Si la nécessité est la mère de l’invention, chaque crise est la mère de la transformation. Selon ce principe, la crise de la COVID-19 – l’une des plus graves a frappé l’économie mondiale – devrait donner lieu à une formidable transformation. Si vous pensez que les PDG et les innovateurs mis sur la touche pendant la crise feront une longue pause et prendront du bon temps, détrompez-vous. Pour une foule d’entre eux, la crise est l’occasion de réinventer l’avenir – un avenir où ils seront mieux protégés des chocs futurs imprévus. Qu’est-ce qu’ils ont en tête exactement?

Tout d’abord, beaucoup d’idées. Et l’une d’elles sort du lot : l’automatisation ou la mécanisation des processus. D’où vient l’intérêt accru en ce moment pour cette grande idée? Voici quelques pistes de réflexion :

  1. L’offre de main-d’œuvre était très serrée avant la pandémie. Malgré une forte demande dans l’économie, la capacité de la main-d’œuvre à suivre la cadence devenait extrêmement réduite. La mécanisation aide à atténuer cette tension en « économisant » et en « optimisant » la main-d’œuvre disponible. Et ce genre de problème n'existe pas uniquement au Canada et dans des économies développées; en fait, il y a une poignée de pays où la croissance démographique suit une tendance à long terme. 
  2. Les machines facilitent généralement la distanciation sociale. Cette nécessité est sans doute passagère, mais nous sommes tous conscients du rôle primordial que jouent les systèmes numériques pour maintenir bon nombre d’entreprises en activité au moyen de l’offre à distance de produits et de services. D’ailleurs, plusieurs de ces systèmes resteront en place après la pandémie.
  3. Les machines ont d’habitude un coût similaire, peu importe la région du globe. C’est là une affirmation sans doute un peu exagérée, mais il reste que l’écart des prix pour un équipement donné varie moins que le coût des salaires d’un pays à l’autre. Ce faisant, les machines façonnent de plusieurs façons les règles du jeu, et réduisent l’avantage conféré par une main-d’œuvre bon marché pour la production d’un vaste éventail de biens et de services, notamment en modulant l’équilibre concurrentiel entre les pays. Et comme les entreprises parlent de plus en plus de rapatrier leur production au pays ou dans un territoire à proximité, la mécanisation pourrait permettre au Canada d’attirer plus d’investissements.
  4. Les machines ne sont pas attachées à un lieu particulier. Si les conditions sont bonnes, elles fonctionnent dans des climats polaires ou désertiques, en altitude, dans l’obscurité, dans des endroits éloignés ou étroits et dans des milieux caractérisés par d’autres besoins et préférences qui influent sur le choix de la production actuelle. Le profil des coûts et la disponibilité des infrastructures resteront soumis à des impératifs dictés par le choix de l’emplacement. 
  5. Les machines peuvent fonctionner sans interruption, jour et nuit. Elles nécessitent de l’entretien, mais leur robustesse est beaucoup moins tributaire de limites physiques. 
  6. Les machines n’ont jamais été aussi polyvalentes et performantes. La montée exponentielle des technologies a décuplé les capacités des machines et nous propulse – plus qu’on ne pouvait l’imaginer – dans un monde où se développent l’automatisation et l’intelligence artificielle. La pandémie n’a donc pas manqué de soulever des questions au sujet de la manière de tirer parti des applications-machines existantes ou en développement pour les processus en place. 
  7. Les machines permettent d’accroître la production. L’expansion des économies ayant une faible population, comme le Canada, est souvent limitée par la disponibilité de la main-d’œuvre, aujourd’hui et demain. L’utilisation intensive des machines contribue à atténuer cette contrainte.
  8. Le fait d’opérer un virage vers une production davantage axée sur les machines augmente considérablement la productivité. Or, une faible productivité et une pénurie de main-d’œuvre sont les deux principaux éléments qui empêchent le Canada de réaliser son potentiel. En bonifiant la productivité et la main-d’œuvre, les perspectives économiques deviennent nettement plus favorables. 

Ce changement radical de modèle d’affaires présente-t-il des risques? Absolument. Tout changement comparable à la révolution industrielle comporte des inconvénients. Par exemple, le déplacement de la main-d’œuvre est une très grave préoccupation. De plus, l’inadéquation des compétences dans le nouveau modèle est susceptible de créer un goulot d’étranglement temporaire au niveau de la main-d’œuvre. À cela s’ajoute une anxiété sociale plus vive. La concentration de la richesse est déjà une troublante réalité de notre monde technologique pour laquelle il existe peu de remèdes connus. La concurrence pour des investissements de ce genre sera sans doute intense, et il est regrettable qu’elle survienne pendant une montée du protectionnisme. L’ampleur des investissements requis – et ils seront probablement substantiels – pose la question du rôle des petites et moyennes entreprises et des ressources à leur disposition. Mais le plus grand risque dans tout cela, c’est sans doute l’inévitabilité de ce virage et la possibilité que des entreprises se trouvent dépassées.

Conclusion?

Ces jours-ci, les entreprises contemplent de grandes idées, notamment les avantages de la mécanisation. Si la COVID-19 déclenche une vague d’investissement à forte intensité de capital, les luddites seront nombreux. Pourtant, si l’histoire sert de guide, la technologie sort habituellement gagnante. Et comme dans toute partie, il est important d’analyser l’environnement et son évolution, et de prendre le temps d’élaborer une stratégie – à la fois offensive et défensive. 

 

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