Depuis toujours, la distance est sans doute l’élément qui influe le plus sur le lien entre l’Australie et le Canada. Aujourd’hui, cette distance virtuelle a pratiquement été abolie grâce aux progrès réalisés dans les sphères des communications et du numérique, ce qui a considérablement réduit les barrières de fuseau horaire. Pourtant, on pourrait dire la même chose de toute interaction entre des marchés étrangers : être présent en Australie ou y expédier vos produits n’est pas une mince affaire, et ce, même si vous le faites de la côte Ouest. Alors, au vu de la conjoncture économique, un resserrement du lien Canada–Australie est-il souhaitable?

Au sommet de la liste des éléments favorables, on trouve les similitudes culturelles. Notre passé colonial et nos relations continues avec le Commonwealth britannique nous ont permis de forger une relation durable. Nous entretenons des liens étroits en matière de sécurité. Nos deux pays sont signataires du PTPGP. De plus, nos économies ont beaucoup en commun sur les plans de la taille de la population, de la concentration géographique de la composition des secteurs et de l’approche en matière de politiques. L’ampleur de notre dépendance commerciale met nos deux pays dans une classe particulière, celle des petites économies ouvertes. 

Trop semblables, nos deux économies?

Le dossier est clos? Pas exactement. Traditionnellement, la science économique accorde plus de valeur aux relations entre des économies différentes. Après tout, dans une relation commerciale, chaque économie recherche quelque chose que l’autre n’a pas. Et même si ces deux économies produisent un bien ou un service, l’une aura un avantage comparatif qui sera différent de l’autre. Moins les économies se ressemblent, plus il est facile de cerner leurs différences.

Des différences notables

Par chance, le Canada et l’Australie ne sont pas des copies conformes. Qu’est-ce qui les démarque? Tout d’abord, le Canada partage la plus longue frontière non surveillée du monde avec la première économie de la planète, tandis que l’Australie est une île à bonne distance d’un grand marché. Ensuite, le Canada est plus proche des marchés de l’OCDE, l’escale la plus proche de l’Australie se trouve dans le monde émergent. Troisième élément : la composition sectorielle est semblable, mais l’industrie canadienne des hydrocarbures éclipse celle de l’Australie. Dans le secteur de la fabrication, le Canada abrite une filière automobile dynamique, une industrie qui a fermé boutique en Australie depuis des années. Un autre élément est le climat : le cours des saisons est inversé, et au cœur de l’hiver le mercure chute rarement sous les 10 degrés. Les ressemblances l’emportent néanmoins sur les différences – alors, où se trouve les occasions les plus mutuellement avantageuses de raffermir les liens entre nos deux pays?

De manière générale, les pays plus petits ont plus de difficulté à se tailler une place dans l’économie mondiale. En effet, dans une économie qui se mondialise toujours plus, l’échelle est un facteur déterminant de la compétitivité si bien que, d’habitude, les économies plus grandes tirent mieux leur épingle du jeu. D’ailleurs, elles sont la terre d’accueil des géants du secteur de l’électronique, des sociétés comme Wal-Mart, Amazon et Alibaba, des colosses de la filière aéronautique, pour ne citer que celles-là. On redoute d’ailleurs que ce mouvement important de concentration du marché se poursuive. Le marché intérieur du Canada et de l’Australie – où la population atteint respectivement 37 millions et 25 millions d’habitants – n’a guère la taille voulue pour l’incubation de tels géants. 

Nos pays abritent des entreprises au rayonnement mondial

Pourtant, nos deux pays ont le statut de géant dans la sphère des ressources. Nos deux économies abritent des sociétés minières mondialisées. Dans le domaine alimentaire, le Canada et l’Australie comptent parmi les principaux exportateurs nets de la planète. Même si des sociétés de nos deux pays se livrent concurrence, des accords de libre-échange entre des économies aux structures semblables – notamment le Canada et le Chili – ont montré que les interactions entre les mêmes secteurs de pays différents peuvent générer des retombées. À la limite, elles pourraient mener à la signature d’accords de grande ampleur.  

Voilà qui termine la liste des avantages, n’est-ce pas? Pas forcément. Ensemble, nos économies auraient une population totale de 60 millions et passeraient dans une catégorie supérieure rivalisant avec le Royaume-Uni, la France ou l’Italie. En théorie, une collaboration accrue pourrait permettre d’en tirer parti afin de faire face plus efficacement à la concurrence provenant de marchés plus imposants. 

Ce n’est pas tout. Chacun de nos pays cultive des relations régionales pouvant bénéficier à l’autre. Et cela semble être déjà le cas. L’Australie est la première destination des investissements du Canada en Asie. Dans le même temps, l’Australie a une forte présence au Canada, qu’elle pourrait accroître et mettre à profit en tirant parti des avantages offerts par l’espace nord-américain. Le Canada se tournant de plus en plus vers l’Asie, la relation entre notre pays et l’Australie devrait devenir plus importante.

Conclusion?

Compte tenu de la solidité de la croissance mondiale et la nécessité pour l’économie de se diversifier, le resserrement des relations commerciales entre l’Australie et le Canada pourrait générer des gains considérables. Ce lien est déjà bien établi et pourrait être consolidé. Voilà pourquoi, il y a un an, EDC a ouvert une représentation à Sydney et qu’elle demeure fermement engagée sur ce marché. 

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