2017 a été une superbe année pour le commerce international. La croissance était indéniablement au rendez-vous. Le problème était plutôt de nature politique. Lors des élections tenues en Europe occidentale, le commerce international était franchement dans la ligne de mire, à tel point qu’on s’est demandé si l’heure de la mondialisation avait sonné. Par chance, ces élections se sont bien terminées. Pourtant, l’an dernier, ce ne fut pas le cas aux États-Unis. Résultat : cette année, l’ALENA est considérablement en péril. Les exportateurs canadiens ont toutes les raisons de craindre pour l’avenir. Alors, comment se porte la confiance des entreprises?

Tout bien considéré, elle tient bon. Dans notre enquête de l’automne 2017 réalisé entre le 2 et le 25 octobre, l’indice de confiance commerciale d’EDC a été légèrement en repli, ce qui s’inscrit dans une tendance à la baisse amorcée il y a trois ans. L’indice s’est établi à 73,5 – une diminution à peine perceptible 0,4 point – qui est un brin inférieure à la moyenne de la série. Par rapport à ce qui aurait pu se produire, ce résultat est rassurant. Lorsqu’on fait le parallèle avec la performance réelle des exportations, on se rend compte que le résultat aurait facilement pu être meilleur. Ces deux facteurs semblent s’annuler mutuellement, ce qui expliquerait ce mouvement ordinaire.

Que révèle exactement le sondage? Les participants se sont clairement dits moins optimistes en répondant aux questions sur le marché intérieur, l’un des cinq éléments de l’indice. C’est dans l’opinion prépondérante liée aux perspectives à court terme pour les ventes sur le marché national que nous constatons la fluctuation la plus marquée, soit une chute de neuf points de pourcentage, pour se fixer à 34 %. Par ailleurs, la confiance des répondants à propos de l’évolution à court terme du contexte économique sur le marché national a aussi fléchi, mais pas autant cette fois : l’opinion prépondérante était uniforme dans notre sondage printemps, mais elle a depuis perdu deux points de pourcentage.

Quant aux questions portant sur l’activité à l’extérieur du pays, les ventes à l’exportation ont de nouveau obtenu les résultats les plus positifs liés à l’opinion prépondérante, mais entre les deux sondages le résultat a été ramené de 54 % à 50 %. Les résultats sont en hausse pour le reste des questions de nature commerciale. Les répondants affichent toujours un certain pessimisme à l’égard de la conjoncture économique mondiale, mais de façon moins marquée que lors du dernier sondage. De fait, le résultat relatif à l’opinion prépondérante s’est amélioré : il est passé de -9 % à seulement -1 %. Dans l’ensemble, la confiance envers les activités commerciales a progressé d’une manière beaucoup plus sensible que les paramètres de l’économie intérieure. Ce constat cadre avec la faiblesse fondamentale de l’activité économique intérieure du Canada (comme en témoignent le fort taux d’endettement des consommateurs et les bulles immobilières), dans un contexte caractérisé par un regain de la demande mondiale et ses effets sur le commerce extérieur.

Un examen approfondi des résultats révèle que la majorité des répondants croient toujours que les ventes à l’exportation augmenteront au cours des six prochains mois. De ce nombre, 13 % attribuent cette augmentation à de nouvelles affaires, 12 % à une demande grandissante et 11 % à leur essor sur de nouveaux marchés, ce qui dynamisera leurs activités. Cet optimisme est conforté par le récent sursaut de la demande mondiale.

Par ailleurs, les répondants se disent moins optimistes à l’égard de la conjoncture mondiale, même si ce pessimisme est moins prononcé que lors du sondage du printemps. Des 20 % des répondants gagnés par la morosité, plus d’un tiers redoutent une récession mondiale et l’instabilité. Par ailleurs, les répercussions de la dernière élection américaine perturbent toujours 30 % des exportateurs sondés, et l’incertitude entourant les accords de libre-échange a été citée par 17 % des répondants comme un facteur négatif – ce taux était de seulement 3 % lors de notre sondage du printemps.

En revanche, les répondants sont moins pessimistes au sujet des débouchés internationaux. La proportion de répondants qui tablent sur une amélioration à ce chapitre a légèrement augmenté pour s’établir à 35 % du groupe témoin. De ce nombre, 16 % attribuent leur optimisme aux accords de libre-échange, ce qui est plutôt singulier en pleine renégociation de L’ALENA. Ce que nous pouvons en conclure, c’est qu’ils font référence à l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne, et la conclusion possible de nouveaux accords de libre-échange avec d’autres pays et régions, même si les résultats du sondage ne donnent aucune précision à ce sujet. La demande semble de nouveau alimenter cet enthousiasme : 10 % des répondants font mention de la croissance à l’international, et 9 % citent la stabilité l’économie mondiale et des marchés en général.

Voilà des résultats pour le moins contrastés! En effet, les résultats du sondage vont manifestement dans des directions différentes. Ils sont le direct reflet des conditions conflictuelles que nous observons dans l’économie mondiale: alors même que nous semblons émerger de l’abysse où nous sommes tombés après la récession, de graves dangers menacent l’architecture même de l’économie mondiale. Les résultats du sondage montrent que les entreprises envisagent à tout le moins de revoir leurs projets d’investissement. S’il y a un bon côté à tout cela, c’est que le terme diversification refait à nouveau surface dans les conversations sur le commerce – ce qui s’expliquerait en partie par la tourmente qui sévit dans la sphère des politiques, mais sans doute plus certainement par l’amélioration des conditions du marché.

Conclusion?

La confiance commerciale est au beau fixe, tirée par des forces opposées. Nous pouvons seulement imaginer de quoi elle aurait l’air sans l’incertitude engendrée par l’ALENA

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