Le Canada semble s’être angoissé pour rien : dans son discours sur l’état de l’Union, le président des États-Unis, Donald Trump, a parlé très peu du commerce, encore moins du commerce avec le Canada.

Quelques mentions du commerce international

« Le discours comptait 5250 mots, et à peine 78, soit 1,5 % du texte, traitaient du commerce international, note l’économiste en chef d’Exportation et développement Canada, Peter Hall. Essentiellement, aucune nouveauté côté commerce. »

Le discours comptait 5250 mots, et à peine 78, soit 1,5 % du texte, traitaient du commerce international.

Ainsi, ajoute M. Hall, le discours « n’a pas produit une autre déflagration », rassurant donc les observateurs les plus pessimistes. D’ailleurs, ni le Canada ni l’ALENA n’a figuré dans le discours.

Le président Trump a dit qu’il voulait « réparer » les ententes commerciales plutôt que de les démanteler. Il a précisé que les États-Unis comptaient en négocier de nouvelles, signe que les Américains n’abandonnent pas le commerce mondial. Autre message très clair : les États-Unis s’attendent que tout accord soit « juste et réciproque ». Selon M. Hall, l’expression indique que le président s’accroche encore aux déficits commerciaux pour montrer qui gagne et qui perd.

Pour Stephen Tapp, économiste en chef adjoint chez EDC, le discours du président Trump à Devos la semaine dernière en révèle plus sur le commerce. Trump a déclaré que les Américains accepteraient peut-être de négocier avec les pays membres du Partenariat transpacifique « individuellement ou peut-être collectivement ».

Quant au secteur de l’automobile, Trump a souligné que « de nombreuses compagnies recommencent à construire ou à agrandir leurs usines aux États-Unis — voilà des décennies que ça s’est vu. » Il a cité comme exemples la relocalisation d’une usine de Chrysler au Michigan à partir du Mexique, ainsi que le partenariat Toyota-Mazda en vue d’en installer une en Alabama.

Que le président n’ait pas mentionné les autos du Canada est important aussi, selon Peter Hall. « Rien du tout sur nous. Tout visait carrément le Mexique. »

Une vue protectionniste sur les infrastructures

En matière d’infrastructure, le président a demandé aux deux partis de s’unir pour donner au pays « les infrastructures fiables, rapides et sécuritaires dignes des citoyens et de l’économie. » Il veut que le Congrès autorise des dépenses de 1500 milliards (1,5 billion) pour, entre autres, des « ponts, chemins, autoroutes, chemins de fer et cours d’eau », travaux à confier « aux cœurs, aux mains et à la détermination des Américains ».

Pour M. Hall, ces derniers propos présagent un approvisionnement protectionniste.

« La gestion de l’infrastructure penche certainement vers le protectionnisme, affirme l’économiste. On y voit l’orientation probable du gouvernement quant à l’approvisionnement. »