Les exportateurs canadiens ont fort faire en raison de la vigueur de la croissance mondiale et de la conclusion de nouveaux accords commerciaux par le Canada – mais aussi, et de façon moins positive, en raison de l’incertitude que fait planer le protectionnisme. Voilà une semaine que j’ai entamé Parlons exportations, une tournée pancanadienne qui me donne l’occasion de faire part de mes réflexions sur l’économie mondiale et d’aller à la rencontre des exportateurs. Voici un aperçu des principaux messages sur les diverses régions du Canada que je vais livrer lors de mon voyage qui m'amènera d'un bout à l'autre du pays.

Terre-Neuve affichera la plus robuste croissance à l’export

Terre-Neuve-et-Labrador sera la seule province à dégager une croissance à l’export dans les deux chiffres en 2018. La montée des cours des produits de base contribuera à cet essor, mais cette belle performance s’expliquera surtout par une année entière de production à la plateforme pétrolière extracôtière Hebron et par une hausse de la production à l’usine de traitement du nickel de Long Harbour de Vale. Ces évolutions positives continueront de stimuler la croissance des exportations de la province en 2019. Nous tablons donc sur une croissance de 11 % des exportations de la province cette année, qui se ralentira à 7 % 2019.

Le Québec occupe le deuxième rang du classement provincial. Les exportations de la belle province présentent une forte diversification sectorielle. L’envolée de la production des avions de la CSeries de Bombardier, l’expansion de projets miniers de premier plan et le renforcement des capacités d’exportation d’électricité contribueront à porter la croissance des exportations québécoises à 8 % en 2018.

En Alberta, l’écho des investissements effectués avant la glissade des cours pétroliers mondiaux soutiendra l’augmentation des exportations en 2018, tout comme l’entrée en service du projet de sables bitumineux de Fort Hills et la raffinerie de Sturgeon. En 2019, la croissance des exportations sera bonifiée par le dynamisme du secteur énergétique et le démarrage des activités aux installations de transformation de la pomme de terre de 360 millions de dollars de Cavendish Farms à Lethbridge.

Cette année et l’an prochain, le raffermissement de la croissance mondiale maintiendra une forte activité dans les ports de la Colombie-Britannique. De plus, une monnaie stable et la bonne tenue des cours forestiers annuleront l’effet négatif des droits compensateurs imposés par les États-Unis, ce qui renforcera l’élan des exportations à court terme. Les exportations minières bénéficieront d’une production accrue aux mines de cuivre Highland Valley et mont Milligan. 

La Nouvelle-Écosse est bien placée pour tirer parti de la diversification du commerce. Le renforcement de la croissance mondiale, dans le contexte de la conclusion de l’Accord économique et commercial global (l’AECG), a multiplié les débouchés pour le port d’Halifax. Fait digne de mention, les produits de la mer de la province se vendent bien sur les marchés asiatiques. Enfin, l’augmentation de la production minière, notamment l’ouverture de la mine d’or Touquoy, imprimera une croissance de 6 % aux exportations de la province cette année.

En 2018, les exportations de l’Île-du-Prince-Édouard enregistreront une croissance de 4 %. En effet, l’accord commercial signé avec l’Union européenne devrait favoriser une plus grande diversification pour les produits dans les secteurs de l’agriculture et de l’aquaculture. Les gains des exportations atteindront 5 % en 2019 sous l’effet de la poussée des exportations alimentaires et aéronautiques.

Le Nouveau-Brunswick est pour sa part particulièrement exposé à un marché américain florissant. Cependant, l’essor des exportations de la province sera limité, car la hausse des cours des produits du bois sera largement effacée par l’incidence des droits de douane américains sur le bois d’œuvre résineux et la pâte mécanique. La province espère néanmoins tirer avantage de l’AECG et de la fermeté de la demande asiatique.

Secteur de l’auto : le plafonnement des ventes américaines ralentira les exportations ontariennes

Le net dynamisme du secteur de l’automobile nord-américain maintiendra les exportations de l’Ontario à un niveau élevé, mais la croissance sera modeste, l’activité ayant plafonné sur le marché américain. Les exportations de machineries et d’équipements devraient accélérer la cadence grâce à la vigueur de la demande américaine. Toutefois, l’investissement dans les nouvelles capacités d’exportation sera annulé par l’incertitude entourant la renégociation de l’ALENA.

Quant à la Saskatchewan, la plus diversifiée des provinces canadiennes à l’international, la performance générale de ses exportations sera assombrie par la faiblesse des cours des matières premières et par la congestion des réseaux de transport.

De même, le Manitoba pâtira du repli des cours des matières premières alors qu’une diminution de la production minière viendra encore plus peser sur les exportations. Cette situation surviendra malgré des perspectives plus éclatantes pour les exportations de produits manufacturés, à la faveur d’un regain de la croissance des économies américaine et mondiale.

Conclusion?

De puissantes forces opposées orienteront les prévisions tantôt à la hausse et tantôt à la baisse cette année et l’an prochain. Dans l’ensemble, la montée en puissance de l’économie mondiale, les hausses modérées des cours des produits de base, un vent de protectionnisme soufflant des États-Unis et l’augmentation du nombre d’accords commerciaux conclus par le Canada produiront une croissance à l’exportation plus modérée dans les provinces canadiennes en 2018 et 2019.