Pas facile d’être vert : voici des conseils avisés pour créer votre entreprise de technologies propres

Selon Industrie Canada, le secteur canadien des technologies propres est en voie de compter parmi les cinq secteurs d’exportation les plus performants d’ici 2025, et la valeur de ses exportations annuelles devrait presque tripler, pour un total de 20 milliards de dollars.

Pour une entrepreneure comme moi, ces prévisions sous-tendent d’excellentes possibilités d’affaires à l’étranger, et pas seulement sur le plan économique : c’est aussi l’occasion de générer des retombées environnementales positives partout dans le monde.

Se tailler une place dans le secteur des technologies propres n’est pas toujours facile, mais avec une idée, de la passion et beaucoup de patience, on peut y parvenir. Voici mes conseils pour créer ou développer votre entreprise de technologies propres.

On dit que la nécessité est mère de l’invention, mais dans mon cas, c’est plutôt le fait d’avoir eu des jumeaux. Ils ont six ans aujourd’hui, et nous avons eu un autre filles depuis, mais à l’époque, nos vies tournaient autour du sommeil, ou plutôt du manque de sommeil.

Un matin, exténuée, je promenais les jumeaux (qui dormaient tous deux enfin) dans notre quartier de Grande Prairie, en Alberta. Alors que je passais devant une maison en rénovation, un générateur s’est soudainement mis à vrombir. Je me suis dit que si les enfants se réveillaient, j’allais perdre la tête!

J’ai épargné les travailleurs de mon courroux ce jour-là, mais l’événement m’a fait réfléchir; pourquoi fallait-il que les générateurs soient si bruyants et exhalent des vapeurs nocives? J’ai alors commencé à imaginer un nouveau type de système énergétique portable, et le Grengine Power System (et Growing Greener Innovations) était né.

Une fois votre idée trouvée, assurez-vous qu’elle est révolutionnaire, ou du moins unique. Dans le cas du Grengine, je voulais concevoir un système énergétique modulaire, portable, prêt à l’emploi et abordable pour tous.

Le Grengine fonctionne à la manière des LEGO : des batteries s’assemblent et se désassemblent comme des blocs, ce qui en fait un système énergétique portable que l’on peut agrandir à l’infini. On peut donc créer des miniréseaux de toute taille, n’importe où et sans technicien, en toute simplicité.

Par exemple, on peut prendre un bloc de son Grengine résidentiel pour alimenter sa roulotte de camping durant une fin de semaine. Autrement, un plus grand nombre de blocs pourraient alimenter un chantier en zone éloignée. On pourrait même réunir plusieurs Grengines pour approvisionner un hôpital en électricité après une catastrophe.

Les blocs sont d’ailleurs rechargeables de plusieurs manières : prise électrique, énergie éolienne ou solaire… Ou même par un tapis roulant ou un vélo stationnaire.

Mais surtout, au bonheur de tous les parents, le Grengine est merveilleusement silencieux!

Je dois l’admettre : je ne raffole pas du travail entourant les brevets. C’est un processus long, dispendieux et juridiquement lourd. Mais c’est important pour trois raisons.

1. C’est un outil de marketing. Le fait d’avoir un brevet atteste que ce que l’on fait est vraiment unique et donne l’image d’une entreprise novatrice.
2. Les investisseurs prisent énormément les brevets.
3. Les brevets protègent la propriété intellectuelle… jusqu’à un certain point. Les entreprises de technologies propres, particulièrement, doivent s’assurer d’obtenir le bon type de brevet. Par exemple, un brevet pour la conception d’un logiciel peut être très facile à contourner parce qu’il y a beaucoup de manières de créer un produit similaire, mais différent, qui produit les mêmes résultats. C’est pourquoi un brevet fonctionnel, c’est-à-dire qui protège le fonctionnement même ou les résultats d’un produit, pourrait mieux convenir à votre produit de technologie propre.

Certains pays protègent mieux les droits de propriété intellectuelle que d’autres, mais tôt ou tard, quelqu’un essaiera de copier votre produit. En continuant d’innover, vous pouvez maintenir une avance sur vos concurrents : lorsqu’ils parviennent enfin à copier votre produit, vous l’avez déjà amélioré. Le truc, c’est de vous assurer que votre entreprise continue d’innover au fil de sa croissance plutôt que de tomber dans le piège de la hiérarchie et des rôles et processus rigides.

Dans notre entreprise, nous favorisons l’innovation en étant à l’écoute de quiconque veut proposer des idées. N’importe qui, peu importe le poste qu’il occupe, peut dire : « Avez-vous pensé à cela? » Nous laissons à notre équipe le temps et l’espace pour explorer des idées.

Nous veillons aussi à engager des personnes à l’attitude novatrice. Nos employés ont une formation et une expérience d’excellente qualité, mais l’esprit novateur ne se voit pas sur un CV. C’est quelque chose qu’on voit en personne à la conduite, à la manière de penser et aux passions. Nous engageons les personnes qui s’intéressent aux possibilités plutôt qu’aux manières de faire traditionnelles.

Fait intéressant, beaucoup de grandes entreprises trouvent moins dispendieux d’acheter des innovations plutôt que d’en concevoir elles-mêmes tellement il peut être compliqué de passer par toutes les étapes administratives pour faire approuver ne serait-ce qu’un petit changement. C’est donc en gardant une mentalité de petite entreprise au chapitre de l’innovation que l’on peut rester flexible tout en prenant de l’expansion. Nos dirigeants se rencontrent, examinent chaque idée, puis décident de donner leur aval ou non. S’il faut faire des recherches, elles sont faites sur-le-champ.

Au chapitre de l’innovation, rien n’est plus facile pour une entreprise de se laisser distraire par la multitude de choses qu’elle pourrait faire. On voudrait tout faire, mais on risquerait alors de disperser les efforts dans tous les sens. On en vient à crouler sous les projets sans jamais rien achever ou commercialiser.

Mon truc pour vaincre cette envie est de mettre de côté, dans un carnet noir, les excellentes idées dont on ne peut pas encore s’occuper. De cette manière, nous ne les perdons pas de vue, mais elles ne nous empêchent pas de nous concentrer sur la commercialisation de notre produit minimal viable. Nous jetons un œil au carnet noir tous les quelques mois et y ajoutons des notes sur les façons dont les innovations pourraient fonctionner. Ainsi, quand le temps nous le permet, nous sommes prêts à aller de l’avant.

Notre entreprise de technologies propres repose sur trois piliers : les gens, les profits et l’environnement. Vos racines peuvent contribuer à orienter toutes vos décisions d’entreprise.

Par exemple, lorsque vous mettez en place une chaîne d’approvisionnement, réfléchissez à la provenance des composantes et gardez à l’esprit l’empreinte carbone globale : personne ne voudrait concevoir de produit de technologie propre aux retombées globales négatives.

D’ailleurs, des occasions en or de redonner aux collectivités du monde entier se présentent aux propriétaires d’entreprises de technologies propres. Par exemple, j’ai récemment eu la chance de rencontrer l’ambassadeur d’Éthiopie au Canada pour élaborer un programme d’autonomisation des femmes basé sur le Grengine.

Il y a une corrélation directe entre, d’une part, le fait de ne pas avoir accès à l’électricité et, d’autre part, la pauvreté, le manque d’éducation et une mauvaise santé. En Éthiopie, un grand nombre de villages sont privés d’électricité et n’ont pas les moyens d’installer un miniréseau, et ce, tout particulièrement dans les régions éloignées.

Dans le cadre de notre programme, on désigne une femme comme entrepreneure et on lui fournit gratuitement un Grengine, qui fonctionne hors réseau et s’installe sans technicien.

Les villageois peuvent ensuite « louer » un bloc à frais modiques et s’en servir pour éclairer leur demeure, après quoi l’entrepreneure recharge le bloc au moyen de panneaux solaires. Le programme crée donc une entreprise locale tout en approvisionnant le village en électricité.

Les personnes qui déménagent peuvent apporter leur équipement avec elles puisqu’il est portable. La capacité d’installer un système énergétique n’importe où signifie qu’en cas de catastrophe naturelle, des hôpitaux et des systèmes d’urgence peuvent être équipés en quelques heures.

Actuellement, plus de 1,2 milliard de personnes vivent sans électricité, et notre mission est de contribuer à éliminer la pauvreté énergétique pour de bon.

Il ne peut y avoir de demande pour un produit novateur qui vient tout juste d’être conçu. Il faut donc se montrer inventif dans la manière de commercialiser un produit, et il est essentiel de nouer des relations avec des clients et des partenaires potentiels.

De notre côté, nous avons tiré profit de nos nombreuses discussions avec les banques TD et RBC, qui s’intéressent toutes deux aux solutions environnementales. Elles cherchent activement des entreprises comme la nôtre, qui ont une certification de diversité, afin de repérer des solutions et de les acheminer aux bonnes personnes. On ne trouve pas un tel promoteur tous les jours!

Les entreprises et les gouvernements  ont reconnu que les organisations qui favorisent la diversité sont plus rentables, innovantes, résilientes et capables de fonctionner sur un marché mondial. De plus en plus, les organisations doivent acheter à des entreprises certifiées diverses. Ainsi, cette certification ouvre la porte à des perspectives commerciales, à des missions commerciales, à des réseaux et à des opportunités de mentorat. Le Canadian Aboriginal and Minority Supplier Council (CAMSC), Canadian Gay & Lesbian Chamber of Commerce, WEConnect International au Canada et le Women Business Enterprises Canada Council (WBE Canada) ne sont que quelques-uns des organismes offrant une certification diversifiée (liens en anglais seulement).

Vous pouvez aussi jeter un œil à d’autres programmes et partenariats qui peuvent vous aider. Certains de nos bons coups nous sont venus des certifications de diversité LGBT au Canada et aux États-Unis, des groupes de femmes en commerce, d’Exportation et développement Canada (EDC), de la Banque de développement du Canada (BDC) et du Service des délégués commerciaux (SDC). Ces partenaires nous ont aidés à rencontrer beaucoup, beaucoup de clients potentiels. Le fait d’être présenté par le gouvernement donne de la crédibilité et inspire le respect vu la réputation de qualité de la marque Canada.