Les entreprises canadiennes se distinguent dans la prochaine grande – quoique petite – tendance en énergie renouvelable : les miniréseaux.

L’entreprise montréalaise Tugliq Energy Co. s’est tournée vers les marchés étrangers peu après avoir montré qu’elle pouvait construire et exploiter un miniréseau dans le Grand Nord québécois, à la Mine Raglan du Nunavik. Aujourd’hui, elle cherche activement à faire affaire aux Comores, aux Antilles et au Mexique. Ses représentants ont également exploré les débouchés au Pérou et au Chili.

L’entreprise a d’abord mené un projet au pays – à la Mine Raglan – pour s’assurer que ses technologies fonctionnaient bien ensemble avant d’exporter sa brillante idée.

Les miniréseaux sont des réseaux électriques à petite échelle pouvant fonctionner de façon autonome ou de pair avec le réseau régional principal. En l’absence de réseau principal, ils peuvent fournir de l’éclairage et de l’énergie à ceux qui n’y ont pas accès. L’avantage des miniréseaux, c’est qu’ils peuvent intégrer l’énergie éolienne et solaire; ils exploitent donc l’énergie renouvelable et diminuent l’empreinte carbone mondiale.

« Nous avons atteint nos cibles écologiques à la Mine Raglan », indique Nicolas Séguin, chef de la prospection de clientèle à Tugliq. « En 28 mois, nous avons évité l’utilisation de 5,2 millions de litres de diesel grâce à une éolienne de 3 mégawatts. »

Parmi les grands avantages concurrentiels de l’entreprise, notons la technologie de stockage comprenant un volant à inertie, un système de batteries au lithium et une station d’hydrogène en boucle, qui conservent et acheminent le surplus d’énergie éolienne, au besoin.

« Les technologies de stockage contribuent à l’intégration de l’énergie, explique M. Séguin. Nous testons actuellement les trois pour déterminer ce que nous utiliserons à l’avenir. »

Fort de son travail récent à la Mine Raglan, M. Séguin comptait se rendre en Afrique au début février pour négocier avec le gouvernement des Comores un contrat concernant un miniréseau à énergie solaire, qui contribuerait à l’alimentation de trois petites îles.

« Je m’y suis rendu en novembre pour repérer des sites pouvant potentiellement accueillir une centrale solaire, et nous y retournerons bientôt. »

Selon Bruce Dudley, premier vice-président du Delphi Group, les miniréseaux représentent des débouchés formidables pour le Canada.

« Si le Canada fait bien les choses, nous pouvons créer le même genre de débouchés inédits qu’avec l’hydroélectricité il y a 20 ans, quand le pays détenait 33 % des parts du marché mondial, explique-t-il. Les miniréseaux offrent de telles perspectives. Ils feront progresser la distribution d’énergie en Afrique. C’est un agent de transformation qu’il faut bien encadrer, un peu comme les téléphones cellulaires et l’incidence qu’ils ont eue sur les communications dans le continent. »

Selon Lynn Côté, responsables des technologies propres dans l’Équipe des écotechnologies à Exportation et développement Canada (EDC), les miniréseaux gagnent en popularité.

« Pour les collectivités nordiques, l’industrie pétrolière et gazière, les sites miniers et les pays en développement en général, les miniréseaux sont une solution très logique, souligne-t-elle. Ils demandent peu de choses : des petites éoliennes, des panneaux solaires et une technologie pour faire fonctionner le tout. Il faut également des systèmes pour stocker le surplus d’énergie en vue de l’absence de vent et de soleil, et des outils d’analyse qui peuvent contrôler quel système est utilisé. Une génératrice peut aussi être utile; on l’utilisera en dernier recours. »

Mme Côté note que le Canada possède beaucoup des technologies nécessaires à l’expansion des miniréseaux. « Si nous pouvons mettre sur pied un tel réseau dans le Nord, dans un site minier ou sur une île, nous pouvons aller à l’étranger et montrer comment nous procédons. Nous pouvons montrer que nous possédons les technologies, connaissons le problème et savons comment le régler, ici comme ailleurs. »

L’entreprise torontoise NRStor Inc., dont la devise est « inspirer le réseau », se tourne également vers l’exportation du concept.

« Nous travaillons activement à des projets de miniréseau dans les collectivités autochtones éloignées du pays tout en explorant les débouchés à l’étranger », indique Jason Rioux, vice-président et agent principal de développement à NRStor. « Nous nous intéressons aux régions du monde où nous entretenons des relations d’affaires locales solides et estimons que nous bénéficions d’un avantage concurrentiel, comme les Antilles et Hawaï. Bien souvent, il s’agit d’avoir des réalisations à notre actif et l’assurance que nous pouvons honorer nos engagements. »

L’entreprise, spécialisée dans le stockage d’énergie, se concentre sur les miniréseaux qui se basent surtout sur l’énergie renouvelable et qu’elle peut financer grâce aux capitaux d’investissement.

Par ailleurs, Temporal Power, une entreprise de Mississauga, a déjà décroché un contrat auprès du gouvernement d’Aruba pour l’installation d’un système de stockage d’énergie à volant d’inertie de cinq mégawatts. Le projet visait à aider l’État insulaire à atteindre son objectif de produire toute son énergie à partir de sources renouvelables d’ici 2020.

« Les miniréseaux utilisent des technologies de pointe pour la gestion du débit d’électricité, mentionne Mme Côté. On commence à mettre le tout en place dans les collectivités. C’est là que ça se passe. »