Le 25 mars, le premier ministre indien, Narendra Modi, a annoncé de rigoureuses mesures de lutte contre la COVID-19. Dans le but de limiter la propagation du virus mortel, il a imposé un confinement de trois semaines, soit jusqu’au 14 avril, aux 1,3 milliard d’habitants du pays. Ce verrouillage a maintenant été prolongé jusqu'au 3 mai. Résultat : les entreprises ont cessé leurs activités, tous les trains de passagers ont été mis à l’arrêt (beaucoup ont été transformés en espaces de confinement pour les malades), et des milliers de travailleurs immigrés ont été contraints de quitter les grandes villes pour trouver de quoi se nourrir et travailler dans les petits villages.

Quels sont les secteurs les plus touchés par la pandémie dans la région?

Le secteur des services, qui contribue au PIB à hauteur de près de 55 %, est certes fortement ébranlé. Mais ce sont les secteurs comme la construction, l’immobilier et l’automobile, dans lesquels travaillent des millions d’Indiens, qui s’attendent à subir les plus gros contrecoups, directs et indirects. La construction et l’immobilier emploient la majeure partie de la main-d’œuvre non syndiquée au pays, tandis que l’automobile fait appel à un important bassin de contractuels semi-qualifiés. La crise de la COVID-19 a entraîné l’interruption des activités dans ces trois secteurs, ce qui oblige les travailleurs à revenir dans leurs villes et villages d’origine. Sont assurément à prévoir des conséquences sur la consommation rurale et urbaine au cours des prochains trimestres, ou jusqu’à ce que ces personnes trouvent du travail dans le cadre du programme de garantie d’emploi rural du gouvernement indien.

Les secteurs de l’hébergement et des transports, qui incluent les hôtels, les restaurants et les compagnies aériennes, devront aussi probablement faire face à d’importantes pertes de revenus et d’emplois. Le secteur des infrastructures se trouve également au cœur de la tourmente, puisque de nombreux projets ont été interrompus, tandis que les petites et moyennes entreprises de la fabrication, qui emploient elles aussi des millions de personnes, subiront incontestablement des impacts commerciaux, opérationnels et financiers majeurs surtout maintenant que le verrouillage a été prolongé.

Au cœur de cette période d’incertitude et de tumulte, certains secteurs tirent toutefois leur épingle du jeu :

  • Le secteur pharmaceutique et celui des biens de consommation courante, tels que les cosmétiques, les aliments emballés et les médicaments sans ordonnance, sont ceux qui s’en tirent le mieux. Les entreprises de collations surgelées, par exemple, enregistrent une croissance exponentielle depuis le début du confinement.
  • Le ralentissement de l’activité dans le segment des restaurants à service rapide (chaînes pour emporter et de restauration rapide), à faible marge, est en partie compensé par la demande dans le commerce de détail, à marge plus élevée.
  • Les producteurs de sucre doivent gérer une explosion de la demande d’alcool pour la fabrication des désinfectants pour les mains.
  • Les entreprises pharmaceutiques ne comptent plus leurs heures pour répondre à la demande de matériel de protection.
  • Les entrepreneurs et les jeunes entreprises du domaine des technologies de la santé se mobilisent pour concevoir des trousses de dépistage de la COVID-19 à prix abordable et utilisables à domicile.

Quels sont les plus grands défis des entreprises canadiennes actives dans votre région? Et que leur conseilleriez-vous de faire?

Les entreprises canadiennes présentes en Inde sont aussi touchées que leurs concurrentes locales, vu la nécessité d’interrompre temporairement la production pour contenir la pandémie. Cela aura des répercussions non seulement sur la demande immédiate, mais aussi sur celle à court et à moyen terme. Le gouvernement indien a par ailleurs suspendu temporairement l’ensemble des vols internationaux vers l’Inde, et les fermetures d’entreprises ont entraîné une baisse d’environ 30 % de la demande d’électricité. Tous ces éléments vont probablement éroder les taux de rentabilité interne des projets d’énergie renouvelable à court et à moyen terme, et poser des problèmes de liquidités, puisqu’il faut maintenir un volume d’activités minimal.

Les pays gèrent différemment la crise de la COVID-19, et l’Inde a opté pour un confinement total. Nous conseillerions aux entreprises de faire preuve de patience, de prudence et de résilience, et de tirer pleinement parti de l’aide du personnel d’EDC sur place et des sept bureaux du Service des délégués commerciaux en Inde.

Quel est le sentiment général dans le monde des affaires de votre région?

Le milieu des affaires est dans l’expectative. L’incertitude quant à l’étendue et à la durée de la pandémie, mais aussi quant à la demande des entreprises une fois le confinement levé, suscite de vives inquiétudes. Pour les secteurs comme l’automobile et les transports, la croissance des activités devrait reprendre seulement au troisième, voire au quatrième, trimestre de l’exercice 2020-2021. Pour les biens de consommation courante, comme les aliments emballés, les marchandises sèches, les produits nettoyants et les cosmétiques, la hausse de la demande devrait être plus rapide et plus marquée.

Temple indien avec un étang vert au premier plan

Comment EDC aide-t-elle le marché?

Des relations stratégiques d’EDC sur le marché nous approchent pour que nous soutenions par des prêts à terme le financement de nouvelles installations ou le refinancement d’installations existantes dont le paiement arrivera à échéance en 2020-2021. On nous demande également d’accélérer la conclusion des procédures de financement qui en sont à un stade avancé de contrôle préalable et de documentation. Enfin, nous incitons les entreprises canadiennes actives sur le marché intérieur à entrer en contact avec les bureaux régionaux d’EDC et leurs institutions financières pour se faire conseiller sur la Garantie – Programme de crédit aux entreprises (PCE) d’EDC. Ce nouveau programme peut les aider à acquérir le fonds de roulement dont elles ont besoin pour couvrir leurs salaires et leurs frais d’exploitation.