Selon un rapport d’Exportation et développement Canada (EDC), la libéralisation des comptes de capital que veut accomplir la Chine d’ici 2020 profitera aux exportateurs canadiens de trois façons.

L’auteur, David Cosolo, des Services de recherche d’EDC, affirme que l’élimination des obstacles à la circulation de capitaux dans l’économie chinoise avantagera les Canadiens en raison de la monnaie, des réformes du secteur bancaire et de l’augmentation des sorties de fonds.

« La libéralisation de l’économie chinoise créée d’importants débouchés pour les exportateurs canadiens, indique M. Cosolo. Si le Canada n’en profite pas, d’autres pays le feront, et notre compétitivité s’en trouvera affaiblie. »

Une devise avantageuse

Selon M. Cosolo, la devise chinoise, le renminbi (RMB), présente des avantages financiers et commerciaux pour les exportateurs canadiens. Ceux qui l’utilisent pourraient économiser de 3 à 8 % sur les frais de transaction à mesure que s’ouvre l’accès aux PME chinoises.

« L’utilisation du renminbi permet d’atteindre davantage de clients, car de nombreuses PME en Chine souhaitent éviter l’étape de la conversion, explique-t-il. Les exportateurs accèdent ainsi à un réseau élargi de fournisseurs et de clients, ce qui améliore leur compétitivité et augmente la portée de leur chaîne de valeur. »

C’est pourquoi un centre d’échange du renminbi, premier du genre sur le continent américain, a été créé à Toronto en 2015. Il vise à faciliter l’utilisation de cette devise au Canada en allégeant les transactions entre les entreprises et les fournisseurs du Canada et de la Chine. Cela dit, les entreprises canadiennes n’ont pas adopté le centre d’échange d’emblée. Selon une étude de la HSBC, seulement 7 % des entreprises canadiennes ont utilisé le renminbi en 2016. C’est plus du double par rapport à l’année précédente (3 %), mais bien en deçà de la moyenne mondiale (24 %).

Réformes du secteur bancaire

Toujours d’après M. Cosolo, les exportateurs canadiens qui hésitent encore à brasser des affaires en Chine devraient se réjouir des réformes du secteur bancaire chinois en cours (amélioration de la réglementation, de la communication de l’information et de la gouvernance).

« Plus la perception du système bancaire chinois s’améliorera, moins il y aura d’incertitude et meilleure sera son image. Les entreprises canadiennes verront alors moins de risques à exporter en Chine », affirme-t-il.

Augmentation des sorties de fonds

L’augmentation prévue des sorties de fonds est le troisième avantage pour les exportateurs et les investisseurs canadiens. Celle-ci sera notamment attribuable au programme des investisseurs individuels nationaux qualifiés, qui sera déployé dans six villes de la Chine et permettra à des particuliers détenant au moins un million de renminbis en avoir net de faire des placements directs à l’étranger, à la hauteur de la moitié de leur avoir, dans des actions, des obligations et des biens immobiliers, une option réservée jusqu’à maintenant aux institutions.

« On s’attend à ce que la suppression des restrictions aux mouvements de capitaux entraîne une augmentation rapide des sorties de la Chine », indique M. Cosolo en ajoutant que la population chinoise a toujours été économe et dispose donc de liquidités. « Il pourrait y avoir des retombées de centaines de milliards de dollars, puisque les consommateurs chinois chercheront à diversifier leur portefeuille et à obtenir un meilleur rendement du capital investi. »

Le portail immobilier Juwai.com estime que si les particuliers admissibles placent 10 % de leur avoir dans des biens immobiliers, lorsque le programme sera déployé, près de 660 milliards de dollars pourraient sortir de la Chine.

Quant aux entreprises canadiennes faisant déjà affaire en Chine, elles devraient se préparer à saisir les occasions d’investissement que pourraient créer ces sorties, et même envisager des regroupements d’entreprises. M. Cosolo ajoute qu’EDC a maintenant deux représentations en Chine (à Shanghaï et à Beijing) et qu’elle a récemment ouvert un centre de financement à Singapour, ce qui lui permet de financer nettement plus d’entreprises canadiennes en Chine.

Élaboration d’une « stratégie pour la Chine »

Selon M. Cosolo, la libéralisation de l’économie chinoise présente un potentiel énorme pour le Canada, mais les PME canadiennes ont néanmoins des obstacles à surmonter.

« La situation encourage certainement les entreprises canadiennes à établir une stratégie pour la Chine, particulièrement celles qui n’en ont pas au sens large, dit-il. L’afflux potentiel de capitaux chinois change la donne; il influencera les marchés, les chaînes de valeur, les décisions d’investissement, etc. Ces capitaux ne seront pas circonscrits à un lieu ni à un secteur précis, par exemple Vancouver ou le pétrole et le gaz naturel : ils se retrouveront dans tous les marchés. »