Les ancêtres de Bob Berger seraient stupéfaits de voir tout ce qu’il exporte aujourd’hui.

Président de MW Canada à Cambridge, en Ontario, M. Berger dirige l’un des fleurons de l’innovation textile. Son entreprise, qui exporte 97 % de sa production haut de gamme de spécialité, est reconnue pour repousser sans cesse les limites des technologies industrielles, spécialement dans le domaine des textiles techniques.

Perçus comme l’avenir de l’industrie, les textiles techniques entrent aujourd’hui dans la fabrication de produits de pointe, notamment des fournitures médicales, des filtres et des articles prêts-à-porter « intelligents ».

Les experts prédisent que les ventes de textiles techniques se chiffreront en dizaines de milliards de dollars par année, portées par une demande dans tous les secteurs – de l’armement à l’énergie, en passant par l’exploitation minière, la construction et le transport.

Tout un revirement pour une industrie mal en point depuis longtemps, rudement malmenée ces dernières années par les multiples restrictions des accords commerciaux, la concurrence étrangère et les caprices du huard.

Mais MW Canada, en innovant et en s’adaptant en permanence, exporte avec succès depuis le début des années 1980. Même si la majorité de ses exportations prennent la route des États Unis, le fabricant a aussi des clients au Mexique, en Amérique du Sud, en Inde, en Chine et en Europe.

« Partout dans le monde, le Canada est réputé pour ses produits uniques de grande qualité, déclare M. Berger. Cela dit, les clients ne sont pas regardants sur la provenance. La qualité, le service, le prix, la livraison – ils veulent tout avoir. Pour réussir à l’échelle mondiale, il faut constamment rester à l’avant-garde, sans jamais se reposer sur ses lauriers. Quand on cesse d’avancer, on se fait distancer, puis on disparaît. »

Pour rester en phase avec les tendances mondiales, M. Berger parcourt la planète tous les deux ans pour découvrir le dernier cri de l’industrie et repérer les créneaux inexploités.

« Je vais voir ce que les autres font, dans quoi ils excellent. Ensuite, je me concentre sur ce qui leur fait défaut. Lorsqu’un produit est en vogue, ils peuvent en produire rapidement des tonnes en Chine ou ailleurs, pour inonder le marché. Mais deux ans plus tard, plus personne n’en parle. Inutile de tenter de rivaliser; mieux vaut comprendre ses propres capacités et celles des autres, puis trouver son créneau. »

Pour M. Berger, le succès mondial repose aussi sur le souci accordé à chaque marché.

« Les gens achètent de ceux qu’ils aiment », explique-t-il. « C’est important d’avoir les bonnes personnes et de cultiver sa réputation et la confiance sur chaque marché. Il faut parfois essayer plusieurs candidats avant de trouver le bon. Il n’existe aucun raccourci; on doit parfois repartir de zéro au bout de deux ans. »

Il fait remarquer que les frontières géographiques n’ont pas de prise sur les ventes de textiles. Vendre au Canada n’est pas différent de vendre sur un autre continent. .

« L’important, c’est d’être cohérent et de s’assurer d’être clair sur ses capacités et ses limites, d’accorder sa parole et ses actes. Rien n’arrive du jour au lendemain », ajoute-t-il.

Quoi qu’il en soit, vendre partout dans le monde peut poser des défis nouveaux et imprévus.

« Il y a des tas de détails à régler, et rien ne doit vous échapper. Il en va de votre réputation et de la récurrence des commandes. Il n’y a pas de recette miracle. Personne n’est parfait, mais quand un problème se présente, il faut le régler de façon transparente. Sinon, vous perdrez non seulement le client, mais aussi votre réputation. C’était différent il y a 30 ans, mais aujourd’hui, c’est ce qui arrive. »

Pour M. Berger, le travail d’équipe est la clé pour honorer à la fois des commandes du Canada et de l’étranger. MW Canada a du personnel pour encadrer le parcours de chaque employé, ses objectifs et ses progrès dans la formation en ligne (cours de maths, de gestion, et bien plus encore).

MW Canada emploie aussi un ingénieur à temps plein pour le financement de projets de R-D et la collaboration avec des chercheurs universitaires.

L’entreprise travaille actuellement sur le dernier-né de sa filière de produits en développement : un couvre-fenêtre capable de capter et d’emmagasiner l’énergie solaire pour alimenter diverses technologies résidentielles.

« L’avenir est à la technologie. Chacun de nos projets a le potentiel de révolutionner la science des matériaux. Nous sommes déjà capables d’emmagasiner assez d’énergie solaire dans la tringle pour actionner les stores plusieurs fois par jour, mais il faudra d’autres percées dans le rendement des panneaux solaires. Qu’on parle du solaire ou d’autres technologies, l’idée n’est pas d’être le premier, mais plutôt de ne pas être le dernier, et assurément de les comprendre. »

Apprenez-en plus sur le parcours d’exportation de Bob Berger.