Les exportateurs canadiens terminent l’année avec un sentiment partagé. C’est sans doute là un exploit, car 2018 a connu son lot d’éléments perturbateurs. Il est décevant de constater que ce dernier mouvement de l’Indice de confiance commerciale d’EDC a effacé le regain constaté en milieu d’année, qui s’est produit malgré les inquiétudes d’une fin possible des échanges commerciaux nord-américains. Dans le contexte de la signature du nouvel Accord Canada-États-Unis-Mexique (l’ACEUM), la contraction de l’indice en fin d’année est un revers. Comment doit-on l’interpréter?

Le contexte mondial : un facteur dominant

Tout d’abord, ne nous laissons pas trop décourager. L’Indice a glissé, mais seulement au niveau de sa moyenne historique. Cela signifie que les exportateurs sont généralement optimistes, mais pas autant qu’en milieu d’année. Les cinq éléments de l’indice ont fléchi; cependant, c’est celui ayant trait à la conjoncture économique mondiale qui a accusé le recul le plus marqué. En fait, cet élément de l’indice se trouve à son plus bas niveau depuis le choc des cours pétroliers du début de 2015. Les attentes relatives aux ventes réelles présentent toutefois un tableau très différent. Ces ventes s’orientent à la baisse dans notre récent sondage. Pourtant, le pourcentage d’exportateurs canadiens tablant sur une augmentation des ventes au cours des six prochains mois reste à son deuxième niveau le plus élevé de la période postrécessionniste – par une marge considérable.

Le protectionnisme pèse sur l’activité réelle

Le sondage a permis de dégager un autre grand constat : le protectionnisme a des effets négatifs tangibles sur les exportateurs canadiens. Près de deux tiers des répondants ont indiqué que le protectionnisme commercial se répercute sur leurs stratégies d’exportation et d’investissement à l’international. Parmi les types de protectionnisme qui influent sur les stratégies des exportateurs, l’imposition de droits de douane obtient la note la plus élevée, suivie des politiques privilégiant les achats américains et les achats sur le marché local. Interrogés sur les défis rencontrés au moment d’envisager, de maintenir ou d’accroître leurs activités commerciales à l’étranger, les exportateurs (dans une proportion de 14 %) ont cité comme le premier et l’unique motif l’imposition de droits de douane par d’autres pays et les barrières tarifaires. Il est à noter que ce motif éclipse les besoins en financement et les pénuries de main-d’œuvre, qui comptent à juste titre au nombre des grandes préoccupations actuelles des exportateurs. 

Plus précisément, pas moins de 34 % des exportateurs ont ressenti les conséquences négatives de l’imposition des droits de douane sur l’acier et l’aluminium, toujours en vigueur après la signature de l’ACEUM. Les progrès au chapitre du nouveau pacte de libre-échange nord-américain ont manifestement apporté un certain soulagement. Dans notre sondage de mi-année, les répondants citant l’impact négatif de l’incertitude entourant l’accord étaient trois plus nombreux que ceux répondant favorablement; dans le présent sondage, les répondants sont également partagés – 59 % des exportateurs déclarant que cette conjoncture n’avait pas influé sur leurs plans d’investissements. Les progrès sur l’accord semblent avoir stimulé l’appétit des investisseurs : 23 % des exportateurs prévoient augmenter leurs investissements suivant la renégociation de l’ACEUM, tandis que 22 % ressentent le besoin de retarder leurs investissements.

La diversification du commerce se porte bien

L’élan de diversification des exportateurs canadiens est toujours notable, même s’il est moins important que lors de la délicate renégociation de l’ALENA plus tôt cette année. Une majorité – soit environ 55 % – des personnes interrogées prévoient exporter vers de nouveaux marchés au cours des deux prochaines années. Cela s’ajoute aux 38 % des répondants qui ont exporté ces deux dernières années. Parmi les marchés en tête de liste, on trouve le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Chine, la France et le Mexique. Le pourcentage de répondants prévoyant investir à l’étranger est relativement élevé à 19 %, la très grande majorité d’entre eux ayant dans leur ligne de mire le marché américain.

Au nombre des autres éléments d’intérêt figure l’attitude des exportateurs canadiens face à l’embauche. Pas moins de 48 % des exportateurs interrogés prévoient embaucher davantage au cours des six prochains mois, et 35 % déclarent avoir de la difficulté à recruter de la main-d’œuvre qualifiée – un résultat qui fait écho aux conclusions de la Banque du Canada. Autre constat : la confiance était moins élevée dans les entreprises de toutes tailles, et fait étonnant, les petites entreprises se sont dites moins touchées. Nous observons le même constat à l’ensemble des secteurs; la filière du transport, où la confiance est légèrement en hausse, fait figure d’exception. Sans surprise, le secteur de l’énergie est le plus éprouvé. À l’ensemble du Canada, les meilleurs résultats ont été du côté du Québec et du Canada Atlantique, les plus faibles dans l’Ouest. L’Ontario est légèrement en deçà de la moyenne nationale.

Conclusion?

Ce qui inquiète les exportateurs canadiens, ce sont moins leurs ventes actuelles à l’étranger que les politiques protectionnistes qui menacent de les ralentir. Voilà qui n’est pas rassurant à l’aube de 2019 – mais si les préoccupations à l’égard du protectionnisme sont relayées à l’échelle mondiale, on pourrait sans doute y répondre plus rapidement.

 

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