Dès le début, Jocelyn Boudreau savait que la technologie mise au point par son entreprise serait principalement destinée à l’exportation.

Fondée à Lévis en 2002, Hortau, une entreprise québécoise, est chef de file en systèmes de gestion de l’irrigation. Ses systèmes brevetés de gestion de l’irrigation, d’automatisation et de surveillance météo aident les cultivateurs à gérer le stress chez les végétaux en temps réel par la mesure de la tension du sol, garantissant ainsi une production optimale, tout en réduisant la consommation d’eau et d’énergie et l’incidence sur l’environnement.

« Dès le départ, nous voulions exporter », indique M. Boudreau, président et cofondateur avec Jean Caron. « Nous avons évalué différents modèles d’affaires et façons de promouvoir nos technologies en sachant bien qu’il fallait viser les marchés d’exportation et réussir d’abord dans certaines régions, pour ensuite s’en servir comme tremplin. »

Avec un siège social américain à San Luis Obispo (Californie) et des clients dans plusieurs autres États, Hortau concentre son exportation essentiellement aux États-Unis, où 90 % des ventes se font. Ce qui ne l’empêche pas de vouloir exporter en Amérique du Sud, en Australie, en Afrique du Sud et dans la région méditerranéenne, précise son président.

Son expertise s’inscrit dans un virage technologique mondial d’amélioration de la production et des techniques agricoles, qui s’intensifie. Plus tôt cette année, lors d’une cérémonie à Londres, l’entreprise s’est retrouvée parmi les trois finalistes du prix CognitionX pour le meilleur outil agricole intelligent.

L’entreprise a également été citée parmi les 50 entreprises en pleine croissance de THRIVE AgTech, un palmarès mondial des 50 entreprises façonnant l’avenir de l’agriculture, et parmi les 100 entreprises à surveiller du Cleantech Group, aussi un palmarès mondial reconnaissant les entreprises les mieux positionnées pour relever le défi des technologies propres de demain et révolutionner le marché.

La percée d’Hortau sur le marché d’exportation n’est venue qu’après qu’elle se soit fait un nom auprès des producteurs de canneberges du Québec.

« L’État du Wisconsin a une industrie de la canneberge similaire, et nous avons vite vu que nous pouvions y reproduire ce que nous faisions au Québec, explique M. Boudreau. Nous sommes présents dans la région depuis lors. »

C’est toutefois la Californie qui représente le marché le plus prometteur, tellement que M. Boudreau s’y est installé avec sa famille il y a quatre ans pour superviser l’expansion.

« Notre succès repose à la fois sur la technologie et notre stratégie de développement des marchés, affirme-t-il. J’ai déménagé pour me rapprocher du marché : ça nous permet d’exploiter notre technologie et de nous adapter rapidement à la conjoncture, en tirant parti de nos réussites et de nos échecs. Nous innovons avec notre technologie, mais aussi avec notre modèle d’affaires. »

M. Boudreau ajoute que l’entreprise n’a pas tardé à découvrir à quel point il est important de comprendre le marché – du point de vue des clients –, mais aussi l’environnement politique et économique.

Il fallait notamment connaître les pressions économiques qui pesaient sur les cultivateurs de la vallée de San Joaquin, un bastion de l’agriculture où le prix de l’eau a atteint des sommets historiques, faisant ainsi de la réduction des coûts en eau leur plus grande préoccupation.

Les produits d’Hortau répondent à ce besoin, en permettant aux agriculteurs de déterminer la quantité d’eau requise pour une culture ou un verger donné.

« En sachant exactement combien les plants ont soif et en leur donnant juste la bonne quantité d’eau, on peut améliorer leur santé, augmenter les récoltes et réduire les coûts d’irrigation – et c’est en plein ce à quoi sert notre technologie », affirme M. Boudreau.

Conseils d’exportation avec Jocelyn Boudreau, président

Quel a été votre plus grand défi à vos débuts dans l’exportation?

Comprendre suffisamment le marché pour adapter nos produits à sa réalité et aux besoins des clients. Nous avons décidé d’être sur place, de nous rapprocher du marché et des clients pour nous plonger dans la réalité locale et nous adapter rapidement. Ç’a été l’une des clés de notre succès initial et ce l’est encore aujourd’hui. Nous sommes les pionniers d’une nouvelle industrie et nous n’avons rien pour nous guider.

Que savez-vous aujourd’hui sur l’exportation que vous auriez aimé savoir à vos débuts?

Il faut se fixer un objectif dès le départ. Lorsque nous concevons et mettons au point de nouveaux services, nous pensons d’abord à nos marchés, à nos clients. Nous choisissons un modèle d’affaires qui appuie notre stratégie de développement des marchés, déterminons le soutien technique nécessaire et ainsi de suite.

Qu’est-ce que les PME qui se lancent dans l’exportation doivent absolument savoir?

Il faut comprendre le marché – ses acteurs et le contexte commercial et politique du pays cible –, et apprendre et s’adapter rapidement. C’est presque impossible de tout prévoir : la clé, c’est l’adaptabilité et la résilience.