Selon trois récents rapports, 2017 s’annonce bonne pour les exportations canadiennes, malgré l’incertitude à l’égard des mesures protectionnistes de l’administration Trump.

Statistique Canada révèle qu’en novembre 2016, le pays a enregistré son premier excédent commercial depuis septembre 2014. Il est ainsi passé d’un déficit d’un milliard de dollars à un surplus de 526 millions de dollars. Les exportations ont augmenté de 4,3 % pour atteindre 45,6 milliards de dollars, une hausse qui s’explique principalement par la force des exportations de produits métallurgiques et de produits minéraux non métalliques, mais aussi de minerais métalliques, de produits de l’agriculture et de la pêche, de produits alimentaires et d’équipements d’aéronefs et de transport en général.

Les exportations vers des pays autres que les États-Unis ont aussi atteint des sommets : elles ont augmenté de 9,5 % pour atteindre 12 milliards de dollars le même mois, surpassant le record de décembre 2011.

Parallèlement, dans son rapport de janvier 2017, la Banque du Canada prévoit une hausse modérée des exportations. Elle signale qu’en dépit de l’augmentation attendue de la production pétrolière, la récente baisse des investissements dans le secteur de l’énergie freinera cette croissance. Autre facteur modérateur : l’appréciation du dollar canadien face aux monnaies des principaux concurrents.

La Banque anticipe une hausse moyenne d’environ 3 % des exportations totales en 2017 et 2018. Elle présume que la demande extérieure bénéficiera des stimulants financiers américains, mais que les répercussions positives pâtiront du déclin de la capacité concurrentielle canadienne si les États-Unis réduisent les impôts des sociétés.

Enfin, dans ses prévisions de l’automne 2016, EDC a indiqué que les exportations augmenteraient de 2 % en 2017 (comparativement à 1,3 % en 2016).

Qu’est-ce que cela signifie pour les exportateurs canadiens?

Nous avons sollicité l’avis de trois experts. Ceux-ci signalent que les plus récentes données datent de novembre, de sorte qu’elles ne reflètent pas encore les répercussions potentielles des élections américaines. Ils sont toutefois optimistes.

« Un signe particulièrement encourageant, c’est que les exportations vers des pays autres que les États-Unis ont augmenté », affirme Joy Nott, présidente de l’Association canadienne des importateurs et exportateurs. « C’est excellent. »

Elle pousse invariablement les entreprises canadiennes à se diversifier.

« Les États-Unis resteront toujours notre plus grand marché, mais ils ne sont pas le seul », ajoute-t-elle en mentionnant que les exportateurs canadiens tombent parfois dans la complaisance. « Pourquoi devraient-ils se diversifier quand leur voisin est la poule aux œufs d’or? »

S’ils sont forcés à regarder ailleurs, ça pourrait leur rapporter. « Des pays comme le Brésil, la Corée du Sud et la Chine s’intéressent aux biens canadiens, indique-t-elle. Nous avons aussi un atout – le Canada s’apprête à ratifier l’AECG. »

Son conseil aux futurs exportateurs? Choisir un pays, consulter les ressources disponibles, puis prendre l’avion pour s’y rendre.

« Le Service des délégués commerciaux du Canada fait partie des meilleurs services offerts, soutient-elle. Et c’est gratuit. Les délégués vous accompagneront, vous aideront, vous informeront. Ils sont sur place, et ils sont Canadiens. »

Elle note que de nombreuses entreprises qui hésitent à exporter brassent déjà des affaires sur l’un des marchés les plus importants et sophistiqués au monde. « Nous sommes avisés », dit-elle.

Quels secteurs connaîtront une bonne croissance, d’après les trois experts? Mme Nott cite le secteur agroalimentaire, vu la réputation internationale du Canada en matière de santé et de propreté.

Peter Hall, économiste en chef d’EDC, affirme que le secteur automobile « est une valeur sûre » aux États-Unis et que le secteur forestier, malgré l’expiration de l’entente sur le bois d’œuvre, « connaîtra une véritable ruée » grâce au marché américain de l’habitation. Il s’attend aussi à une croissance continue dans l’aéronautique, l’agroalimentaire, les produits chimiques, et la machinerie et l’équipement.

Michael Holden, économiste en chef de Manufacturiers et Exportateurs du Canada, est du même avis. « Les entreprises des secteurs des produits en bois, du papier et de l’alimentation – celles qui utilisent le sol canadien – peuvent maximiser les avantages du faible taux de change. »

D’un point de vue géographique, M. Hall aime les États-Unis et les marchés émergents (Asie du Sud-Est, Chine, et Inde en raison de sa forte croissance continue). D’après M. Holden, les entreprises du secteur de l’énergie se tournent plutôt vers le Moyen-Orient et l’Afrique.

M. Holden et Mme Nott recommandent de recourir aux nombreux services publics et privés – EDC dispose d’experts, tout comme le Service des délégués commerciaux – dont la mission est d’aider les Canadiens à exporter. « Nous devons mieux lier les services existants pour épauler les entreprises », explique M. Holden.

Enfin, selon M. Hall, la situation est favorable aux exportateurs prêts à faire le saut : ils pourraient conclure certaines des meilleures transactions de leur vie.