Le Canada compte plus de 50 000 entreprises dirigées par des Autochtones, c’est-à-dire des membres des Premières Nations, des Métis ou des Inuits. Cette communauté d’entreprises forte et dynamique apporte annuellement plus de 30 milliards de dollars à l’économie canadienne.

On y trouve en majorité des petites ou moyennes entreprises (PME), réparties dans tous les secteurs : exploitation minière traditionnelle, produits de la mer, services de technologies de pointe, hébergement, produits de santé et de beauté.

Les entreprises canadiennes ont été durement touchées par la crise de la COVID-19, et la communauté d’affaires autochtone ne fait pas exception. Bouleversement des chaînes d’approvisionnement mondiales, chute marquée  des revenus, besoin de fonds de roulement accru pour couvrir les frais d’exploitation… et ce ne sont là que quelques exemples des difficultés qu’elles doivent affronter. Le tourisme, le commerce de détail et la chaîne d’approvisionnement de l’industrie des ressources (énergie, exploitation minière, bois d’œuvre et autres dérivés du bois) ont particulièrement souffert de la pandémie. La fermeture des casinos a fait perdre aussi une importante source de revenus et d’emplois à de nombreuses communautés des Premières Nations.

Comme elles sont issues d’un groupe économiquement désavantagé, les entreprises autochtones vivent d’autres difficultés particulières, beaucoup sont le résultat direct  du racisme institutionnel et systémique. Ces obstacles limitent leur croissance ou nuire à la vente de leurs biens et services à l’étranger.

Principaux défis

1. Accès à des fonds de roulement. C’est là le principal problème des entreprises autochtones, et ce, pour plusieurs raisons :

  • Beaucoup n’ont pas de relation avec les banques traditionnelles;
  • Elles font souvent l’objet de préjugés, étant considérées comme plus « à risque » en raison d’antécédents historiques;
  • Souvent, elles n’ont pas le nantissement exigé pour obtenir des prêts ou des marges de crédit opérationnelles;
  • Même s'ils ont des actifs, les utiliser pour obtenir un prêt n'est pas une option pour les entrepreneurs autochtones vivant dans les réserves.
Un navire entrant au Nunavut.


2. Communautés dans des régions éloignées.
Qu’elles se trouvent dans le Nord de l’Ontario, au Nunavut, au Labrador ou aux Territoires du Nord-Ouest, les entreprises des régions éloignées rencontrent souvent divers obstacles :

  • Expédition de produits. La logistique du transport est complexe quand il n’y a pas de routes ni d’aéroports à proximité.
  • Connexion à Internet. Sans service fiable, ou sans service du tout, il n’est pas facile de communiquer avec les clients, les fournisseurs et les institutions financières.

3. Accès aux ressources. La main-d’œuvre qualifiée, les fournisseurs locaux et l’aide stratégique et financière sont difficilement accessibles. Les banques sont moins présentes en milieu rural ou éloigné, ce qui limite l’accès au financement et aux conseils financiers.

4. Statut socioéconomique. Les populations autochtones sont moins scolarisées que la moyenne au pays; un faible pourcentage détient un diplôme universitaire. Autres facteurs :

  • Taux d’incarcération élevé. Au Canada, les Autochtones représentent plus de 30 % de la population carcérale fédérale. De toutes les femmes incarcérées dans des établissements fédéraux, 42 % sont autochtones. (Et pourtant, ironiquement, les petites entreprises autochtones sont principalement dirigées et exploitées par des femmes.)
  • Moyens limités. En moyenne, les entreprises autochtones disposent de moins de ressources financières et ont moins d’actifs pouvant servir au nantissement que les autres entreprises. Il est donc d’autant plus difficile pour les entrepreneurs autochtones d’avoir accès à le capital nécessaire pour croitre et soutenir leur entreprise.
L'Inukshuk est un symbole d'espoir, de sécurité et d'amitié.

Partenaires de confiance

En tant que responsable national des exportateurs autochtones à Exportation et développement Canada (EDC), j’ai pour mission de faire connaître les besoins et les difficultés propres à la communauté d’affaires autochtone et de participer à l’élaboration d’une stratégie pour bien servir ce marché. D’abord, il faut établir des relations et un lien de confiance, ce qui prend du temps et de la patience. Les dommages du passé sont l’un des plus grands obstacles à surmonter.

Les peuples autochtones ont commencé à faire du commerce bien longtemps avant l’arrivée des premiers colons européens. Le commerce entre tribus a prospéré partout en Amérique du Nord, et cet esprit entrepreneurial inné est encore bien vivant aujourd’hui. Un récent sondage du Conseil canadien pour le commerce autochtone et d’Affaires mondiales Canada a révélé que près du quart des PME dirigées par des Autochtones au Canada font de l’exportation. Comme le Canada représente moins de 2 % de l’économie mondiale, les marchés étrangers offrent des possibilités de croissance durable non négligeables. 

Réconciliation

En 2007 a été conclue la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, le plus important règlement de recours collectif de l’histoire du Canada, et dans sa foulée est née la Commission de vérité et réconciliation du Canada, qui a pour mandat de prendre acte de la souffrance et des blessures causées par les pensionnats, d’étudier la question et de formuler des recommandations sur la manière de réparer les torts du passé pour que débute la guérison entre les Canadiens et les peuples autochtones.

En juin 2015, la Commission a publié un rapport contenant 94 « appels à l’action » qui orienteraient les obligations des organisations pour favoriser la réconciliation par l’encouragement de la participation des populations autochtones, les investissements dans la collectivité, la promotion de la diversité au travail et la sensibilisation des employés. Dans le cadre de sa stratégie à long terme pour mieux servir les entreprises autochtones, EDC travaille à mettre en place une approche plus globale pour ses interactions avec cette communauté.

Comment EDC peut-elle aider?

Nous tendons la main à cette communauté pour mieux comprendre ses besoins et ses difficultés, mais aussi pour faire savoir aux chefs d’entreprises qui la composent, surtout des jeunes animés par une incroyable créativité, que nous sommes là et que nous ferons tout notre possible pour les aider. En adoptant une approche de nation à nation, nous montrerons aux entrepreneurs autochtones qu’EDC peut être un partenaire de confiance pour leur croissance.

Pour devenir ce partenaire de confiance et se montrer plus accessible aux entreprises autochtones, EDC doit faire en sorte d’offrir des produits et des services qui répondent à leurs besoins. Elle doit aussi tirer parti de son réseau et de ses partenaires de l’écosystème du commerce international pour mettre ces entreprises en contact avec de nouveaux clients et fournisseurs, ainsi qu’avec des institutions financières.

Au bout du compte, le succès des entreprises autochtones profitera à leurs communautés ainsi qu’à l’ensemble des Canadiens. En travaillant ensemble, nous pouvons créer une situation gagnant-gagnant.

Suivant de la série : Les ressources offertes aux entrepreneurs autochtones

Quelques chiffres

Plus de 50 000 entreprises détenues par des Autochtones au Canada

Plus de 30 G$ de contribution des entreprises autochtones à l’économie canadienne

24 % des PME autochtones font de l’exportation

1,4 % des PME canadiennes sont détenues majoritairement par des Autochtones

65 % des entrepreneurs autochtones dépendent de leurs économies personnelles pour démarrer une nouvelle entreprise

19 % des entrepreneurs autochtones comptent sur le crédit et les prêts bancaires pour démarrer une nouvelle entreprise