L’année 2017 a été bonne pour les exportateurs canadiens. Avec l’aboutissement d’importantes négociations économiques d’envergure internationale, comme l’Accord économique et commercial global (AECG), ainsi que les progrès technologiques, comme celle de la chaîne de blocs (blockchain), plusieurs tendances viennent changer la donne dans le monde de l’exportation, que ce soit à l’échelle mondiale ou canadienne.

L’ALENA continue de faire la manchette, mais le monde est plus vaste que l’Amérique du Nord, et c’est pourquoi nous avons demandé à huit experts de dégager les tendances en exportation vers les autres régions du globe que devraient surveiller les exportateurs canadiens. Voici ce qu’ils avaient à dire.

Un intérêt continu pour recherche et le développement

« Les perspectives 2017-2018 ont vu les exportateurs canadiens se concentrer sur l’innovation, le commerce et les nouveaux débouchés. Tablant sur les avancées en intelligence artificielle, en robotique, en impression 3D et en automatisation, le Canada poursuit ses efforts d’excellence en recherche et en développement pour stimuler les échanges commerciaux. Or, au Canada, les grandes tendances en innovation sont inséparables de certaines orientations politiques, comme le protectionnisme auquel on assiste à l’échelle mondiale. Si les exportateurs sont un peu nerveux devant cet enchevêtrement de considérations, ils ne doivent pas perdre de vue qu’ils demeurent bien positionnés pour prendre des risques calculés et explorer les débouchés en Asie et en Europe. Dans ce contexte, la percée des marchés internationaux et la création de ponts avec les économies qui affichent la plus forte croissance sont deux avenues porteuses pour les exportateurs canadiens. »

Lynda Arsenault

 

Lynda Arsenault 

consultante en IED et en commerce, Varanda Network

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L’efficacité énergétique, porteuse d’occasions d’affaires

« L’État de New York vient de lancer la transformation de son secteur de l’énergie à travers sa stratégie Reforming the Energy Vision (REV). Conformément à sa nouvelle vision ambitieuse de l’avenir énergétique, l’État a pour objectif de hausser à 50 % la part de l’électricité de l’État provenant de sources renouvelables, d’abaisser les émissions de GES à 40 % sous les niveaux de 1990 et de réduire de façon significative la consommation énergétique du parc immobilier. Pour plusieurs entreprises canadiennes, ce virage est riche de potentiel. C’est le cas par exemple d’Opus One, qui aide l’État de New York à comprendre l’incidence de la diversification des sources d’énergie sur les sources traditionnelles.

Les opportunités liées à l’efficacité énergétique du parc immobilier devraient aussi être significatives, à la fois sous l’impulsion des objectifs du REV, mais aussi en raison de la taille et de l’âge du parc immobilier de l’État. De son côté, la Ville de New York vient de se fixer des objectifs très élevés en la matière, avec son plan OneNYC qui vise, par exemple, à ramener les émissions à 80 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2050. Une grande partie de ces réductions proviendra de bâtiments moins énergivores et les entreprises innovantes qui offrent des solutions en ce domaine sont très sollicitées. »

Ian Philp

 

Ian Philp 

chargé du commerce, Cleantech, et chef, Environnement et Énergie, du consulat canadien à New York

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Les freins à l’exportation

« Les exportateurs canadiens sont les victimes de leurs récents succès : les capacités se resserrent dans certains secteurs et, pour la première fois depuis longtemps, les décideurs doivent envisager de nouveaux investissements massifs. Sans oublier la hausse des taux d’intérêt, qui inquiète les exportateurs à plusieurs égards : l’augmentation des coûts d’emprunt, le défi croissant d’assurer le financement sur les marchés émergents et le renforcement du dollar canadien. La montée du protectionnisme, quel que soit son degré, nourrit elle aussi l’inquiétude. C’est d’autant plus étonnant que cela coïncide avec l’entrée en vigueur, le 21 septembre 2017, de l’Accord économique et commercial global (AECG), qui ouvre aux entreprises canadiennes une multitude de portes dans un large éventail de secteurs. Soulignons qu’en même temps, l’économie mondiale et celle des États-Unis se portent de mieux en mieux ».

Peter Hall

 

Peter Hall 

v.-p. et économiste en chef, Exportation et développement Canada

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Pleins feux sur le Partenariat transpacifique (PTP)

« Puisque le processus de renégociation de l’ALENA pourrait s’étirer jusqu’en 2018, freiné par les échéances fixées par la Trade Promotion and Priorities Act de nos voisins du Sud, l’accord ne sera pas la grande opportunité pour les exportateurs canadiens, contrairement au Partenariat transpacifique (PTP).

En effet, les exportateurs canadiens devraient suivre de près le Sommet Asie-Pacifique sur la coopération économique, en novembre, au cours duquel les pays signataires devraient confirmer leur volonté d’aller de l’avant et plancher sur les stratégies de mise en œuvre. Selon les modèles économiques de Canada West Foundation, si cet accord devait entrer en vigueur, les pays qui en tireraient le plus d’avantages seraient le Mexique, suivi du Canada. Essentiellement, les exportateurs mexicains et canadiens pourront subtiliser à leurs concurrents américains des parts de marché au Japon et au Vietnam. En d’autres mots, le Canada et le Mexique sont avantagés dans un PTP sans les États-Unis, puisqu’ils conservent un accès privilégié au marché américain, tout en obtenant un meilleur accès aux marchés du Japon et du Vietnam. Le Canada pourrait ainsi voir un 500 M$ CA supplémentaires dans ses exportations annuelles dans un PTP où les États-Unis seraient absents. »

Carlo Dade

 

Carlo Dade 

directeur, Centre on Trade and Investment Policy, Canada West Foundation

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Le secteur manufacturier doit embrasser le changement pour rivaliser avec la concurrence mondiale

« Élargir l’accès au marché domestique et au marché international est un facteur essentiel de croissance à long terme pour le secteur manufacturier canadien. Toutefois, pour profiter des débouchés des nouveaux marchés ouverts par l’Accord économique et commercial global (AECG) et des nouvelles opportunités en Chine et ailleurs en Asie, les manufacturiers doivent pouvoir être concurrentiels sur la scène mondiale.

Manufacturiers et Exportateurs du Canada (MEC), grâce à sa stratégie Industrie 2030, qui offre une analyse détaillée de l’état du secteur manufacturier visant à doubler la production manufacturière en 15 ans, estime que pour réaliser plein potentiel commercial canadien, les manufacturiers doivent prioriser trois aspects : les investissements au pays, l’innovation et la commercialisation. Pour connaître le succès sur la scène internationale et traduire des occasions d’affaires créées par les accords de libre-échange en croissance, le Canada a besoin d’actions fortes et coordonnées de la part des gouvernements et de l’industrie vers l’implantation de technologies et afin de permettre l’investissement nécessaire en ressources humaines et en capital. Sans mesures concrètes, le Canada risque de prendre du retard et d’être désormais trop cher et trop désuet pour rivaliser avec la concurrence mondiale. »

Dennis Darby

 

Dennis Darby 

président et directeur général, Manufacturiers et Exportateurs du Canada

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Le commerce électronique chinois à seulement quelques clics

« Avec une classe moyenne de 300 millions de consommateurs, 700 millions d’internautes chaque jour et des ventes annuelles en ligne dépassant celles des 5 pays suivants réunis, pas étonnant que la Chine et son commerce électronique fassent rêver les grandes marques canadiennes. Même la plus petite part de ce marché peut représenter un gros volume de ventes pour les entreprises de toutes les tailles. Si percer un nouveau marché peut parfois sembler une tâche impossible, surtout lorsqu’il est aussi éloigné que la Chine, il est important de se rappeler que le jeu en vaut la chandelle. Il faut prendre le temps de comprendre les plateformes principales, d’identifier la plus avantageuse pour son entreprise, de travailler avec des partenaires locaux (la plateforme peut justement favoriser le réseautage) à des campagnes de publicité et à une stratégie de médias sociaux et, bien entendu, de se familiariser avec Exportation et développement Canada et le Service des délégués commerciaux du Canada, qui pourront guider l’entreprise dans le dédale administratif. Même si la Chine n’est pas à la porte, le commerce électronique chinois, lui, n’est qu’à quelques clics! »

Bryan Sirois

 

Bryan Sirois 

conseiller sectoriel, Light Manufacturing, EDC

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L’Accord économique et commercial global (AECG) offre une infinité d’occasions d’affaires

« Les exportateurs canadiens ont de quoi se réjouir ces temps-ci. Le Canada promeut le commerce international sur toutes les tribunes, ce qui positionne avantageusement les entreprises de toutes tailles dans plusieurs marchés étrangers. Les marchés émergents représentent 500 millions d’acheteurs potentiels de biens et services canadiens, soit l’équivalent du marché de l’Union européenne (UE). L’Accord économique et commercial global (AECG) entre l’UE et le Canada donnera aux entreprises de nombreux secteurs, comme l’automobile, l’aérospatiale, l’écotechnologie, le pétrole et le gaz, l’impulsion dont elles ont besoin pour soutenir la concurrence internationale. Une fois l’AECG en vigueur, 99 % des barrières tarifaires sur les biens canadiens tomberont, contre 25 % actuellement, ce qui devrait grandement faciliter la circulation des biens entre le Canada et l’UE. Cet accord de libre-échange offre une infinité d’occasions d’affaires et les entreprises canadiennes devraient en profiter pour faire le saut sur la scène internationale. »

Paul Gaspar

 

Paul Gaspar 

directeur, Petites entreprises, UPS Canada

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Hausse de la demande internationale en biens et services canadiens en 2018

« Les exportateurs canadiens profitent de l’élan des grandes économies du monde qui stimule les échanges commerciaux partout sur la planète. Si l’optimisme règne en Europe et en Chine, l’économie des États-Unis reprend elle aussi de la vigueur, ce qui devrait pousser à la hausse les exportations canadiennes jusqu’en 2018. De plus, plusieurs marchés émergents stratégiques se sont ajustés à la faiblesse des prix des produits de base et ont mené des réformes internes de sorte qu’on peut s’attendre à ce que la demande de tous ces joueurs stimule elle aussi les exportations du Canada. Plusieurs secteurs qui comptent essentiellement sur les débouchés étrangers arrivent au bout de leurs capacités et auront besoin de nouveaux investissements pour satisfaire l’appétit soutenu du marché international pour les biens et services canadiens. »

Brett House

 

Brett House 

v.-p., économiste en chef intérimaire, Scotiabank

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