Le coronavirus, apparu en Chine à la mi-décembre, est passé en deux mois à peine d’un événement anodin à une force dominante sur la scène mondiale. Sa propagation, de la Chine à d’autres régions du globe, domine l’actualité avec comme conséquences des échanges commerciaux qui battent de l’aile et des marchés financiers malmenés. Et cette crise monopolise l’attention des dirigeants et des responsables des politiques. En fait, la seule chose qui se propage plus vite que le virus, ce sont les nouvelles à son sujet. Quelle est la gravité de cette crise aux proportions planétaires? Combien de temps durera-t-elle? Et comment devrions-nous réagir face à pareille situation?
Les médias ont révélé l’apparition du virus le dernier jour de 2019. Les services de santé de la municipalité de Wuhan ont fait état de cas de pneumonie du 12 au 20 décembre, et il a fallu attendre le 9 janvier avant que ces cas soient vraiment attribués au nouveau coronavirus. À la fin de janvier, l’Organisation mondiale de la santé (l’OMS) déclarait l’épidémie du virus, nommé COVID-19, une urgence de santé publique de portée internationale. Un mois plus tard, à la suite des évaluations de l’OMS, les risques mondiaux et régionaux posés par le coronavirus passaient à « très élevés », même si aucune recommandation de restriction des voyages n’avait été émise. En date du 11 mars, on dénombrait quelque 125 000 cas confirmés dans plus de 120 payset territoires, et plus de 4 500 décès.
Dans ce domaine, l’Histoire nous en apprend beaucoup sur l’incidence de ce type de situation sur l’économie. On se souviendra des craintes initiales d’un effondrement de l’économie lors de la pandémie du SRAS, de l’épisode de la grippe aviaire, de l’épidémie du Zika et même de la grippe espagnole de 1918-1919. Pendant ces urgences sanitaires, aux répercussions tragiques et dramatiques, l’économie est demeurée contre toute attente remarquablement résiliente. Comment l’expliquer?
La vitesse est ici un facteur déterminant. Les virus qui peuvent se propager rapidement causent la surprise, et jusqu’à ce que la situation soit maîtrisée, leur évolution est imprévisible. Le dynamisme économique est plombé si soudainement et de manière si généralisée que les entreprises disposent d’un nombre limité de sources alternatives pour s’approvisionner et maintenir leurs activités. Et lorsque les besoins de base des consommateurs restent insatisfaits, la demande finit par se comprimer. Quand la crise se résorbe, cette demande se libère enfin avec comme résultat un sursaut d’habitude impressionnant de l’activité. Certains manques à gagner seront permanents, notamment les repas annulés aux restaurants, les voyages remplacés par des appels, les hôtels désertés et les denrées alimentaires gâtées. Même dans ce genre de situations, la reprise permet de rétablir les flux financiers et de relancer la majorité des activités ayant été perturbées.
Ce redémarrage pourrait tarder si – comme dans le cas du COVID-19 – on assiste à des vagues successives de l’épidémie. Par ailleurs, l’ampleur des retombées négatives sur l’économie dépend des interactions humaines, et en particulier de la nature intégrée du commerce. Aujourd’hui, la toile serrée du commerce mondial, la logistique juste à temps et la gestion méthodique des stocks produisent une réaction en chaîne qui amplifie l’impact du virus. De plus, un concours de circonstances a décuplé son effet : l’épidémie est survenue lors des célébrations du Nouvel An chinois, une période particulièrement intense d’activité économique.
Ces deux éléments déterminants dans la crise du COVID-19 – la durée et la gravité de l’épidémie – demeurent encore incertains, ce qui complique la réponse des entreprises. Les bouleversements touchant les flux de produits bloquent les biens en transit, mettent un frein aux commandes, font gonfler les stocks et dérangent la production, ce qui provoque un arrêt des flux financiers. Résultat : les entreprises prospères peuvent bientôt se retrouver à court de liquidités et incapables de recevoir ou de faire des paiements. Les entreprises plus vulnérables, quant à elles, ont désespérément besoin de liquidités.
Ici, les plans de relance publique jouent déjà un rôle. Le 3 mars, la Réserve fédérale américaine a devancé de quelques semaines la date prévue de son annonce. La Fed a abaissé son taux directeur de ½ % dans sa volonté de non seulement maintenir des conditions monétaires accommodantes, mais aussi de renforcer la confiance des consommateurs et de soutenir les entreprises et les marchés financiers. Pour sa part, Exportation et développement Canada surveille de près les impacts de cette crise sur les exportateurs canadiens. Nous ne conseillons pas encore aux entreprises d’éviter les zones actuellement désignées comme à risque, mais nous les invitons à effectuer les contrôles préalables qui s’imposent. En clair : réaliser des recherches, utiliser des sources d’information crédibles et prendre des décisions éclairées. EDC est prête à prêter main-forte aux exportateurs canadiens pendant cette période de turbulence.
Sur le globe, peu d’entreprises sont épargnées par ces développements. Il semble établi que la progression du virus se ralentit en Chine et que le pays remobilise ses travailleurs. Pourtant, le nombre de nouveaux cas augmente ailleurs dans le monde. Le fait que bien des pays n’ont pas la capacité de la Chine a contrôlé les mouvements de population et l’activité commerciale constitue un risque de taille. Malgré tout, pour l’heure, EDC prévoit que l’incidence négative du virus sur l’économie se fera surtout sentir au premier semestre de 2020, et que l’économie mondiale reprendra du mieux entre juillet et décembre. Il faudra faire preuve de vigilance sur tous les fronts pour contrer la propagation du virus et traiter les personnes touchées. Il est maintenant clair que cette approche donne des résultats. En attendant, espérons que les chercheurs découvrent rapidement un remède efficace.
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