Pour l’exportateur moyen, décortiquer les plus récents tarifs douaniers, gazouillis ou revirements de situation sur la scène économique mondiale revient presque à jouer aux devinettes.

Il y a beaucoup de confusion dans l’air, voire de l’inquiétude, et elle est cause de pessimisme. Par sa faute, beaucoup d’entreprises canadiennes mettent leurs activités sur pause. Il est temps de distinguer le vrai du faux, de faire un bilan, de regarder la route devant soi et de mettre son entreprise en bonne position pour saisir les occasions qui s’offriront à elle.

Dans le dernier mois, Peter Hall, l’économiste en chef d’EDC, a sillonné le pays dans le cadre de sa tournée semestrielle Parlons exportations, qui présente le contexte actuel des exportations canadiennes et les prédictions sur leur possible direction. Si vous n’avez pu y assister, il est possible de voir le webinaire sur demande; mais juste avant, prenons un moment pour revenir sur les points importants de sa dernière présentation et voir quelques conseils pour créer votre plan d’action pour l’exportation.

Les points à retenir

Faibles perspectives nationales

Le ratio d’endettement du Canada tourne autour de 175 %, soit 10 % de plus que celui des États-Unis juste avant la Grande Récession. Nous sommes en plein milieu d’une bulle immobilière qui va bien au-delà de Vancouver et de Toronto; et malheureusement, toutes les bulles finissent par éclater. Plus les taux d’intérêt se resserrent, plus les coûts du service de la dette augmentent. Mélangez ces facteurs et vous comprendrez que le pays n’est pas dans une position avantageuse; c’est donc de l’étranger que proviendront nos bénéfices futurs.

Trois hommes construisant une maison

Demande comprimée aux États-Unis et en Europe occidentale

Le secteur du logement ne s’est jamais vraiment remis de la correction de 2008, et le déficit de logements qui en a découlé ne cesse de se creuser. Une vague de croissance viendra un jour combler les manques, et plusieurs autres secteurs seront entraînés dans son sillage. De plus, le niveau d’investissement des entreprises devrait revenir à la normale maintenant que la capacité excédentaire d’avant la récession a été épuisée.

Perspectives modérées des acheteurs de première ligne

Auparavant optimistes, les directeurs des achats de première ligne voient désormais l’avenir d’un œil bien plus prudent. En même temps, les chiffres laissent entrevoir des échanges commerciaux négatifs.

Augmentation du populisme et du protectionnisme

Il serait logique de présumer qu’avec tous les emplois qui se créent partout dans le monde, la popularité du populisme serait en déclin, mais ce n’est pas le cas : elle augmente plutôt à un rythme surprenant, tout comme les politiques protectionnistes qui l’accompagnent. L’économie mondiale a pris plusieurs années à se remettre sur pied; ceux qui ont le plus souffert de ces années de vache maigre ont la mémoire longue et cherchent un bouc émissaire.

Nouvel accord commercial : la vérité derrière le discours

Malgré maints retards et machinations, le Canada, les États-Unis et le Mexique sont finalement parvenus à un nouvel accord de libre-échange. Peu importe l’ordre où apparaissent les pays dans le nom de l’accord, on y lit le progrès. Une fois signé, cet accord avant-gardiste intégrera de nouvelles protections en matière de propriété intellectuelle et des améliorations à de nombreux points importants concernant les barrières non tarifaires.

Querelle tarifaire entre les États-Unis et la Chine

Près de 30 ans ont été nécessaires pour bâtir la chaîne d’approvisionnement qui fait rouler l’économie mondiale. Cette boucle, qu’on doit surtout aux grandes sociétés américaines qui profitent des faibles coûts de production en Chine, ne changera très probablement pas du jour au lendemain. Et rien ne dit qu’elle devrait changer non plus : si l’on devait rapatrier quelques emplois en Amérique, les prix augmenteraient considérablement pour tous les Américains. D’ailleurs, cette possibilité a beau être risquée et dispendieuse pour les États-Unis, la Chine serait encore plus perdante. Elle a autant, sinon plus, besoin d’un accord que les États-Unis; la logique pointe donc vers une résolution.

Perspectives à court terme des exportations canadiennes

On prévoit une croissance d’environ 4 % des exportations. Les chiffres des secteurs de l’aéronautique et de la machinerie et de l’équipement sont bons. Et même si le secteur de l’automobile des États-Unis a atteint un sommet, des investissements intéressants ont trouvé leur chemin jusqu’au Canada. De manière générale, mis à part le secteur de l’énergie, qui est plutôt mal en point, le marché des produits de base fait bonne figure.

Plan d’action pour les exportateurs canadiens

Miser sur l’étranger

Ne vous fiez pas à l’économie canadienne pour alimenter votre croissance, puisque même si le pays est ressorti en bonne forme de la crise de 2008, les circonstances sont différentes cette fois-ci. Les marchés étrangers sont donc la voie à suivre.

Saisir les occasions

Par peur d’échouer, plusieurs entreprises se ferment elles-mêmes des portes. Mais n’oubliez pas : l’horloge fait tic-tac. C’est le moment ou jamais de saisir les occasions et d’aller chercher ce que les autres laissent de côté.

Profiter de la vague

L’incertitude quant au commerce a beaucoup freiné les investissements, mais on devrait les voir bondir dans un avenir rapproché; préparez-vous à profiter de la vague.

Oser se diversifier

Traitez vos meilleurs marchés aux petits oignons, mais soyez à l’affût des économies en plein essor qui, dans 10 ou 20 ans, seront toujours en train de croître. De plus en plus d’entreprises canadiennes se diversifient en se tournant vers les marchés émergents; elles réduisent ainsi le risque d’être emportées par la chute d’un marché donné tout en se protégeant contre la cacophonie des gazouillis, tarifs et autres distractions du commerce international.