Conseiller financier expliquant des diagrammes à secteurs sur un ordinateur à un couple inquiet

1. Profonde récession mondiale

Le plus grand risque auquel sont exposés les exportateurs canadiens découle en grande partie de la faiblesse de l’économie mondiale qui continue de se remettre de la pandémie de COVID‑19. L’augmentation spectaculaire des taux directeurs des banques centrales au cours des 18 derniers mois, jumelée aux tensions subséquentes sur les marchés financiers, réduira le flux de crédit dans le système au cours de plusieurs trimestres à venir. Elle pourrait même provoquer une profonde récession mondiale, surtout si les prêteurs resserrent davantage leurs critères d’octroi de crédit en réponse à cette situation. Selon nos calculs, cela pourrait engendrer une perte permanente de 1 % à 2 % de la production économique mondiale. Les Services économiques d’EDC évaluent les probabilités d’un tel scénario à 30 %, ce qui en fait un risque qui n’est plus improbable.

Homme d’affaires pointant un stylo vers les données d’un tableau

2. Vague de défauts de paiement chez les entreprises

Au tout début de la pandémie, les gouvernements du monde entier ont pris d’importantes mesures de relance et d’aide, en plus des initiatives de stimulation monétaire, lesquelles ont permis de protéger les entreprises contre les problèmes de liquidité et de solvabilité. Toutefois, lorsque les pressions inflationnistes ont refait surface et se sont intensifiées, les banques centrales du monde entier ont été contraintes de s’engager dans l’un des cycles de resserrement les plus rapides de l’histoire. Sous l’effet conjoint de la hausse des coûts d’emprunt et du ralentissement de la croissance mondiale, le premier trimestre de 2023 a enregistré le plus grand nombre de défauts de paiement chez les entreprises depuis la fin de l’année 2020. Alors que l’économie mondiale passe d’un environnement de crédit laxiste à un environnement de crédit plus coûteux, l’un des principaux risques à surveiller est celui d’une vague de défauts de paiement chez les entreprises dans différents secteurs d’activité et juridictions. 

 

 

Homme d’affaires regardant une affiche surdimensionnée d’un billet de banque américain avec une flèche vers le bas, indiquant une baisse de valeur

3. Crise financière aux États-Unis

Avec les fortes hausses des taux d’intérêt aux États-Unis depuis un an et demi, la tension dans les systèmes financiers étatsuniens s’est également intensifiée, à l’instar d’une pression le long d’une ligne de faille. Dans cette optique, la faillite de la Silicon Valley Bank et d’autres institutions depuis mars 2023 représenterait des secousses mineures, tandis qu’une crise majeure du secteur bancaire constituerait un véritable tremblement de terre. 
Dans ce scénario, le système financier étatsunien est ébranlé par les augmentations de taux d’intérêt et déclenche une incertitude économique à l’échelle mondiale. Avec près de 4 700 institutions bancaires aux États-Unis, dont la plupart sont de petite et de moyenne taille, une grande partie du système bancaire est exposée à un risque de fuite des dépôts ou à des bilans insuffisants, puisque la valeur des actifs accuse un retard par rapport aux augmentations des taux d’intérêt. La hausse des taux et l’affaiblissement des perspectives pourraient pousser les emprunteurs à manquer à leurs engagements et provoquer l’effondrement des banques, puis de l’économie mondiale.  

Trafic sur le pont du 6 octobre au Caire, en Égypte, au coucher du soleil

4. Crise de la dette souveraine

Dans leur analyse d’un scénario de référence, les Services économiques d’EDC continuent de soutenir que le risque d’une crise systémique de la dette souveraine demeure faible. Néanmoins, les ingrédients d’un cocktail dangereux sont en train de se réunir; combinez une dette publique supérieure aux niveaux prépandémiques, une croissance mondiale ralentie et des dépenses publiques en hausse, et vous obtiendrez une plus grande probabilité de défauts souverains. Une étude récente du Fonds monétaire international estime qu’au cours des sept à dix prochaines années, la vulnérabilité de la dette parmi les pays à faible revenu pourrait s’approcher des niveaux de crise observés la dernière fois au milieu des années 1990. Une profonde récession mondiale, un nouveau choc des cours des produits de base ou une crise financière aux États-Unis accéléreraient le processus. Une vague de défauts souverains, plus particulièrement dans les marchés émergents de moyenne ou grande taille comme l’Égypte ou le Nigeria, aurait des répercussions sur les entreprises canadiennes qui y font des affaires.

 

 

Un homme et une femme cadres se tiennent devant une carte du monde.

5. Relâchement de la mondialisation

Bien que certains risques soient davantage de nature cyclique, d’autres peuvent s’inscrire dans des tendances séculaires plus générales. L’une d’entre elles est la préoccupation liée à un relâchement de la mondialisation. Bien que notre scénario de base n’envisage pas de bouleversement matériel du paradigme du commerce mondial, le risque de fragmentation géopolitique doit être pris en compte. Plus précisément, la position de plus en plus antagoniste des principaux blocs commerciaux du monde a déjà suscité des représailles réciproques autour de technologies industrielles essentielles. Si l’économie mondiale se fragmentait en blocs distincts, cela aurait des conséquences majeures pour les exportateurs canadiens dont les activités commerciales sont fortement intégrées à celles d’autres pays. Un tel scénario porterait également un coup à la croissance mondiale, puisque les chaînes d’approvisionnement deviendraient redondantes. 

Ouvrier parlant à l’aide d’une radio portative, avec des conteneurs d’expédition à l’arrière-plan

6. Contraintes sur les chaînes d’approvisionnement et la main-d’œuvre

Les mutations des chaînes d’approvisionnement demeureront une importante préoccupation au cours des prochaines années. Les fabricants du monde entier, notamment en Occident, s’adaptent à un nouveau monde post-COVID-19 caractérisé par des sanctions, des guerres commerciales, l’inflation, des taux d’intérêt élevés, des grèves aux ports et un conflit qui perdure en Ukraine. Tous ces facteurs combinés auront des répercussions sur les chaînes d’approvisionnement, des céréales aux semi-conducteurs. De plus en plus, les fabricants doivent décider comment diversifier leurs chaînes d’approvisionnement afin d’éviter de dépendre de façon excessive d’un seul pays pour desservir leurs principaux marchés. Bien que les pressions sur les chaînes d’approvisionnement se soient atténuées au cours de la dernière année, les pénuries de main-d’œuvre demeurent une préoccupation constante pour les exportateurs canadiens.

 

 

Soldat ukrainien au combat

7. Escalade du conflit russo-ukrainien

Selon leur analyse du scénario de référence, les Services économiques d’EDC prévoient que les combats se poursuivront sur leur trajectoire actuelle. Bien que l’on ne sache pas exactement ce qui pourrait déclencher une escalade du conflit, puisque de nombreuses « lignes rouges » ont déjà été franchies, on ne peut exclure la menace d’une guerre qui s’étendrait au-delà des frontières de l’Ukraine et qui impliquerait directement l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). C’est en tenant compte de ce risque que l’Europe a augmenté de façon significative ses dépenses consacrées à la défense. Même si les entreprises canadiennes se sont grandement adaptées aux répercussions du conflit, si celui-ci devait connaître une escalade, il risquerait de freiner la croissance et le commerce régionaux, de perturber les exportations de denrées alimentaires et d’énergie, et d’obliger les pays touchés à repenser leurs chaînes d’approvisionnement. 

Agriculteur inspectant une récolte de canola

8. Réduction des échanges commerciaux et des investissements entre le Canada et la Chine

Advenant une détérioration des relations bilatérales entre le Canada et la Chine, un risque significatif de retombées négatives plane sur les échanges commerciaux et, possiblement, sur les investissements entre les deux pays. Il s’agirait principalement de mesures de représailles chinoises – administratives ou procédurales – visant les exportations vers la Chine de produits de base canadiens comme le porc ou le canola. Si les relations bilatérales devaient se détériorer gravement, il pourrait y avoir aussi des conséquences telles que des contrôles ciblés des exportations par la Chine pouvant avoir une incidence négative sur nos exportations.

 

 

Travailleuse du secteur pétrolier utilisant un ordinateur portable sur le terrain

9. Marché de l’énergie sous tension

En 2022, nous avons vu la hausse des prix de l’énergie et leurs effets inflationnistes accentuer l’incertitude économique et les troubles sociaux dans le monde entier. Les pays en développement qui dépendent des importations d’énergie ont été les plus durement touchés. Avec le ralentissement de la croissance économique mondiale, les prix de l’énergie ont connu une tendance à la baisse, mais la crise mondiale de l’énergie n’a pas encore atteint son paroxysme. La diminution des réserves de change et l’affaiblissement des devises ont exercé des pressions sur la capacité de certains marchés émergents à payer leurs importations. En tant qu’important producteur de pétrole et exportateur d’énergie nette, le Canada est censé contribuer à atténuer la crise mondiale de l’énergie en livrant davantage de pétrole brut canadien à l’étranger. En effet, grâce au projet d’expansion du pipeline Trans Mountain qui devrait être pleinement opérationnel au début de 2024, on estime que la capacité d’exportation de brut du Canada augmentera d’environ 15 %.

Une femme noire travaillant bénévolement dans une banque alimentaire calcule les dons.

10. Insécurité alimentaire mondiale

Bien que les prix mondiaux des denrées alimentaires aient chuté depuis les sommets de 2022, ils demeurent supérieurs à ceux des niveaux prépandémiques. L’inflation des prix des aliments sur le marché intérieur est élevée partout sur la planète. Alors que le nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire sévère continue d’augmenter, les Nations unies et la Banque mondiale craignent qu’il soit très difficile d’atteindre l’objectif de développement durable « Faim zéro » d’ici 2030. Puisque la Russie et l’Ukraine sont de grands producteurs de produits agricoles de première nécessité tels que le blé, la guerre qui se poursuit maintient le risque d’insécurité alimentaire à un niveau élevé. D’autres facteurs, comme les conditions météo extrêmes provoquées par les changements climatiques, continuent d’exposer à l’incertitude le délicat équilibre du système alimentaire mondial. Le secteur agroalimentaire canadien en pleine expansion a la possibilité et le rôle de contribuer à atténuer le risque d’insécurité alimentaire mondiale, en atténuant les pressions sur l’offre. 

         

         

         

Date de modification : 2023-07-20