Alors que les magasins et les ports fermaient et que les employés de tous les secteurs travaillaient à distance, la croissance mondiale du commerce numérique s’est considérablement accélérée pendant la pandémie de COVID-19. Pour les exportateurs canadiens, ce passage aux services en ligne a ouvert de nouvelles possibilités et a redéfini la façon dont ils rejoignent leur clientèle et demeurent concurrentiels à l’international.
En 2022, les services fournis par voie numérique représentaient 54 % des exportations mondiales de services, totalisant 3 800 milliards de dollars américains. Ce segment a connu une croissance annuelle moyenne de 8,1 % depuis 2005. Selon la Commission européenne, plus de 60 % du produit intérieur brut (PIB) mondial concerne des transactions numériques. Par exemple, l’Union européenne cherche actuellement à conclure des accords commerciaux numériques avec la Corée et Singapour afin de dégager de nouvelles possibilités dans ce domaine en pleine croissance.
Compte tenu de son rôle croissant dans le commerce international, le moment est tout indiqué pour mieux comprendre ce qu’englobent les services numériques et la place du Canada dans ce secteur.
Le commerce numérique fait référence à toutes les transactions internationales de biens et de services effectuées en ligne. Il peut s’agir d’une entreprise canadienne qui vend des bijoux à un client en France par l’entremise d’un site Web, comme d’une entreprise étatsunienne qui conçoit sa boutique en ligne à l’aide d’un abonnement à Shopify. Il comprend également l’enseignement en ligne, comme un étudiant au Maroc suivant un cours de l’Université de Toronto, ainsi que l’infonuagique, la diffusion multimédia en continu et les plateformes de logiciels en tant que services (SaaS).
Cet article se concentre sur les services fournis par voie numérique, c’est-à-dire les services immatériels transmis électroniquement sans livraison physique. Il s’agit des seuls échanges commerciaux numériques suivis de façon permanente à l’échelle mondiale.
Pour que le commerce numérique se déroule de façon harmonieuse, il lui faut une infrastructure solide et des politiques favorables. L’indice de restrictivité des échanges de services numériques (IRES) de l’OCDE met en évidence cinq piliers clés :
- les infrastructures et la connectivité (p. ex., politiques relatives au flux de données transfrontalier);
- les transactions électroniques (p. ex., reconnaissance juridique des signatures électroniques);
- les systèmes de paiement (p. ex., accès aux services bancaires en ligne);
- les droits de propriété intellectuelle (p. ex., application des droits d’auteur, protection des marques de commerce);
- les autres obstacles (p. ex., exigences de rendement, limites pour le téléchargement et la diffusion en continu).
Le Canada s’est classé au premier rang des pays de l’OCDE en 2024 avec une note de 0,00, ce qui indique un environnement commercial numérique très ouvert.
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Les États-Unis arrivent en tête avec 16 % des exportations mondiales de services numériques, suivis par le Royaume-Uni (10 %.), l’Irlande (8 %) et l’Allemagne (6 %). L’Inde et la Chine gagnent rapidement du terrain, chacune détenant une part de 5 %.
L’Irlande est l’exportateur dont la croissance est la plus rapide, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) sur cinq ans de 20 %, stimulé par les investissements étrangers ainsi que les politiques et conditions économiques favorables à la technologie. L’Inde suit avec une croissance de 17 %, puis la Chine à 14 %, le Royaume-Uni à 10 % et les États-Unis et l’Allemagne à 8 %.

Quelles sont les plus grandes catégories d’exportations de services fournis par voie numérique?
Connaître les pays qui exportent ces services est certes important, mais la nature des échanges l’est tout autant. En 2024, près de 40 % des exportations de services par voie numérique à l’échelle mondiale se classaient dans la catégorie « autres services aux entreprises », qui a enregistré un TCAC de 12 % sur cinq ans. Cette vaste catégorie comprend :
- les services de recherche et développement;
- les services-conseils professionnels et de gestion;
- les services techniques et liés aux échanges commerciaux;
- les services d’emplois.
Ces services sont souvent à haute valeur ajoutée et nécessitent des connaissances approfondies, ce qui les rend particulièrement bien adaptés à une économie axée sur l’expertise comme celle du Canada.
Les services informatiques représentaient 21 % des exportations mondiales, avec un TCAC de 18 % sur cinq ans. Cela comprend le développement de logiciels, le soutien informatique et les solutions infonuagiques, des domaines dans lesquels les entreprises canadiennes sont de plus en plus concurrentielles.
Les services financiers avaient une part de 17 %, avec un TCAC de 7 %, ce qui témoigne de la demande mondiale dont font l’objet les services bancaires numériques, les plateformes de technologie financière et les outils de placement en ligne.
Les services de propriété intellectuelle représentaient 11 %, bien que la croissance ait été plus lente, à 3 %. Cette catégorie comprend les redevances, les droits de licence et les autres transactions liées à la propriété intellectuelle.
Il s’agit de secteurs à forte valeur ajoutée où le Canada a déjà une forte présence, ce qui offre au pays une belle occasion de se tailler une place plus grande dans l’économie numérique mondiale.

La place du Canada dans les exportations de services fournis par voie numérique
En 2022, selon Statistique Canada, 54 % des exportations de services commerciaux du Canada ont été fournies par voie numérique. Parmi les 15 principaux pays sur le plan des exportations moyennes sur cinq ans de ces services, le Canada s’est classé 14e au niveau mondial, avec un peu plus de 2 % de la part mondiale et un TCAC de 8 % sur cinq ans.
Répartition par catégorie :
- Les autres services aux entreprises, y compris les services techniques et les services-conseils, représentaient 45 % des exportations de services fournis par voie numérique du Canada, avec un TCAC de 8 % sur cinq ans.
- Les services informatiques avaient une part de 17 %, avec une croissance plus rapide à un TCAC de 12 %.
- Les services financiers représentaient 16 %, avec un TCAC de 9 %.
- La propriété intellectuelle se situait à 10 %, augmentant plus lentement à un taux de 3 %.
En ce qui concerne les partenaires commerciaux, 60 % des exportations canadiennes de services fournis par voie numérique en 2023 ont pris la direction des États-Unis, suivis du Royaume-Uni (5 %). Les principaux marchés européens étaient l’Allemagne (3 %), l’Irlande (2 %) et la France (2 %). L’Irlande a affiché le TCAC quinquennal le plus rapide avec 13 %, suivie des États-Unis (8 %), du Royaume-Uni (5 %), de l’Allemagne (4 %) et de la France (2 %).
Au cours de la dernière décennie, les exportations de services fournis par voie numérique du Canada ont augmenté plus rapidement que les moyennes de l’OCDE et du G7. En utilisant un indice qui établit 2015 comme année de référence (2015 = 100), les exportations du Canada avaient plus que doublé en 2021, dépassant celles de ses pairs.
Cette croissance est principalement attribuable aux autres services aux entreprises et aux services informatiques, qui ont explosé entre 2018 et 2021, probablement en raison de la demande mondiale accrue de services à distance pendant la pandémie de COVID-19. De grandes sociétés canadiennes, comme Shopify, figurent parmi les 10 entreprises qui ont le plus prospéré pendant la pandémie, stimulant ainsi les exportations dans ces catégories. Alors que la croissance du Canada stagne depuis, celle des pays de l’OCDE et du G7 se poursuit.

Le commerce numérique est confronté à des risques réglementaires croissants
Malgré la forte dynamique enregistrée au cours de la dernière décennie, le commerce numérique est de plus en plus confronté à des turbulences. L’évolution du contexte géopolitique redéfinit la façon dont les technologies qui alimentent les services fournis par voie numérique (comme les modèles d’IA, l’infrastructure infonuagique et les flux de données transfrontaliers) sont développées et déployées. Les pays affirment de plus en plus leur souveraineté par rapport aux données, à la propriété intellectuelle et aux infrastructures numériques, ce qui pourrait conduire à une fragmentation des écosystèmes numériques.
La montée du protectionnisme présente également des risques. Le contrôle des exportations relativement aux composants clés pourrait entraver la coopération internationale et limiter l’accès aux outils de pointe, en particulier pour les PME et les secteurs traditionnels. Cela pourrait ralentir l’innovation et les gains de productivité.
L’IA et les technologies génératives révèlent un nouveau potentiel d’exportation
Parallèlement, la productivité basée sur l’IA offre de nouveaux débouchés. Les pays du G7 sont généralement bien placés sur le plan de l’infrastructure de données, de la recherche et du développement ainsi que des normes sectorielles. Toutefois, si l’accès à l’infrastructure et aux services numériques devait être limité aux alliés géopolitiques, les inégalités mondiales pourraient se creuser et le déploiement des capacités numériques pourrait être freiné.
Les grands modèles de langage, au cœur de la montée de l’IA générative, transforment déjà l’économie mondiale. Des secteurs comme les services bancaires, la haute technologie et le commerce de détail pourraient générer des centaines de milliards de dollars de valeur ajoutée. Le secteur bancaire, à lui seul, devrait atteindre 200 à 340 milliards de dollars par an si tous les cas d’utilisation de l’IA générative sont mis en œuvre. Dans l’ensemble, l’IA générative pourrait contribuer de 2 600 à 4 400 milliards de dollars à l’économie mondiale dans 63 cas d’utilisation. Ces capacités font de l’IA générative un puissant moteur de productivité et de croissance pour les exportations de services fournis par voie numérique.
Pour les exportateurs canadiens, les possibilités sont considérables. Le Canada est bien placé pour devenir un chef de file de l’économie numérique mondiale en tirant parti de ses forces (éducation, immigration et innovation). Moyennant quelques ajustements pour bien protéger la propriété intellectuelle, régir les données et faire évoluer les entreprises technologiques du pays, le Canada peut devenir un carrefour mondial pour les exportations de services fournis par voie numérique.
Ce qu’EDC peut faire
À mesure que le commerce numérique évolue, EDC s’engage à aider les exportateurs canadiens à demeurer concurrentiels et à saisir les nouvelles occasions créées par l’économie numérique mondiale. Qu’il s’agisse de faire évoluer une plateforme de logiciels en tant que services (SaaS), de diversifier vos activités sur de nouveaux marchés ou de comprendre les réglementations concernant le mouvement transfrontalier des données, EDC vous offre :
- Des renseignements sur les marchés pour vous aider à trouver des débouchés à l’échelle mondiale et à évaluer votre niveau de préparation au commerce numérique;
- Des solutions de financement et d’assurance adaptées aux modèles d’affaires privilégiant le numérique;
- Des mises en relation avec des acheteurs et des partenaires internationaux par l’intermédiaire de son réseau mondial;
- Des services consultatifs pour vous aider à gérer les risques liés à la protection de la propriété intellectuelle, à la gouvernance des données et à la conformité réglementaire.
Pour communiquer avec un conseiller ou une conseillère en exportation d’EDC, consultez notre Centre aide-export et créez un compte MonEDC.
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