
Lorsque les Canadiens songent à voyager en Asie, la Thaïlande trône parmi les destinations en tête de liste. Et cela n’a rien d’étonnant, car elle a tout pour ravir : les saveurs irrésistibles de la street food façon thaïe , les splendeurs des temples bouddhistes, l’animation des marchés flottants ou encore l’enchantement d’îles tranquilles baignant dans des eaux immaculées.
La Thaïlande offre une myriade d’expériences à chaque voyageur. Destination parmi les plus prisées pour les activités de loisirs en Asie, le « pays du sourire » attire des touristes de partout sur la planète. L’attrait de la Thaïlande ne se limite pas à son secteur touristique. En effet, le pays abrite une grande économie – qui se distingue par sa vitalité et sa modernité – et fait de plus en plus figure de destination de choix pour les investisseurs et les exportateurs aux quatre coins du globe.
Depuis quatre décennies, la Thaïlande est en mutation : de société axée sur l’activité agraire, elle est en passe de devenir à une économie industrialisée ayant pour moteur les exportations. Cette évolution est impulsée par une stratégie tournée vers les marchés extérieurs et qui fait la part belle au secteur privé.
Opportunités économiques en Thaïlande
L’économie thaïlandaise peut compter sur une pluralité de filières actives dans l’exportation : du secteur de la fabrication en passant par le secteur des services arrivés à maturité. Cette effervescence a permis au pays de tripler le revenu par habitant depuis 2000 et d’acquérir le statut de pays à revenu intermédiaire et élevé en 2011. Aujourd’hui, forte d’un PIB d’environ 528 milliards de dollars américains, la Thaïlande est la troisième économie de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), tout juste derrière l’Indonésie et Singapour.
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En tant que pôle commercial et d’investissement de premier plan d’Asie du Sud-Est, la Thaïlande offre de belles occasions de resserrer les liens avec le Canada. Les exportations canadiennes à destination de ce pays ont franchi la barre du milliard de dollars l’an dernier, ce qui équivaut cependant à moins de 1 % des importations totales du pays. Qui plus est, l’investissement direct canadien vers la Thaïlande ces cinq dernières années (2019-2023) se situe à tout juste 300 millions de dollars canadiens.
Depuis la crise financière qui a secoué le continent asiatique (1997-1999), l’économie thaïlandaise a fait montre d’une remarquable résilience en inscrivant, en moyenne, une croissance annuelle de 3,4 %, le tout sur fond de crise financière mondiale et de pandémie planétaire. Au vu de ce contexte, nous prévoyons que la croissance restera au beau fixe pour osciller autour de 3 % dans un horizon de cinq ans.
Investir en Thaïlande
La Thaïlande entend se hisser au rang d’économie à revenu élevé d’ici 2037. L’accroissement du pouvoir d’achat se répercutera sur le niveau de vie et stimulera la demande pour des importations de qualité. De plus, l’urbanisation rapide de la population recèle des occasions intéressantes pour une croissance pérenne dans le secteur des biens de consommation haut de gamme, où le Canada excelle.
En Thaïlande, l’effet conjugué de la montée en puissance des consommateurs et de la robuste demande générée par les touristes affluant d’un peu partout sur le globe avivera l’intérêt pour les produits agroalimentaires de qualité. Parallèlement, la fermeté de la demande pour les aliments et les boissons à valeur ajoutée (par exemple, les protéines végétales) mettra à l’avant-plan les enjeux comme la santé et la salubrité des aliments.
Par ailleurs, l’activité touchant les services hôteliers et alimentaires devrait renforcer la demande pour les ingrédients servant à la transformation des produits d’alimentation animalière et de l’industrie alimentaire, en particulier le blé. Pour l’heure, à peine environ 8 % du blé importé par la Thaïlande provient du Canada. Ce chiffre illustre à merveille les occasions de croissance dans ce secteur traditionnel du Canada. Les importations thaïlandaises de produits carnées ont aussi le vent dans les voiles. Il existe donc des créneaux prometteurs, notamment pour le bœuf désossé congelé.
Au-delà des biens de consommation, les besoins de la Thaïlande en matière de développement s’arriment aux autres domaines où le Canada détient un avantage comparatif. Les projets de la Thaïlande, qui entend moderniser ses infrastructures en se dotant d’un train à grande vitesse et en mettant à niveau ses installations portuaires, correspondent aux champs d’expertise du Canada (construction, génie et technologies de transport). En outre, le rythme de l’industrialisation au pays imprime un élan certain à la demande pour des intrants intermédiaires tels que l’aluminium.
En 2024, les importations thaïlandaises d’aluminium ont bondi de plus de 22% pour atteindre les 5,6 milliards de dollars. Le Canada a beau détenir 3 % des parts du marché des débris d’aluminium, il est un peu présent dans la filière de l’aluminium brute, dominée par l’Australie, l’Inde et les Émirats arabes unis. À l’ère de l’incertitude tarifaire, il est capital de diversifier les exportations d’aluminium vers des marchés non traditionnels comme la Thaïlande, et ce, pour une raison évidente : il faut raffermir la résilience de ce secteur d’exportation d’une importance primordiale pour le Canada.
L’activité commerciale de la Thaïlande dans le segment des produits électroniques et la machinerie est également porteuse. Au fur et à mesure que le pays gravit la chaîne de valeur du secteur de la fabrication, les exportateurs canadiens trouveront preneur sur ce marché pour leurs équipements électriques et leurs machines.
La Thaïlande développe aussi son industrie aéronautique et devient une plaque tournante pour ce qui est de la prestation de services d’entretien, de réparation et de révision d’aéronefs (MRO). L’an dernier, les importations thaïlandaises d’avions et de pièces d’aéronefs ont grimpé de 35 % pour se chiffrer à 2,1 milliards de dollars américains. Malgré cette envolée, les parts de marché du Canada demeurent modestes à 0,3 %.
La Thaïlande s’est fixé des cibles ambitieuses : elle vise la carboneutralité à l’horizon 2025 et l’objectif zéro émission nette d’ici 2065. Au cours de la prochaine décennie, ce virage vert devrait s’accompagner d’investissements d’environ 85 milliards de dollars américains dans les technologies propres. Voilà qui devrait ouvrir de nouveaux débouchés pour les entreprises canadiennes se spécialisant dans les énergies renouvelables, les solutions d’efficacité énergétique et les technologies durables.
La Thaïlande abrite un climat des affaires favorable et, de ce fait, regorge d’occasions d’affaires. Pourtant, prospérer sur ce marché n’est pas sans poser son lot de défis. L’incertitude politique, plus forte que celle présente dans certains autres pays de l’ANASE, peut perturber les activités commerciales. De surcroît, composer avec les méandres juridiques et réglementaires peut se révéler une entreprise complexe. Autre élément compliquant la donne : la Thaïlande a signé des accords de libre-échange avec des acteurs régionaux tels la Chine, le Japon et d’autres rivaux comme l’Australie, ce qui pourrait mettre les exportateurs canadiens dans une situation de concurrence défavorable. Enfin, le pays est exposé aux désastres naturels comme les inondations, des aléas susceptibles d’engendrer des tensions sur l’économie intérieure.
La conclusion : la Thaïlande est riche en débouchés pour les exportateurs canadiens
En raison de sa grande économie et de ses perspectives d'une croissance stable, ainsi que des initiatives stratégiques nationales mises en œuvre pour concrétiser les objectifs de développement, la Thaïlande présente de riches débouchés pour les exportateurs canadiens désireux de s’implanter dans cette région du monde en plein essor. Compte tenu de la conjoncture commerciale mondiale, le moment est idéal pour saisir la balle au bond et tirer parti des possibilités offertes par la diversification commerciale.
Nous tenons à remercier chaleureusement Nadeem Rizwan, économiste aux Services économiques d’EDC, pour sa contribution à la présente chronique. N’oubliez pas que votre avis est très important pour les Services économiques d’EDC.
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