Dans le climat d’incertitude actuel, il y a une certitude : nous assistons à la fin d’une décennie de mesures monétaires extraordinaires. Malgré la pause annoncée en janvier, la Banque du Canada a relevé ses taux de 425 points de base depuis l’an dernier, et porté son taux directeur à 4,5 %. Ces mesures n’auront pas d’autres effets que ceux escomptés : penser le contraire serait insensé. Voilà pourquoi les hausses de taux devraient entraîner un repli graduel de l’économie intérieure du Canada.

Dans ce contexte, le commerce international agira, plus que jamais, comme un catalyseur de la croissance et de la création d’emploi au Canada. Le seul problème, c’est que ces dernières décennies, nous observons une diminution de la part des échanges dans le produit intérieur brut (PIB) du Canada et du nombre d’emplois soutenus par les exportations. Depuis le début du millénaire, l’apport des exportations au PIB est passé de 38 à 30 % en 2021.

La raison de cette chute est simple : le Canada perd des parts de marché, même si les exportateurs n’ont jamais été aussi mondialisés et continuent de récolter les avantages de s’approvisionner à l’extérieur du pays et de diversifier leurs chaînes d’approvisionnement. Pendant l’année 2000, la contribution du Canada aux exportations mondiales de marchandises avoisinait 4 %. À l’époque, notre pays jouait dans « la cour des grands » même s’il générait un peu plus de 2 % du PIB mondial. En 2021, cette part a pratiquement été divisée par deux, et ramenée à seulement 2,3 %.


Le Canada a perdu des parts à mesure que d’autres marchés ont émergé. Néanmoins, notre déclin est plus marqué que celui d’autres marchés développés. Pour une petite économie ouverte comme le Canada tributaire du commerce international, cette performance décevante a de réelles conséquences sur le potentiel de croissance du pays.

Une partie du problème réside dans le fait que la plupart de nos exportations sont destinées à une poignée de partenaires commerciaux traditionnels. À vrai dire, nos exportations vers les économies avancées totalisent près de 90 % de l’ensemble de nos ventes à l’étranger. Ces marchés représentent un peu plus de 50 % de l’économie mondiale, mais à peine 14 % de la population du globe. Dans une optique de placements, on pourrait dire que cette concentration est un peu trop élevée.

Cette concentration est problématique étant donné que ces pays enregistrent une croissance plus lente, se trouvent aux étapes ultérieures de leur développement et abritent des populations généralement plus âgées et décroissantes. Cette réalité se répercute sur la vitesse à laquelle cette population consomme, et la cadence à laquelle elle importe les produits du reste du monde. En fait, au cours de la dernière décennie, la croissance des exportations du Canada vers les économies avancées a été assez modeste. Et comme le potentiel de croissance à long terme dans ces marchés tend à tourner autour de 2 %, il y a fort à parier que la situation ne changera pas beaucoup.

Si nous voulons créer des débouchés commerciaux et davantage de richesse pour l’économie canadienne – au moment où l’économie intérieure fait face à un resserrement des conditions de crédit –, nous avons beaucoup à faire. Il y a cependant une bonne nouvelle : sur les marchés en développement, le potentiel de croissance à long terme progresse dans l’ensemble au rythme de 5 à 6 % et dans certains cas à une cadence supérieure, ce qui pourrait transformer notre économie.

Conclusion?

Dans sa plus récente édition des Perspectives économiques mondiales, les Services économiques d’EDC prévoient un repli de la croissance de l’économie intérieure du Canada. Voilà une raison de plus pour miser sur le commerce international comme moteur du dynamisme économique. Toutefois, la morosité des perspectives de croissance mondiales et la réduction de nos parts de marché nous obligeront à penser différemment.

Et notamment à nous implanter sur des marchés en développement en rapide croissance. Vous voulez en savoir plus à ce sujet? Je vous invite à regarder mon Propos du 2 mars en direct de Singapour. À cette occasion, je vous parlerai des débouchés qui dessinent dans les économies émergentes d’Asie et ce qu’ils représentent pour les exportateurs et les entreprises prêtes à exporter du Canada.

Nos plus sincères remerciements à Joël Dido, agent des placements à la Société financière internationale (SFI), pour sa contribution au Propos de cette semaine.

Les Services économiques d’EDC vous invitent à leur faire part de vos commentaires. Si vous avez des idées de sujets à nous proposer, n’hésitez pas à nous les communiquer à l’adresse economics@edc.ca et nous ferons de notre mieux pour les traiter dans une édition future du Propos.

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