Le Canada est la première destination choisie par les Brésiliens pour étudier l’anglais à l’étranger, ou se perfectionner à la langue dans le cadre de leur formation secondaire et collégiale.
  •  La demande est présente pour des vols directs journaliers entre le Canada et le Brésil, qui se trouvent dans le même fuseau horaire.

Les entreprises brésiliennes et canadiennes ont conclu des partenariats d’envergure visant l’innovation, au moyen d’accords scientifiques et technologiques dans des secteurs où les Canadiens possèdent une expertise de niche :

  •  Agriculture et agroalimentaire. Cette industrie est l’une des plus importantes au Canada et constitue une priorité d’exportation pour le Brésil.
  • Technologies de l’information et des communications. Au-delà du poids du secteur, les Brésiliens adorent Internet. Ils représentent un tiers de tous les utilisateurs sud-américains, possèdent en moyenne plus d’un téléphone cellulaire par personne et sont très friands des jeux vidéo et des médias sociaux.
  • Sciences de la vie. Comme le Canada, le Brésil compte sur un système de santé universel de calibre mondial. Celui-ci se tourne vers les chercheurs canadiens pour concevoir des méthodes novatrices qui amélioreront les soins et réduiront les coûts.

Technologies propres. Plus de la moitié des Brésiliens n’a pas accès à des services de traitement des eaux usées. De nombreuses PME canadiennes sont essentielles à la chaîne d’approvisionnement de ces infrastructures. Les Brésiliens s’appuient aussi sur des sociétés canadiennes pour concevoir des innovations dans les domaines des technologies de réseaux intelligents et de l’électricité solaire et éolienne.

Les forces du commerce canado-brésilien

La valeur des échanges entre le Canada et le Brésil s’élève à 6,4 milliards de dollars, ce qui fait du pays sud-américain l’un des 20 principaux marchés d’importations et d’exportations canadiennes.

Avec 18,2 milliards de dollars canadiens, les investissements directs du Brésil au Canada sont notables. Les PME brésiliennes voient dans le Canada un tremplin pour croître à l’étranger et un environnement propice à la recherche et au développement.

Les entreprises canadiennes sont aussi réputées pour leur savoir-faire en recherche et développement dans le domaine des services policiers et de la sécurité, un secteur porteur au Brésil.

Le Brésil et le commerce mondial

À la suite de la récession de 2008, l’économie brésilienne a connu une croissance soutenue de la fin 2009 à 2014, année où elle a de nouveau ralenti. Pour assurer sa viabilité budgétaire et stimuler son potentiel économique, le Brésil devra repenser ses finances publiques et augmenter sensiblement ses investissements. Ces deux axes dépendront de la mise en œuvre de réformes favorables au commerce et aux entreprises, qui contribueront à résoudre les problèmes posés par les infrastructures déficientes, la structure administrative inefficace et les finances publiques limitées.

Tendances du commerce canado-brésilien

Malgré les hauts et les bas de l’économie brésilienne, les échanges entre le Canada et le Brésil n’ont cessé d’augmenter ces dernières années et ont gagné plus de 25 % entre 2006 et 2016.

Trois conseils pour faire des affaires au Brésil

Définissez une stratégie à long terme

Les entreprises canadiennes qui cherchent à investir au Brésil doivent comprendre la nécessité d’adopter une vision à long terme, dans un pays où il est important de nouer des relations avant de conclure de potentiels partenariats commerciaux. Il n’y a pas d’occasions à court terme au Brésil. La corruption ayant gangréné les affaires et la politique, les partenaires ont besoin de temps pour accorder leur confiance.

Soyez ouvert dans votre approche

Vous aurez besoin d’établir une présence locale au Brésil. Vos partenaires s’attendront à ce que vous comptiez dans vos rangs des personnes maîtrisant la langue locale et que vous vous appuyiez sur un réseau régional bien implanté. Les investissements et les relations commerciales prennent souvent la forme de coentreprises avec des entreprises locales.

Le Service des délégués commerciaux compte 35 représentants dans tout le Brésil, qui maîtrisent les spécificités des différents marchés régionaux et se spécialisent dans les mises en relation.

Soyez prêt à offrir des modalités de paiement flexibles

En raison des difficultés liées aux infrastructures et au marché du travail, l’acheminement de biens vers le marché brésilien peut prendre du temps. Les acheteurs brésiliens demanderont souvent à prolonger la durée du crédit pour des délais allant de 60 à 180 jours.

Avec ses deux bureaux au Brésil, Exportation et développement Canada pourra vous aider à comprendre le marché et les besoins de vos clients en matière de paiement.