J’ai été travailleuse autonome pendant presque toute ma carrière. Lorsque j’ai créé mon entreprise à la fin des années 1990, on trouvait surtout des pigistes dans les sphères du journalisme (ma première profession) et de la création. Et s’il y a longtemps que les agences de placement temporaire aident les entreprises à pourvoir des postes administratifs à court terme, il est difficile de croire, considérant la popularité du travail autonome aujourd’hui, que les consultants en gestion soient les seuls salariés occasionnels représentés dans la première mouture de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Les travailleurs temporaires de plus en plus nombreux

La métamorphose du monde du travail s’est accompagnée d’une augmentation rapide du nombre de travailleurs temporaires. Appelés aussi travailleurs autonomes, consultants, entrepreneurs ou salariés occasionnels, ils composent maintenant, selon les estimations, entre 20 et 30 % de la main-d’œuvre aux États-Unis et en Europe. À l’échelle planétaire, la moitié des entreprises ont commencé à faire plus souvent appel à des salariés occasionnels dans les dernières années, et, selon un sondage de EY Global, 40 % prévoient ajouter plus de travailleurs autonomes à leur bassin de talents d’ici cinq ans. Par ailleurs, près de la moitié des membres de la génération du millénaire, qui dominent maintenant le marché du travail, travaillent à temps partiel ou à temps plein à leur compte.

Un concours de circonstances

  • Le numérique est venu complètement redéfinir les formules de travail traditionnelles, donnant par le fait même aux entreprises un avantage concurrentiel : elles n’ont plus besoin que leurs employés, même ceux d’une même équipe, soient au même endroit.
  • La taille moyenne des entreprises a diminué, et celles-ci n’ont pas nécessairement les ressources à l’interne pour déployer leurs stratégies de croissance.
  • Pour être concurrentielles, les entreprises doivent être agiles et avoir la capacité de s’adapter aux variations soudaines de la demande.
  • Les entreprises ont souvent besoin de travailleurs hautement spécialisés.

Les entreprises se rendent compte que les travailleurs temporaires peuvent doper leur compétitivité

1) Les travailleurs temporaires augmentent la capacité de production

La principale différence entre un employé et un consultant est la durée de l’entente contractuelle, plus courte dans le deuxième cas. Engager un nouvel employé – avec la recherche, le recrutement, la négociation du contrat, l’intégration – peut demander beaucoup de temps. Un consultant, au contraire, peut habituellement mettre rapidement le pied à l’étrier et vous aider à vous développer. En augmentant votre capacité de production du jour au lendemain pour un projet spécial ou dans une période très occupée, vous pouvez maintenir le rythme de vos activités, puisque vos employés pourront se concentrer sur le travail habituel.

2) Un bassin de talents planétaire

Si vos exigences le permettent, vous pouvez aller chercher des pigistes partout dans le monde. Un avantage de taille pour les entreprises qui souffrent de la pénurie de talents au Canada. Si le travail peut être fait n’importe où – comme c’est souvent le cas des projets de rédaction –, retenir les services d’un travailleur autonome étranger sera bien plus facile que d’engager un employé dans un autre pays.

3) Une main-d’œuvre hautement spécialisée

Les consultants ont souvent un savoir-faire unique et spécialisé, qui peut venir compléter celui de votre personnel. Les petites entreprises peuvent faire appel à des spécialistes, comme des consultants en TI ou des experts en marketing numérique, pour installer de nouveaux systèmes ou élaborer des stratégies. Les courtiers contractuels à l’étranger peuvent pour leur part vous aider à vous constituer une clientèle dans d’autres pays.

4) Engager un consultant pour limiter les coûts

Si ça peut sembler cher de faire appel à un pigiste, il ne faut pas oublier qu’il ne sera payé que pour les heures qu’il vous donnera, en fonction de son contrat. Des honoraires fixes ou un nombre d’heures maximal peuvent aussi vous aider à limiter la dépense pour les projets spéciaux. Il faut aussi savoir qu’engager un consultant réduit de beaucoup vos coûts indirects : pas de vacances ni de congés de maladie. Par ailleurs, les erreurs de recrutement coûtent cher. Mais si vous faites appel à un pigiste et qu’il ne répond pas à vos attentes ou ne s’entend pas avec l’équipe, la loi vous permet de le remercier sans autre préavis que ce qu’indique le contrat. Qui plus est, la plupart des pigistes travaillent rapidement.

5)  Des pigistes qui pourraient devenir vos employés

Selon une étude d’EY Global, la majorité des salariés occasionnels (66 %) préfèrent les avantages du travail autonome au travail à temps plein – et n’épluchent donc pas les sites d’emploi. Mais si vous les approchez, vous pourrez connaître des spécialistes de talent qui ne seraient pas venus d’eux-mêmes frapper à votre porte. Ainsi, quand vous voudrez engager une perle rare, vous connaîtrez plusieurs candidats potentiels et compétents qui travaillent déjà avec vous, ce qui réduira le temps de recrutement.