L’Australie, la « merveille aux antipodes », captive l’imagination du monde depuis les dernières décennies : elle abrite une économie petite, mais néanmoins puissante. L’image de l’aventurier intrépide défiant des crocodiles dans l’arrière-pays trouve un écho dans les efforts audacieux de l’Australie pour promouvoir l’activité économique et commerciale dans certaines des régions les plus difficiles. Est-ce là qu’une belle image? Cette description est-elle fondée?

Dans les années 1980, l’Australie n’était pas très différente du reste du monde. Pourtant, plus récemment, un écart s’est creusé. La croissance moyenne des pays de l’OCDE a glissé à 2,7 % de 1992 à 2007, pénalisée par l’essor de 2,3 % de l’Europe, alors que les États-Unis ont réussi à réaliser une croissance de 3,2 % et, le Canada de 3,1 %. Et l’Australie? Sa croissance moyenne s’est fixée à 3,7 %. Cet écart, lorsqu’il est maintenu pendant cet intervalle, fait toute la différence. Comment l’Australie s’est-elle tirée d’affaire après la récession, un épisode éprouvant pour tous les pays? Elle a encore réussi à enregistrer une croissance supérieure : alors que le Canada et les États-Unis affichaient une croissance de 2,1 % et l’Europe de 1,1 %, l’Australie a inscrit une croissance moyenne de 2,6 % entre 2010 et 2016. L’économie a ralenti la cadence, mais elle est demeurée en tête du peloton.

Son secret? En Australie, le commerce extérieur n’a pas le même poids dans l’économie. À la fin des années 1970, les exportations et les importations représentaient 30 % de l’activité économique, sans doute en raison de la distance entre l’Australie et les principaux marchés. Pourtant, depuis, ce taux a grimpé d’environ 33 % pour se camper à 40 %. La croissance du secteur de l’exportation a constamment dépassé celle des autres pans de l’économie   elle a été chaque année en moyenne de 5,1 % lors du dernier long cycle de croissance. Toutefois, au lieu de se contracter durant les années post-récessionnistes caractérisées par une croissance terne, la croissance annuelle à l’export de l’Australie s’est orientée à la hausse pour atteindre 5,4 %, à contre-courant de la tendance.

Quel est le facteur de cette réussite? La diversification. On en trouve la preuve évidente dans le début de transformation des activités commerciales dans les années 1980. À la fin de cette décennie, l’Australie dégageait une croissance annuelle à l’export vers le monde émergent de 11 %, contre 7 % pour les marchés traditionnels de l’OCDE. (À cette époque, les pays de l’OCDE représentaient les deux tiers des exportations australiennes). La croissance des exportations en direction des nations de l’ANASE était impressionnante : un taux annuel moyen de 13 %, mais c’est la Chine qui occupait la tête du classement, à 15 %. Aujourd’hui, la croissance à l’export vers la région de l’ANASE a diminué. Depuis, en moyenne, elle se chiffre annuellement à tout juste 3,6 %. Dans le même temps, la croissance annuelle des exportations vers les nations de l’OCDE a fléchi et glissé à 2,7 %, et encore plus bas à 0,9 % après la récession. À l’inverse, la croissance annuelle des exportations vers la Chine s’est envolée à 17,7 % entre les années 2000 et 2016, pour récemment se « modérer » à 10 %.

Cette performance a révolutionné la part des exportations australiennes. Les échanges commerciaux de l’Australie avec les nations de l’OCDE ne constituent plus que 38 % des exportations, mais ceux du monde en développement pèsent désormais pour 66 %. Lors de cet intervalle, la part des exportations vers les nations de l’ANASE est demeurée constante à environ 10 %. Ensemble, les marchés américain et européen comptent pour seulement 8 % des exportations australiennes (ce taux était de 20 %, réparti également entre chaque marché). Dans le cas de la Chine, ce taux est passé de 3 % à 32 %. C’est tout un bouleversement en un laps de temps aussi court qui montre que les plans dynamiques de promotion de l’Australie ont porté leurs fruits.

Qu’est-ce que l’Australie exporte? Plus récemment, les résultats varient selon les secteurs. Le repli des activités de transformation de l’acier en Chine a nui aux bons chiffres dans les secteurs du charbon, des produits chimiques et du matériel usiné. Pourtant, dans le même temps, la fabrication de produits à plus forte valeur ajoutée s’est accentuée, la croissance annuelle des produits bruts a gagné 7 %, tandis que les produits alimentaires – les exportations du futur – ont enregistré une croissance annuelle moyenne de 6 %.

La réussite de l’Australie sert de leçon aux petites économies ouvertes de la planète : il est possible de défier les géants économiques et de réussir sur la scène mondiale. L’Australie, est une puissance bien établie dans la région développée de l’Asie, et elle promet de le demeurer pendant un bon moment. Elle sera donc à surveiller. Le Canada intensifie sa présence sur le marché australien – la première destination de l’investissement direct canadien étranger en Asie. Cette présence accrue compte au nombre des multiples raisons pour lesquelles EDC ouvre une représentation à Sydney cette semaine. Les chaînes d’approvisionnement régionales étant intégrées au marché australien, le Canada joue un rôle de plus en plus prédominant.

Conclusion?

Alors même que le monde met en doute la pertinence du commerce extérieur, l’Australie s’impose comme l’exemple classique d’une nation entièrement tournée vers l’exportation. Voilà une raison de plus de faire affaire avec cette petite économie ouverte ayant le statut de puissance économique!