Voici le premier article d’une série sur le secteur en plein essor des services financiers canadiens, qui contribue à la croissance des exportations du pays et renforce sa concurrence mondiale. Les prochains articles concerneront le rôle des institutions financières et les défis et débouchés propres aux entreprises canadiennes.
Qui dit exportations canadiennes dit produits de base? Nombreux sont ceux qui le pensent. Pourtant, ce sont les services financiers, en plein essor, que le Canada exporte en premier lieu.
Aujourd’hui, plus de 50 % de l’investissement direct étranger (IDE) sortant du Canada est attribuable aux services financiers; en 2005, 46 % l’étaient. En 2015, l’IDE sortant attribuable à ces services s’élevait à 537 G$ – plus que le double du chiffre de 2005 et de nos entrées actuelles d’IDE. Autrement dit, mondialement, le Canada est un fournisseur de services financiers prédominant et grandissant. De 2005 à 2015, ses exportations de services financiers totales ont plus que doublé, pour atteindre 11,7 G$. Voilà qui en fait la source d’exportations de services la plus importante et la plus florissante.
« Un des meilleurs exemples de réussite à l’exportation du Canada, ce sont les services financiers », affirme Janet Ecker, présidente et chef de la direction de la Toronto Financial Services Alliance (TFSA).
« Nos principaux acteurs sont des sociétés mondiales grandissantes de Toronto… Une bonne nouvelle pour le Canada. »
Cette croissance a permis aux institutions financières canadiennes (banques, sociétés d’assurance, caisses de retraite, etc.) de renforcer leur présence à l’étranger et de créer des emplois et des débouchés économiques ici comme ailleurs. Le secteur des services financiers représente environ 7 % du PIB canadien et 780 000 emplois.
« Il est clair qu’investir à l’étranger constitue une stratégie de choix pour bien des fournisseurs de services financiers », soutient l’Institut C.D. Howe dans le rapport Opening up New Trade Routes for Financial Services: Canada’s Priorities.
Ce document souligne également que les services financiers occupent une place importante dans les grands accords de commerce et d’investissement du Canada, comme l’Accord économique et commercial global avec l’Union européenne et le Partenariat transpacifique (désormais inactif).
« Habituellement, les entreprises canadiennes investissent à l’étranger pour rester concurrentielles à l’échelle mondiale; sinon, même leurs activités au pays risquent l’affaiblissement. Faire des affaires ou investir à l’étranger vient compléter – et non remplacer – la stratégie de croissance nationale », peut-on lire dans le rapport.
À 4,5 %, la part du paysage mondial des services financiers que détiennent actuellement les entreprises canadiennes représente presque le double de la part de l’économie mondiale du PIB canadien – 2,5 %.
« Le plus remarquable, c’est que dans les autres pays du G7, la part des fournisseurs de services financiers s’est considérablement amincie », précise un autre rapport de l’Institut C.D. Howe, Play from Strength: Canada’s Trade Deal Priorities for Financial Services.
Les nouvelles technologies, le besoin de faciliter les transactions financières internationales vu la mondialisation croissante et la libéralisation des échanges : tous ces facteurs appuient la croissance internationale du secteur, comme l’explique le rapport Going Abroad: Examining the International Footprint of Canada’s Financial Services Sector. D’après ce document, c’est principalement par le commerce transfrontalier et la présence à l’étranger que les institutions financières font des affaires.
Rédigé en partenariat avec la TFSA, ce rapport soutient que « l’économie actuelle renforce la nature échangeable des services financiers (assurance, services bancaires, négociation de titres, gestion de portefeuilles, etc.) ». Il ajoute : « La prestation de services financiers à des clients étrangers est maintenant une pratique courante qui continue de prendre de l’expansion. »
Obstacles à l’expansion mondiale
Comme toute entreprise en expansion mondiale, les fournisseurs de services financiers canadiens rencontrent des obstacles. Entre autres, ils doivent éviter les pièges réglementaires, attirer les meilleurs talents et affronter la concurrence présente partout, notamment les jeunes entreprises de technologies financières cherchant à « démocratiser » les services.
Mais bien souvent, l’obstacle numéro un est le respect des règlements et des protocoles de gestion du risque, plus stricts depuis la récession mondiale de 2008-2009. Et le secteur se prépare maintenant pour Bâle IV, la dernière norme sur les réserves de capital visant à protéger les banques du risque de crise financière. Elle prévoit des exigences de capital plus rigoureuses et des déclarations financières plus transparentes. Les entreprises doivent aussi composer avec les normes de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement d’activités terroristes visant à réduire le crime systémique.
Enfin, les entreprises de technologies financières chamboulent le marché en promettant aux consommateurs, surtout à la technophile génération Y, de simplifier épargne, emprunts et placements grâce au numérique. Au Canada, quelques entreprises du genre, dont Wealthsimple, Overbond et Mogo, connaissent du succès. Par conséquent, nombre d’institutions traditionnelles travaillent à fonder leur propre division technologique ou à s’associer avec de nouveaux acteurs pour profiter de la croissance effrénée du secteur.