La pandémie de COVID-19 a déclenché une crise économique mondiale. Entre autres mesures prises pour prévenir la propagation du virus, citons la distanciation sociale, la fermeture des écoles et des entreprises non essentielles ainsi que la restriction des déplacements et des passages frontaliers. Ces mesures vitales, qui freinent lourdement l’activité économique, plongent vite l’économie mondiale dans ce qui sera vraisemblablement le ralentissement le plus marqué et le plus généralisé depuis la Grande Dépression.

Cette tragédie touche d’abord et avant tout la santé humaine. En définitive, ses conséquences économiques sont fonction de la propagation du virus ainsi que des mesures stratégiques sans précédent qui sont mises en place pour maintenir l’accès aux liquidités des marchés des capitaux, des ménages et des entreprises jusqu’à la maîtrise de la pandémie et au relâchement des mesures d’endiguement.

La COVID-19 a frappé au mauvais moment. L’économie mondiale était déjà chancelante en raison de tensions commerciales qui affaiblissaient le secteur manufacturier, les échanges et les investissements des entreprises. Et comme si les guerres commerciales et la COVID-19 ne suffisaient pas, le 7 mars, un accord entre l’OPEP et la Russie a achoppé à cause d’un différend entre l’Arabie saoudite et la Russie concernant les niveaux de production de pétrole. L’affaiblissement de la demande attribuable à la COVID-19, conjugué à la hausse considérable de l’offre résultant de ce différend, a donc plombé les cours pétroliers mondiaux. Voilà qui aura des conséquences particulièrement marquées sur l’économie canadienne, car les producteurs de l’Alberta sont plus gravement touchés que bien d’autres. Le cours du Western Canadian Select a fondu de plus de 80 % en un an, jusqu’à tomber bien au-dessous du seuil de rentabilité.

Les marchés des capitaux réagissent en temps réel aux développements. Les investisseurs étant en quête d’actifs sûrs, on observe une chute importante de la valeur des actions, une volatilité en dents de scie, une augmentation des coûts d’emprunt et une régression de l’accès aux liquidités, particulièrement pour les marchés émergents et les entreprises considérées comme étant de qualité inférieure.

Il faudra attendre quelques mois avant la publication des statistiques officielles sur le produit intérieur brut (PIB), mais l’ampleur véritable des dommages commence déjà à se révéler dans les indicateurs à haute fréquence de mars. Ces derniers montrent un recul spectaculaire des indices des gestionnaires en approvisionnement et des hausses records des demandes d’assurance-emploi. Les risques de faillite d’entreprise et de pertes d’emplois, s’ils se réalisent, auront en outre des effets plus persistants, même après la pandémie.

Les Services économiques d’EDC ont publié une première évaluation des répercussions sectorielles potentielles de la COVID-19 au Canada. Cette perturbation entraîne des difficultés économiques jamais vues, et nous croyons que celles-ci se feront sentir plus rapidement et plus largement parmi les secteurs que celles de la crise financière mondiale de 2008-2009.

Soulignons que notre analyse s’applique aux secteurs dans leur ensemble; au sein de chacun, la réalité variera grandement d’une entreprise à l’autre.

La majorité des 17 secteurs visés par notre rapport devraient subir des perturbations économiques considérables et des pressions sur leur fonds de roulement, mais les suivants sont particulièrement vulnérables :

  • Pétrole, gaz naturel et technologies propres : Ces secteurs encaissent à la fois la crise de la COVID-19 et la chute des cours pétroliers, ce à quoi s’ajoutent des taux de rentabilité faibles et des niveaux d’emprunt élevés.
  • Services : Un vaste éventail de services sont vulnérables en raison des restrictions commerciales qui réduisent grandement l’offre et des mesures de distanciation sociale qui limitent les contacts entre les personnes et affaiblissent ainsi gravement la demande. Il s’agit d’une irrégularité notable de la crise de la COVID-19 : durant les dernières récessions, le secteur des services était plutôt le champion de la résilience. L’onde de choc de la COVID-19 ébranle de nombreux services ayant de courts cycles de paiement, de minces marges bénéficiaires, de maigres réserves financières et de hauts niveaux d’endettement. On s’inquiète particulièrement pour l’hébergement et la restauration; le divertissement et le tourisme; les services personnels; et l’information et la culture.
  • Transport : Les transporteurs aériens subiront grandement les contrecoups des restrictions de déplacement, qui ont nettement réduit leurs activités.
  • Fabrication : Ce secteur a une empreinte économique importante et repose en grande partie sur les échanges commerciaux. Sur le plan de la demande, les produits de grande valeur et nécessitant de gros investissements sont souvent les plus durement frappés lors de récessions, car les consommateurs et les entreprises ont tendance à reporter ces achats. Sur le plan de l’offre, les industries dotées de chaînes d’approvisionnement complexes peuvent se trouver dans l’impossibilité d’accéder à des intrants cruciaux, ce qui complique la réalisation du cycle de production. En fait, on observe déjà des fermetures temporaires d’usines dans les domaines de l’automobile, de l’aéronautique et des pièces connexes.
  • Exportations de produits de l’agriculture, de la foresterie et de la pêche : Bien que les ventes sur le marché intérieur semblent relativement bien tenir le coup, on a relevé des problèmes d’expédition pour certaines exportations.
  • Commerce de détail : Cette période sera très difficile pour les établissements qui ont pignon sur rue; elle accélérera brusquement le passage au commerce en ligne. Les petites entreprises risquent d’être particulièrement ébranlées.
  • Immobilier et crédit-bail : Ces secteurs pourraient subir des pressions financières accrues en raison de niveaux d’emprunt et d’endettement élevés, principalement en ce qui concerne le volet hypothécaire. Les ménages étant déjà lourdement endettés avant la crise, leur stress financier sera aggravé après le passage du virus, ce qui pourrait restreindre les marchés de l’habitation et avoir un effet négatif sur le secteur des prêts hypothécaires.

À l’opposé, notre analyse révèle que quelques secteurs sont mieux placés que d’autres pour braver la tempête :

  • Santé, éducation, services sociaux et administration publique : La demande de soins de santé essentiels augmente; certaines activités scolaires se poursuivent en ligne malgré la fermeture des écoles; et dans l’ensemble, les emplois du secteur public sont mieux protégés que les autres.
  • Services professionnels, scientifiques et techniques : Les travailleurs hautement instruits et qualifiés peuvent plus facilement s’adapter au télétravail pour continuer de fournir des services en ligne (ex. : services juridiques, comptabilité, génie, expertise-conseil, R-D, relations publiques et publicité).
  • Services publics : Si l’on prévoit une diminution de l’utilisation des services publics, ce secteur dispose d’un long cycle de paiement et jouissait de bénéfices plus élevés que les autres au début de la crise.
  • Exploitation minière : Ce secteur doit composer avec la baisse des prix des métaux, mais profite de fonds de roulement généreux, de marges bénéficiaires confortables et de niveaux d’endettement limités.

Maintenant, si l’on regarde à l’échelle régionale, nous entrevoyons des effets négatifs dans tout le pays. Cependant, l’Alberta et Terre-Neuve-et-Labrador, et dans une moindre mesure la Saskatchewan, risquent d’être les régions les plus durement touchées à cause de leur sensibilité aux cours mondiaux des produits de base, qui ont chuté sous l’effet de la COVID-19.

Aux grands maux les grands remèdes : en ces temps difficiles, le gouvernement du Canada et Exportation et développement Canada (EDC) volent au secours des entreprises du pays en prenant des mesures extraordinaires pour prévenir une crise de liquidité. À titre d’exemple, la capacité d’EDC à aider les entrepreneurs canadiens a été élargie grâce au Programme de crédit aux entreprises (PCE) de 65 milliards de dollars du gouvernement fédéral. Ce programme nous permet d’offrir aux entreprises canadiennes de toutes tailles le crédit dont elles ont besoin pendant la pandémie de COVID-19. Nous travaillons de concert avec la Banque de développement du Canada (BDC) et les prêteurs des secteurs privés pour garantir que les entreprises d’ici obtiendront le soutien nécessaire en cette période d’incertitude.

Si vous avez des questions sur la COVID-19 ou l’exportation, visitez le Centre aide-export.